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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 20:58

China

Yao Yang, chercheur à l’Université de Pékin, identifie dans une contribution au Project Syndicate les diverses menaces qui pèseront ces prochaines décennies sur la croissance chinoise. Il rappelle ainsi tout d’abord que les exportations vers le continent européen ont expliqué environ un neuvième de celle-ci lors de la dernière décennie. La multiplication des plans d’austérité et le ralentissement (en partie subséquent) de l’activité en Europe affecteront ainsi les exportations chinoises. Mais plus important, le resserrement monétaire opéré par les autorités chinoises, notamment afin de contrôler la surchauffe sur le marché domestique du logement, ont des conséquences immédiates sur l’économie. La déflation des prix immobiliers observée depuis peu sur l’ensemble du territoire tend à confirmer l’hypothèse d’un ralentissement généralisé de l’activité.

Plus structurellement, la Chine souffre d’insuffisantes réformes des entreprises publiques et, plus largement, de la forte implication de l’Etat dans l’économie. Ce dernier draine une forte partie du crédit bancaire pour financer les infrastructures et participe amplement au surinvestissement domestique, une situation rappelant la situation nippone au cours des années quatre-vingt. Si les politiques publiques et le versement de subventions par l’Etat ont su maintenir de hauts taux de croissance, ils sont également sources de perturbations pour l’activité économique et en particulier pour la consommation domestique. Cette dernière est passée de 67 % du PIB au milieu des années quatre-vingt-dix à 50 % ces dernières années, un déclin qui pèsera lui-même à moyen terme sur la dynamique de la croissance.

Enfin, les inégalités de revenu se sont accrues entre les différentes catégories sociales et entre les zones géographiques, une évolution préjudiciable à l’hypothétique recentrage du modèle de croissance chinois sur la demande domestique. Les disparités entre les villes et les campagnes s’observent également dans l’accès à l’éducation. La qualité de l’enseignement en zones rurales se dégrade et les dépenses éducatives pèsent sensiblement plus dans le budget des ménages ruraux que dans celui des ménages citadins, ce qui complique l’entrée des enfants d’origine rurale sur le marché du travail. 80 % des 140 millions de travailleurs migrants sont restés scolarisés moins de neuf années.

Afin que la dynamique de la croissance ne soit pas compromise, Yao Yang espère un approfondissement radical des réformes aux niveaux des gouvernements national et locaux, un renforcement des droits politiques, notamment leur diffusion aux migrants.

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 18:51

Un article récemment publié dans l’American Economic Journal et cosigné par dix-sept économistes (Günter Coenen et alii) questionne l’opportunité de l’instrument budgétaire pour soutenir l’activité. Ses conclusions balaient nombre de jugements hâtivement émis par certains... D’après les auteurs, l’environnement macroéconomique actuel, marqué par une récession persistante et un assouplissement prolongé de la politique monétaire, se révèle particulièrement favorable aux politiques budgétaires de relance ; ces dernières, si elles étaient effectivement mises en place, stimuleraient puissamment l’activité économique.
  
Selon les différents modèles utilisés dans l’article, l’ensemble des mesures de relance, qu’elles prennent la forme de réductions fiscales ou d’accroissements de la dépense publique, entraîne à court terme une élévation du niveau d’activité. L’ampleur de cette élévation est croissante avec le degré d’assouplissement de la politique monétaire. Parmi l’ensemble des mesures testées, les dépenses publiques et les transferts de revenu vers les ménages les plus contraints financièrement apparaissent comme les plus efficaces, en particulier si les agents anticipent une poursuite de la détente monétaire. 

Dans l’hypothèse d’un assouplissement monétaire poursuivi sur deux années, l’impulsion budgétaire se révèle particulièrement puissante environ trois ans ; au-delà, l’ampleur de la stimulation se réduit, les agents anticipant une plus forte inflation malgré le relèvement des taux directeurs. Plus l’impulsion budgétaire est prolongée dans le temps, moins les effets multiplicateurs observés à court terme se révèlent importants, mais ils demeurent toutefois positifs. En outre, cette atténuation de l’effet multiplicateur est davantage marquée dans l’économie étasunienne que dans la zone euro. Les auteurs notent toutefois le risque d’une contraction du PIB que pourraient entraîner à long terme un perpétuel accroissement des dépenses publiques et l’augmentation subséquente de la dette publique. Ils privilégient au final le recours aux transferts de revenu pour neutraliser les pressions récessives et ramener l’économie vers le plein emploi. 

Comme le suggère Jérôme Creel, (dont les travaux aboutissent aux mêmes conclusions que celles de Coenen et alii) cet article offre une nouvelle matière de réflexion pour les choix de politique économique de sortie de crise. N’est-il pas optimal d’adopter aujourd’hui au niveau européen une politique budgétaire expansionniste ? Les mesures d’austérité adoptées collectivement et simultanément au sein de la zone euro ne fragilisent pas seulement son activité économique, mais compliquent également la résorption des déséquilibres budgétaires qu’elles prétendent rechercher. Les économies européennes présentant une forte interdépendance, les effets récessifs ne pourront que s’agréger les uns aux autres et retarder tant la reprise de l’activité que la consolidation budgétaire des administrations publiques. Les effets stimulateurs d’une politique budgétaire expansionniste seraient au contraire maximaux au sein de la zone.

Martin Anota

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