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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 22:36

Le modèle de croissance actuel de la Chine lui a permis de connaître une croissante à deux chiffres au cours des deux dernières décennies et de sortir un demi milliard de personnes de la pauvreté. Elle fait à présent partie des pays à revenu intermédiaire et son niveau de vie converge vers celui des pays avancés. Toutefois, ces dernières années ont été marquées par un ralentissement de la croissance chinoise (cf. graphique ci-dessous). Une partie de ces « mauvaises » performances s’explique par la faible activité dans les pays avancés pendant et après la Grande Récession, ces derniers représantant une part importante de la demande extérieure en Chine.

GRAPHIQUE  Les contributions à la croissance chinoise (en points de pourcentage)

FMI-IMF-china-chine-growth-croissance.png

source : Nabar et N’Diaye (2013)

Le ralentissement de la croissance chinoise dénote également sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’investissement et du crédit. L’investissement représentait 41 % du PIB entre 2002 et 2007 (période au cours de laquelle la croissance s’élevait en moyenne à 11,2 %), tandis qu’il représentait 47 % du PIB entre 2008 et 2012 (période au cours de laquelle le taux de croissance moyen était de 9,7 %) ; malgré l’accélération de l’accumulation du capital, le rendement du capital a chuté. Parallèlement, le crédit a aussi connu un fort essor, puisqu’il représentait moins de 130 % du PIB au dernier trimestre de l’année 2008 et quasiment 200 % début 2013. La combinaison d’un ralentissement de la croissance économique avec une hausse de l’investissement et une expansion rapide du crédit suggère que l’économie chinoise souffre des rendements décroissants. Autrement dit, le ralentissement de la croissance chinoise pourrait facilement s’expliquer à travers un modèle à la Solow.

Par conséquent, son modèle de croissance extensive ne peut plus assurer une progression rapide du niveau de vie de ses habitants, ni lui permettre de continuer d’absorber la main-d’œuvre excédentaire des campagnes ; à l’avenir, il ne pourrait qu’accentuer les déséquilibres domestiques. Certains en l’occurrence estiment que le surinvestissement représente dès à présent jusqu’à 10 % du PIB. La Chine a fortement accru ses capacités de production, alors même que la demande tendait à déprimer. Si la demande extérieure ne retourne pas à son niveau d’avant-crise, les prix des biens manufacturés pourraient  diminuer et le retour sur investissement se révéler encore plus décevant qu’attendu. Cela pourrait entraîner une chute des profits, une hausse des faillites et une profonde déstabilisation du système financier, ce qui affecterait non seulement l’économie intérieure, mais également le reste du monde. Au final, la Chine risque non seulement de voir son rattrapage sur les pays avancés être retardé, mais elle est notamment susceptible de basculer dans une trappe à revenu intermédiaire. Selon les estimations de Malhar Nabar et Papa N’Diaye (2013), si la Chine poursuit sa stratégie actuelle de croissance basée sur l’accumulation du capital, la croissance ne dépassera pas 4 % et le PIB par tête par habitant ne pourra au mieux atteindre que le quart de celui des Etats-Unis en 2030.

Conscientes des limites de leur modèle de croissance, les autorités chinoises cherchent à réorienter l’emploi et la production vers services, à accroître la part de la consommation dans le PIB et surtout à stimuler la productivité globale des facteurs (PGF) en promouvant la recherche-développement ; de cette manière, l’économie deviendrait moins dépendante de l’accumulation du capital et du reste du monde. Beaucoup estiment qu’un certain nombre de réformes doivent nécessairement être mises en place pour que la Chine puisse garder un rythme de croissance soutenu et continuer de converger vers le niveau de vie des pays à haut revenu. En l’occurrence, si la Chine parvient à mettre en œuvre les réformes adéquates, Nabar et N’Diaye estiment que son niveau de vie pourrait atteindre 40 % de celui des Etats-Unis en 2030. 

 

Référence

NABAR, Malhar, & Papa N’DIAYE (2013), « Enhancing China’s medium-term growth prospects: The path to a high-income economy », IMF working paper, n° 13/204, octobre.

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 22:06

L’économie mondiale est peut-être à la veille d’une nouvelle vague d’instabilité financière. Avec la Grande Récession, les taux directeurs au plus proche de leur niveau zéro dans les pays avancés et l’aggravation de la crise de la dette souveraine en zone euro, les investisseurs financiers avaient recherché des opportunités de placement plus lucratives dans le reste du monde. De nombreuses économies émergentes avaient alors bénéficié d’importantes entrées de capitaux. Puisque les marchés anticipent à présent un imminent resserrement de la politique monétaire américaine, le monde émergent pourrait connaître une crise de leur balance de paiements avec le tarissement des entrées de capitaux. Les multiples indicateurs suggérant que les pays émergents connaissent actuellement un ralentissement de leur croissance tendent à confirmer ce scénario.

En fait, les analystes craignent les événements se reproduisent de la même manière d’il y a deux décennies. En effet, peu de temps après un relèvement des taux directeurs aux Etats-Unis, le Mexique connut à partir du 20 décembre 1994 ce qui reçut par la suite le nom d’« arrêt brusque » (sudden stop). Ce dernier se caractérise par une inversion brutale des entrées de capitaux étrangers, associée à une amélioration brutale du compte courant. L’économie qui perd alors son accès au financement étranger connaît un effondrement des prix d’actifs, une chute de son taux de change et une profonde contraction de son activité dont l’ampleur est en général équivalente à celle de la Grande Dépression. En outre, ce phénomène survient souvent par vagues. La crise mexicaine a par exemple entraîné un arrêt brusque en Argentine en 1995 (une contagion baptisé « effet  tequila »), tandis que la crise asiatique de 1997 a notamment touché la Corée, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande.

Ces vagues de crises ont renouvelé l’intérêt des économistes pour l’étude de l’instabilité financière à la fin des années quatre-vingt-dix, mais ces études se sont particulièrement focalisées sur les économies en développement, leurs auteurs estimant que les pays avancés disposaient d’un système financier suffisamment développé et de politiques économiques suffisamment saines pour être épargnées par ces épisodes. Or, c’est bien un arrêt brutal dans les flux de capitaux que plusieurs pays européens (en l’occurrence l’Espagne, la Grèce, l’Irlande l’Italie et le Portugal) ont connu lors de la Grande Récession de 2008-2009.

Olivier Accominotti et Barry Eichengreen (2013) notent en l’occurrence de nombreuses similarités entre cet épisode et une série de turbulences que l’Europe centrale a connue à la veille de la Grande Dépression. Entre 1924 et 1928, tout comme entre 2001 et 2008, de nombreux pays européens ont reçu de larges flux de capitaux en provenance du reste de l’Europe et du reste du monde ; dans les deux cas, les pays destinataires ont connu un arrêt soudain (respectivement en 1929 et en 2009) après avoir creusé d’importants déficits de leur balance courante. Si l’Allemagne, de l’Autriche et de la Hongrie ont engrangé de moindres déficits courants que la Grèce, l'Irlande, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, ils ont toutefois subi une plus forte contraction de leur compte de capital suite à l’arrêt brusque. Certes, les pays « périphériques » de la zone euro ont connu une plus forte contraction des entrées de capitaux privés entre 2008 et 2011, mais l’essor des capitaux publics a réduit la sévérité de l’ajustement du compte courant. Accominotti et Eichengreen en concluent que l’Eurosystème semble avoir ainsi fourni une assurance collective contre les arrêts brutaux des entrées de capitaux, alors que les pays d’Europe centrale entre 1929 et 1931 (tout comme les pays émergents lors des années quatre-vingt-dix) ne pouvaient avant tout compter que sur leurs réserves internationales pour faire face à ces turbulences.

Anton Korinek et Enrique Mendoza (2013) tirent plusieurs faits stylisés des divers arrêts soudains qui se sont produits dans les économies avancées et émergentes entre 1978 et 2012. Typiquement, les arrêts soudains se caractérisent par une inversion brutale des mouvements de capitaux qui prend la forme d’une soudaine amélioration de la balance des transactions courantes ou de la balance commerciale. Ils sont précédés par des périodes d’expansion caractérisées par une croissance du PIB, de la consommation et de l’investissement supérieure à leur tendance, ainsi que par une détérioration de la balance commerciale, une appréciation du taux de change et une envolée des prix d’actifs. Suite à l’arrêt soudain, les principaux agrégats macroéconomiques (en l’occurrence le PIB, la consommation et l’investissement) se détériorent. L’économie connaît ainsi une profonde récession, suivie par une faible reprise. Par exemple, deux ans après l’arrêt soudain, les marchés boursiers n’ont récupéré que deux cinquièmes de leurs pertes. Korinek et Mendoza constatent que les pays avancés et les pays émergents ne font pas la même expérience de l’arrêt soudain. Les premiers connaissent en l’occurrence une reprise plus lente que les seconds. Les pays émergents sont également caractérisés par une forte appréciation réelle avant que survienne l’arrêt soudain, suivie par un véritable effondrement du taux de change, alors que les économies avancées ne présentent pas une telle dynamique.

Selon Korinek et Mendoza (2013), le mécanisme d’amplification financière qui est à l’œuvre lors d’un arrêt brusque est similaire au processus de déflation par la dette (debt-deflation) suggéré par Irving Fisher (1933). Supposons une économie qui emprunte à l'étranger et qui est soumise à une contrainte de garantie. Au cours des périodes d'expansion, les résidents accroissent leur levier d’endettement, si bien que le compte courant tend à être contracyclique. Lorsque le levier atteint un niveau suffisamment élevé, la contrainte de garantie oblige les agents à réduire leurs dépenses. Cette chute de la demande globale s’accompagne d’un effondrement des taux de change réels, des prix relatifs et des prix d’actifs. Comme les actifs sont utilisés comme collatéraux, la baisse de leurs prix resserre la contrainte pesant sur les agents et les incite à réduire à nouveau leurs dépenses. L’économie est ainsi prise dans un cercle vicieux où la baisse de la capacité d’emprunt, la baisse des dépenses, la baisse des prix d’actifs s’entretiennent mutuellement. Ce mécanisme est d’autant plus pervers que les résidents se sont endettés dans une autre monnaie que la leur (par exemple, le dollar pour les pays émergents… ou l’euro pour les pays de la zone euro).

Accominotti et Eichengreen ont observé les mouvements de capitaux dans les années vingt et trente pour mettre en évidence leurs déterminants. Il apparaît que les caractéristiques propres aux pays, et notamment leur capacité d’emprunt, n’expliquent pas l’afflux de capitaux et l’arrêt soudain en Europe centrale. En revanche, les conditions prévalant sur les marchés des capitaux internationaux (exogènes aux conditions prévalant au sein des pays emprunteurs) sont des déterminants clés dans les mouvements de capitaux. Accominotti et Eichengreen constatent en effet une corrélation fortement négative entre, d’une part, le volume de capitaux émis dans un centre financier donné et, d’autre part, le niveau des taux d’intérêt à long terme et la volatilité des marchés. Mêmes si elles ne portent pas sur les mêmes époques, les conclusions d’Eichengreen rejoignent celles de plusieurs récentes études (notamment celle d’Hélène Rey) qui suggèrent que la perception des risques a joué un rôle majeur dans les flux de capitaux au cours des trois dernières décennies. 

 

Références

ACCOMINOTTI, Olivier, & Barry EICHENGREEN (2013), « The mother of all sudden stops: Capital flows and reversals in Europe, 1919-1932 », in VoxEU.org, 14 septembre.

CAVALLO, Eduardo, & Andrew POWELL (2013), « A new taxonomy of sudden stops: Which sudden stops should countries be most concerned about? », in VoxEU.org, 30 août.

KORINEK, Anton, & Enrique G. MENDOZA (2013), « From sudden stops to Fisherian deflation: Quantitative theory and policy implications », NBER working paper, n° 19362, août.

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 20:12

La littérature économique mainstream développe deux explications concurrentes des cycles économiques. Selon la théorie des cycles d’affaires réels, les fluctuations de l’activité trouvent leur origine dans les chocs d’offre. Ceux-ci incluent notamment les changements météorologiques, les désastres naturels, les chocs et contre-chocs pétroliers, les guerres, l’instabilité politique, les décisions gouvernementales en matière de régulation (la mise en place de quotas à l’importation par exemple) et les chocs technologiques. Ces derniers, auxquels les nouveaux classiques donnent une place particulièrement importante dans leurs modélisations, comprennent les changements dans la qualité des facteurs de production, la modification de l’organisation du travail, le développement de nouveaux produits et procédés de fabrication, etc. [Snowdon et Vane, 2005]. Ces divers chocs sont susceptibles de profondément affecter l’activité en entraînant de fortes variations de la productivité.

La théorie des cycles d’affaires réels a été initialement formulée dans l’article de Finn Kydland et Edward Prescott (1982). Jusqu’à sa parution, les nouveaux classiques (notamment Robert Lucas) acceptaient l’idée que les cycles d’affaires soient générés par des chocs monétaires ; Kydland et Prescott affirment que les fluctuations conjoncturelles ne sont engendrées que par les seuls chocs réels. Les deux auteurs radicalisent la vision néoclassique d’un système intrinsèquement harmonieux en considérant que l’économie est constamment à l’équilibre, c’est-à-dire en tout point du cycle, même au cœur d’une récession. Les agents ont beau ne pas désirer les récessions, celles-ci résultent toutefois de l’agrégation de leurs réactions individuelles aux modifications des contraintes auxquelles ils font face, par exemple les contraintes technologiques. Même si l’économie est plongée dans une récession, celle-ci demeure une situation optimale, car les agents agissent en maximisant leur bien-être. Pour stimuler l’activité et réduire le chômage, les nouveaux classiques préconisent l’adoption de politiques d’offre. En effet, les politiques de relance sont non seulement inefficaces, mais surtout elles nuisent à l’activité en contrariant les calculs d’optimisation des agents privés. Dans ce cadre, la fiscalité apparaît par exemple comme particulièrement perturbatrice en réduisant l’offre de travail, la consommation, la production, l’investissement et les incitations à innover. La politique monétaire est, quant à elle, sans effets sur l’activité, car les décisions individuelles dépendent des variables réelles et non des variables monétaires. 

A la différence des nouveaux classiques, les nouveaux keynésiens donnent un rôle essentiel au crédit et surtout à la demande pour expliquer les cycles d’affaires. Ils mettent en avant les problèmes de défaut de coordination : notamment en raison des asymétries d’information, chaque agent prend des décisions sans forcément tenir compte de leurs répercussions sur l’activité des autres agents et, par là même, sur leur propre activité. Si la demande globale décline, il est rationnel pour les entreprises de réduire leur production et de licencier du personnel pour maintenir leurs profits, mais chaque firme fait alors face à une nouvelle chute de la demande et des profits. L’économie peut donc se retrouver dans un équilibre sous-optimal caractérisé par une demande insuffisante et un chômage élevé. L’intervention des pouvoirs publics est alors nécessaire, de manière à ramener l’économie au plein emploi, notamment en stimulant la demande globale via les politiques conjoncturelles. Si les nouveaux keynésiens ont particulièrement mis l’accent sur la rigidité des prix et salaires dans leurs travaux, celle-ci n’apparaît toutefois pas cruciale pour expliquer les fluctuations de l’activité : même si les prix et salaires étaient pleinement flexibles, la production serait instable et la flexibilité tendrait même à accentuer cette instabilité

Ces deux conceptions ne sont pas contradictoires en soi. Les nouveaux keynésiens admettent l’idée que l’économie est régulièrement sujette à des chocs d’offre, mais, selon eux, ces derniers ne suffisent pas pour expliquer l’ampleur des fluctuations de l’activité. En l’occurrence, ce sont les chocs de demande qui jouent un rôle primordial dans le cycle conjoncturel. Le débat sur l’importance relative des chocs d’offre et de demande est essentiel, car leur nature conditionne l’utilité et l’efficacité des politiques conjoncturelles [1] [2]. Il s’est cristallisé à plusieurs reprises autour du comportement de l’inflation. En effet, selon les nouveaux classiques, un choc d’offre positif, en relevant la production, conduit à une baisse des prix afin de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande ; autrement dit, si l’économie est avant tout sujette aux chocs d’offre, le niveau de production et le taux d’inflation devraient évoluer dans le sens inverse l’un de l’autre. Si ce sont au contraire les chocs de demande qui sont principalement à l’origine du cycle d’affaires comme le soutiennent les nouveaux keynésiens, les prix devraient évoluer de façon procyclique ; autrement dit, l’inflation et la production devraient évoluer dans le même sens.

Ainsi, démontrer la présence ou l’absence de coévolution entre l’inflation et la production apparaît pour certains comme une manière de révéler la nature des chocs et ainsi de trancher le débat entre les deux écoles de pensée. C’est ce qu’ont justement cherché à faire Michal Andrle, Jan Bruha et Serhat Solmaz (2013). En observant la zone euro entre 1995 et le premier trimestre de l’année 2013, les auteurs font apparaître une coévolution entre l’inflation et la production à la fréquence des cycles d’affaires. Ils notent que l’inflation réagit avec un retard d’un trimestre aux variations de la production. En outre, les dynamiques de l’inflation sont également en phase avec les mouvements du chômage. Au final, la forte relation entre la production et l’inflation amène les auteurs à conclure que les cycles d’affaires en zone euro sont principalement conduits par les chocs de demande. Ils rejettent ainsi la thèse des cycles d’affaires réels.

 

[1] On peut douter de la pertinence du concept de chocs. Par exemple, les travaux réalisés dans le sillage des écrits d’Irving Fisher et d’Hyman Minsky montrent que le cycle du crédit est endogène puisque les marchés financiers et immobiliers connaissent naturellement et régulièrement un boom et un effondrement des prix. Quant aux chocs technologiques dont parle l’école des cycles d’affaires réels, ils ne sont pas non plus pleinement exogènes : par exemple, l’innovation dépend des dépenses de recherche-développement que réalisent les firmes (une idée que développera notamment Robert Lucas dans l’un des premiers modèles de la croissance endogène).

[2] Même si l’on accepte le concept de chocs, on peut douter qu’il soit pertinent de distinguer strictement les chocs d’offre des chocs de demande. Comme plusieurs nouveaux keynésiens (notamment Stiglitz) le suggèrent, si l’économie connait un choc de demande (par exemple, si les entreprises vendent beaucoup moins qu’elles ne l’avaient anticipé), celui-ci se mue alors en choc d’offre (les entreprises réduisant leur production). Cela rejoint d’ailleurs l’idée keynésienne que l’on ne peut analyser les marchés isolément, mais bien au contraire directement au niveau macro, en raison des interdépendances qui existent entre ces marchés et plus largement entre les agents économiques : on ne peut étudier séparément l’offre et la demande globales. En outre, des phénomènes d’hystérèse sont également à l’œuvre durant une récession : lorsque l’activité reste durablement atone, les chômeurs perdent leurs compétences, voient leur santé se dégrader, deviennent moins productifs, voire quittent la population active, tandis que les entreprises réduisent leurs dépenses investissements ; autrement dit, les capacités de production (ce que la littérature moderne désigne comme étant la production potentielle) s’en trouvent affectées. Dans tous les cas, même si la distinction entre chocs d’offre et de demande n’est pas nette, cela n’empêche pas pour autant les nouveaux keynésiens de conclure à la nécessité pour les autorités publiques de fortement stimuler l’activité lors des récessions pour ramener rapidement l’économie au plein emploi, de manière à ne pas laisser le chômage conjoncturel devenir structurel et la croissance potentielle se dégrader. 

 

Références

Michal ANDRLE, Jan BRUHA & Serhat SOLMAZ (2013), « Inflation and output comovement in the euro area: Love at second sight? », IMF working paper, n° 13/192, septembre. 

KYDLAND, Finn E., & Edward C. PRESCOTT (1982), « Time to build and aggregate fluctuations », in Econometrica, vol. 50, n° 6, novembre. 

SNOWDON, Brian, & Howard R. VANE (2005), Modern Macroeconomics. Its Origins, Development and Current State, éditions Edward Elgar.

SUMMERS, Lawrence H. (1986), « Some skeptical observations on real business cycle theory », in Federal Reserve Bank of Minneapolis Quarterly Review, automne.

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