Les études se sont souvent penchées sur l’impact des variables macroéconomiques sur les élections ; elles ont par exemple suggéré qu’une forte croissance tend à conforter le gouvernement en place. Par contre, il y a moins d’études sur le sens de causalité inverse, c’est-à-dire sur l’impact des résultats des élections sur les agrégats macroéconomiques.
Alan Blinder et Mark Watson (2014) sont revenus sur un résultat bien connu, mais peu documenté : durant l’après-guerre, l’économie américaine a connu une plus forte croissance économique lorsque le Président est démocrate plutôt que républicain, en l’occurrence une croissance supérieure de 1,8 point de pourcentage en moyenne, alors même que le taux de croissance moyen s’est élevé à 3,3 % sur la période. Elle génère également davantage d’emplois, réduit davantage le taux de chômage, accroît les profits des entreprises et leurs dépenses d’investissement et se traduit par de meilleurs rendements sur les marchés boursiers.
GRAPHIQUE Taux de croissance annuel moyen lors des différents mandats présidentiels (en %)
source : Blinder et Watson (2014)
Blinder et Watson ont également observé l’impact de la nature partisane du gouvernement sur les performances macroéconomiques des autres pays avancés d’après-guerre. Si le taux de croissance moyen a également été plus élevé lorsqu’un parti de gauche était au pouvoir dans le cas du Canada, c’est au contraire lorsqu’un parti de droite était au pouvoir dans le cas du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Les auteurs ont également observé l’effet des mandats présidentiels sur la croissance Française depuis 1949. Sur les 253 trimestres qui se sont déroulés depuis, le taux de croissance du PIB s’élevait en moyenne à 3,19 % lors des 96 trimestres au cours desquels le gouvernement était de gauche, tandis qu’il s’élevait en moyenne de 3,42 % au cours des 157 trimestres où le gouvernement était de droite.
Blinder et Watson se sont alors demandés pourquoi la croissance a été plus élevée aux Etats-Unis lorsque les démocrates étaient au pouvoir. Du point de vue des dépenses, l’écart de croissance vient de l’investissement des entreprises et les dépenses en biens durables ; il apparaît en l’occurrence principalement lors de la première année du mandat présidentiel. La plus forte croissance n’est pas attribuable à de meilleures conditions initiales, ni à des taux de croissance différents, ni même à un regain de confiance suite à l’élection d’un Président démocrate. L’écart de croissance ne semble pas non plus s’expliquer par des choix de politique macroéconomique : ce n’est pas parce que la politique monétaire ou la politique budgétaire sont plus accommodantes sous les démocrates que la croissance a été plus forte. En fait, l’analyse économétrique réalisée par Blinder et Watson suggère plutôt que l’explication est à chercher du côté de la chance : lorsque les démocrates sont au pouvoir, les chocs pétroliers sont plus bénins, la performance de la productivité totale des facteurs plus forte, l’environnement international plus favorable et les anticipations des consommateurs plus optimistes concernant l’avenir à court terme.
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