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26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 15:19

Après avoir connu une période de stabilité (autour de 110 dollars), le cours du pétrole a récemment connu l’une des plus fortes chutes de son histoire. Après avoir été stable pendant plus de trois ans (en fluctuant autour de 110 dollars), le prix du baril de pétrole brut Brent a chuté de 49 dollars, soit de 44 %, entre juin et décembre 2014. Sa chute s’est poursuivie au mois de janvier, avant qu’il ne se stabilise à 50 dollars et ne remonte légèrement pour atteindre aujourd’hui aux alentours de 60 dollars.

GRAPHIQUE  Cours du baril du pétrole brut Brent (en dollars)

Pourquoi les cours du pétrole ont-ils récemment chuté ?

La chute du cours du pétrole a mis sous pression les producteurs de pétrole à travers le monde en réduisant leur rentabilité et elle a notamment mis en question la soutenabilité de formes alternatives de production [Baumeister et Kilian, 2015]. Elle a dégradé les finances publiques de pays tels que l’Iran, la Russie et le Venezuela qui dépendent fortement des recettes tirées des exportations de pétrole, si bien qu’elle a ravivé les inquiétudes quant à la stabilité budgétaire, macroéconomique et politique de plusieurs de ces pays. Elle a peut-être stimulé l’activité économique des importateurs nets de pétrole : au sein de ces derniers, les entreprises devraient voir leur rentabilité s’améliorer grâce à la baisse de leur coûts de production, tandis que les consommateurs devraient gagner en pouvoir d’achat, ce qui pourrait les inciter à consommer davantage. Rabah Arezki et Olivier Blanchard (2015) estiment ainsi que la baisse des cours du pétrole permettra au PIB mondial de 2015 d’être de 0,3 à 0,7 % plus élevé qu’il ne l’aurait été autrement. Mais la baisse des cours du pétrole exerce une pression à la baisse sur l’inflation, alors même que celle-ci est déjà excessivement faible dans les pays avancés. Elle a pu ainsi contribuer à faire récemment basculer la zone euro dans la déflation.

Il y a déjà eu de fortes baisses du cours du pétrole par le passé. En 1986, l’Arabie saoudite avait décidé de ne plus jouer le rôle de producteur d’appoint qu’elle s’était vue contrainte d’endosser au sein de l’OPEP, si bien qu’elle augmenta fortement sa production. Le prix du baril était alors passé de 27 à 14 dollars, un niveau auquel il se maintint peu ou prou pendant une quinzaine d’années, avant d’amorcer une hausse soutenue. Il connut une nouvelle chute à la fin de l’année 2008, lorsque l’économie mondiale bascula dans la Grande Récession. Au cours des deux épisodes, le cours du pétrole n’a pas baissé par les mêmes raisons : en 1986, il y eut une hausse soutenue de l’offre ; en 2008, elle y eut un effondrement de la demande.

Les analystes se sont demandés pourquoi les cours ont récemment baissé. Les prix du pétrole chutèrent de 44 % entre juin et décembre 2014, tandis que les prix des autres matières premières ne diminuèrent en moyenne que de 5-15 % sur la même période, ce qui suggère que la baisse des cours du pétrole s’explique avant tout par des facteurs propres au marché du pétrole, donc du côté de l’offre. Or la production mondiale de pétrole a en effet régulièrement augmenté ces dernières années. Par exemple, la fracturation hydraulique a permis aux producteurs américains d’ajouter 4 millions de barils de pétrole à la production monde [Davies, 2015]. Certains observateurs comme Arezki et Blanchard considèrent ainsi que le relèvement de l’offre de pétrole aux Etats-Unis et dans d’autres pays (comme l’Irak et la Lybie) sont à l’origine de la chute du cours du pétrole depuis juin 2014. L’OPEP aurait accéléré la chute des cours en annonçant le 27 novembre 2014 le maintien de sa production au même niveau malgré la hausse régulière de la production des pays producteurs qui ne sont pas membres de l’OPEP. En laissant la chute des cours se poursuivre, l’Arabie saoudite et d’autres membres de l’OPEP semblent vouloir évincer les producteurs américains du marché.

La spéculation financière peut contribuer à amplifier l’évolution des cours. Arezki et Blanchard doutent toutefois qu’elle ait joué un rôle significatif dans la chute des prix observée à partir de juin 2014. Ils rappellent que les stocks de pétrole atteignaient leur niveau le plus élevé de ces deux dernières années, ce qui suggère que leurs agents ont anticipé une hausse et non une baisse des cours. Samya Beidas-Strom et Andrea Pescatori (2014a, b) se sont demandé quelle est la contribution de la spéculation financière à la volatilité des cours du pétrole. Lorsque la spéculation est courte en termes de durée, la faiblesse de la demande expliquerait près de la moitié des variations des cours du pétrole au cours des onze premiers mois de l’année 2014, suivie par l’offre, tandis que la spéculation financière ne contribuerait que modestement à la volatilité. Par contre, lorsque la spéculation a des répercussions à court et à long terme, la spéculation devient la principale contributrice à la volatilité.

Christiane Baumeister et Lutz Kilian (2015) suggèrent que plus de la moitié du déclin du prix du pétrole entre juin et décembre 2014 était prévisible en juin 2014. La chute des cours reflète avant tout les effets cumulés des précédents chocs d’offre et de demande plutôt que de plus récents chocs. Leur modélisation souffre de larges erreurs de prévision pour les mois de juillet et de décembre 2014. Aucune de ces deux erreurs de prévision ne semble s’expliquer par l’occurrence d’un large choc positif touchant l’offre de pétrole. L’erreur de prévision de juillet apparaît cohérente avec un choc négatif touchant la demande pour motif de stockage qui reflétait un plus grand optimisme concernant la production de pétrolier ou bien un plus grand pessimisme en ce qui concerne l’économie mondiale ou bien une combinaison des deux. Le choc de décembre 2014 ne trouve pas son origine dans l’annonce de l’OPEP du 27 novembre 2014. Les données suggèrent plutôt qu’il y eut en décembre un puissant choc négatif touchant la demande de pétrole ; celui-ci est associé au ralentissement non anticipé de la croissance mondiale.

Le modèle de Baumeister et Kilian prévoyait en décembre 2014 que le prix du pétrole poursuivrait sa chute en atteignant environ 60 dollars en janvier avant d’augmenter à nouveau pour atteindre environ 70 dollars en juin 2015. Lutz Kilian (2015) en conclut alors que toute baisse additionnelle du prix du pétrole en 2015 ne pourrait s’expliquer que par des chocs supplémentaires, qui n’étaient pas discernables en décembre 2014. Par exemple, le fait que le prix du baril de Brent fut inférieur à 50 dollars en janvier suggère que le marché du pétrole a connu ce mois-ci un autre choc. Si l’activité économique ne se détériore pas davantage, certaines raisons amènent Kilian à penser que la baisse du cours du pétrole ne se poursuivra pas. D’une part, toute baisse des prix supplémentaire rendrait la production de pétrole non rentable pour certains producteurs. D’autre part, l’activité de forage semble ralentir, ce qui devrait entraîner une chute de la production.

 

Références

AREZKI, Rabah, & Olivier BLANCHARD (2014), « Seven questions about the recent oil price slump », in iMFdirect (blog), 22 décembre 2014. Traduction française, « Sept questions sur la chute récente des cours du pétrole ».

BAUMEISTER, Christiane, & Lutz KILIAN (2015), « Understanding the decline in the price of oil since june 2014 », CEPR, discussion paper, n° 10404, janvier.

BEIDAS-STROM, Samya, & Andrea PESCATORI (2014), « Oil price volatility and the role of speculation », FMI, working paper, n° 14/218.

DAVIES, Gavyn (2015), « Is the oil crash over? », in Financial Times, 16 février.

KILIAN, Lutz (2015), « Why did the price of oil fall after June 2014? », in VoxEU.org, 25 février, 2015.

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 19:53

La littérature néoclassique conclut que le progrès technique joue un rôle important, non seulement dans la poursuite de la croissance à long terme en accroissant la productivité des facteurs, mais aussi en la rendant plus soutenable d’un point de vue environnemental, puisqu’il facilite la substitution du capital naturel par le capital physique et génère des substituts « propres » aux produits polluants.

Pourtant les innovations ne sont pas nécessairement propres. Les données empiriques suggèrent que le processus d’innovation peut se réorienter aux dépens des technologies sales et au profit des technologies sales en réponse aux variations des prix et aux décisions des autorités publiques. Par exemple, Richard Newell, Adam Jaffe et Robert Stavins (1999) montrent que suite aux hausses des prix du pétrole, l’innovation dans le secteur des climatiseurs se réoriente vers la production d’unités plus économes en énergie. En observant les entreprises américaines, David Popp (2002) constate que la hausse des prix de l’énergie sont associées à un accroissement significatif des innovations économes en énergie. John Hassler, Per Krusell et Conny Olovsson (2011) constatent une stimulation du progrès technique économe en énergie en réponse aux chocs pétroliers des années soixante-dix. Philippe Aghion, Antoin Dechezlepretre, David Hemous, Ralf Martin et John Van Reenen (2012) démontrent que les taxes carbone influencent fortement l’orientation du progrès technique dans le secteur automobile. En rappelant que l’innovation est un processus dépendant du sentier (path-dependent process), ils confirment également que l’innovation propre a une nature autoentretenue, dans le sens où elle se nourrit de ses succès passés. Daron Acemoglu, Philippe Aghion, Leonardo Bursztyn et David Hemous (2012) ont conclu de ces divers constats empiriques qu’une combinaison de subventions à la recherche et de taxes carbone est susceptible de réorienter le progrès technique au profit des technologies plus propres et ainsi de contribuer à rendre plus soutenable la croissance économique [1].

Daron Acemoglu, Ufuk Akcigit, Douglas Hanley et William Kerr (2014) ont développé un modèle de croissance endogène où les technologies propres et sales sont en concurrence dans la production et dans l’innovation, dans le sens où les ressources de la recherche peuvent être allouées pour développer soit  des technologies sales, soit des technologies propres. Si les technologies sales sont initialement plus avancées que les innovations propres, la transition vers l’innovation propre s’en trouve compliquée. En effet, la recherche propre doit alors réaliser plusieurs avancées pour rattraper les technologies sales et cet écart décourage l’effort de recherche orienté vers les technologies propres. Les taxes carbone et les subventions à la recherche peuvent néanmoins encourager la production et l’innovation dans les technologies propres, bien que cette phase de transition risque d’être lente. Moins ces politiques environnementales sont mises en œuvre rapidement, plus la phase de transition sera longue, plus leurs coûts seront importants.

On pourrait s’attendre à ce que les taxes carbone jouent le rôle le plus déterminant dans l’allocation optimale, puisqu’elles désincitent les agents à émettre des gaz à effet de serre et poussent la recherche-développement à se réorienter vers la création de substituts plus propres. Pourtant, la modélisation d’Acemoglu et alii (2014) suggère que les subventions à la recherche doivent être initialement fortes, puis diminuer au cours du temps, alors que les taxes carbone optimales sont au contraire initialement faibles, avant de s’accroître au cours du temps. Les subventions de recherche sont efficaces pour réorienter le progrès technique. Par conséquent, il n’est pas opportun de perturber excessivement la production en introduisant au départ de fortes taxes carbone. Les subventions à la recherche ne sont pas seulement utilisées pour corriger un échec de marché (ou internaliser une externalité négative) dans la recherche ; quand les émissions de carbone génèrent des externalités négatives, réorienter le processus d’innovation en faveur des technologies propres permet de réduire efficacement les émissions de carbone futures. 

 

[1] Certains pourraient ici en tirer une toute autre conclusion en pointant l’existence d’un « effet rebond » : si les biens de consommation et de production deviennent plus économes en énergie, c’est-à-dire si le coût de leur usage diminue, les entreprises et les ménages pourraient être incités à les utiliser davantage, ce qui annulerait les gains en termes de pollution…

 

Références

ACEMOGLU, Daron, Philippe AGHION, Leonardo BURSZTYN & David HEMOUS (2012), « The environment and the directed technical change », in The American Economic Review, vol. 102, n°1. 

ACEMOGLU, Daron, Ufuk AKCIGIT, Douglas Hanley & William KERR (2014), « Transition to clean technology », NBER, working paper, n° 20743.

AGHION, Philippe, Antoin DECHEZLEPRETRE, David HEMOUS, Ralf MARTIN & John VAN REENEN (2012), « Carbon taxes, path dependency and directed technical change: Evidence from the auto industry », in NBER, working paper, n°18596.

HASSLER, John, Per KRUSELL & Conny OLOVSSON (2011), « Energy-saving technical change », NBER, working paper, n° 18456.

NEWELL, Richard, Adam JAFFE & Robert STAVINS (1999), « The induced innovation hypothesis and energy-saving technological change », in Quarterly Journal of Economics, vol. 114.

POPP, David (2002), « Induced innovation and energy prices », in American Economic Review, vol. 92.

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 21:39

Le taux de pauvreté dans le monde a fortement diminué, puisqu’il était de 42 % il y a deux décennies et devrait s’établir à 15 % en 2015, mais 1 milliard de personnes vivent toujours dans la pauvreté. Beaucoup d’individus dans le monde ont un revenu supérieur au seuil de pauvreté, mais ils restent vulnérables à d’éventuels chocs susceptibles de les faire basculer dans la pauvreté. Le changement climatique et les politiques climatiques sont susceptibles d’affecter la pauvreté que ce soit directement (en provoquant des désastres naturels) ou indirectement. En l’occurrence, le rôle déterminant de la croissance économique dans la réduction de la pauvreté [Dollar et alii, 2013] ; donc le changement climatique est susceptible de ralentir cette dernière en freinant la première, ne serait-ce qu'en accroissant l'intensité et la fréquences des événements extrêmes comme les cyclones.

Dans une contribution pour la Banque mondiale, Stephane Hallegatte, Mook Bangalore, Laura Bonzanigo, Marianne Fay, Ulf Narloch, Julie Rozenberg et Adrien Vogt-Schilb (2014) se sont alors demandé comment le changement climatique et les politiques climatiques sont susceptibles d’affecter le bien-être courant des pauvres. Les conditions de vie spécifiques des pauvres peuvent en effet davantage les exposer aux désastres naturels, à un moindre accès aux biens et services environnementaux et à une hausse des prix de l’énergie. Anirudh Krishna (2007) a par exemple observé qu’au cours d’une période de 25 ans, 14 % des ménages de l’Etat indien de l’Andhra Pradesh sont sortis de la pauvreté, alors que 12 % des ménages y tombaient, si bien qu’au final la pauvreté a été réduite de 2 % sur l’ensemble de la période. Le flux net de sortie de pauvreté est bien plus faible que les flux bruts d’entrées et de sorties. Par conséquent, un quelconque changement des flux bruts est susceptible de fortement influencer le flux net de sorties. Dans le cas des communautés de l’Andhra Pradesh, une hausse inférieure de 10 % du nombre de pauvres tombant dans la pauvreté chaque année (ce qui serait le cas si les flux d’entrées passaient de 12 à 13 % par an) et une réduction inférieure à 10 % du nombre de ménages échappant à la pauvreté (ce qui serait le cas si le flux de sorties passait de 14 % à 13 % par an) réduiraient de moitié le rythme de réduction de la pauvreté. 

Les auteurs se sont ensuite demandé si le changement climatique et les politiques climatiques rendent plus probable que des personnes vulnérables basculent à l’avenir dans la pauvreté. Ils constatent que, parmi les 12 % des ménages de l’Andhra Pradesh qui ont basculé dans la pauvreté, 44 % d’entre eux citent « la sécheresse, les pannes d’irrigation et les maladies des cultures » comme l’une des raisons pour leurs pertes de revenus. Ou encore, parmi les familles bangladaises tombées dans la pauvreté qu’observe Binayak Sen (2003), 15 % citent les désastres naturels et 18 % la part d’actifs naturels comme principales raisons de leur basculement dans la pauvreté. Plus généralement, les ménages les plus pauvres sont les plus exposés aux impacts climatiques et les moins équipés pour s’en prévenir ou pour s’en remettre. Les désastres naturels accroissent la pauvreté d’une communauté donnée lorsqu’ils touchent celle-ci, avec un impact significatif et durable.

Les auteurs se sont enfin demandé si le changement climatique et les politiques climatiques exacerbaient les trappes à pauvreté, c’est-à-dire s'ils compliquent la sortie des pauvres de la pauvreté. L’épuisement des ressources naturelles et les politiques climatiques d’atténuation peuvent accroître les prix de l’énergie et de l’alimentation, compliquant alors l’accès des pauvres à l’énergie et à l’alimentation. Puisque ces dépenses constituent déjà une part essentielle de leur revenu, leurs autres postes de dépenses s’en trouveraient davantage pressurisés. L’accroissement des risques environnementaux (par exemple des déluges) aggrave les pertes d’actifs, ce qui complique davantage l’accumulation du capital. Il accroît également l’incertitude, ce qui désincite les individus à investir, que ce soit dans le capital physique ou dans le capital humain. En effet, les désastres naturels réduisent l’investissement dans l’éducation, la nutrition et la santé des enfants, or un tel sous-investissement a des répercussions particulièrement pernicieuses et quasi irréversibles sur ces derniers. Par conséquent, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des désastres naturels dans le sillage du changement climatique est susceptible d’accroître la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.

Le changement climatique représente vraisemblablement un puissant obstacle à la réduction de la pauvreté. Non seulement le réchauffement climatique est susceptible de compliquer la sortie de la pauvreté, mais il pourrait également amener davantage de gens dans la pauvreté. Si le changement climatique est davantage susceptible de créer des trappes à pauvreté, il constitue un argument supplémentaire pour éradiquer la pauvreté extrême le plus rapidement possible.

 

Références

DOLLAR, David, Tatjana KLEINEBERG & Aart KRAAY (2013), « Growth still is good for the poor », Banque mondiale, policy research working paper, N° 6568.

HALLEGATTE, Stephane, Mook BANGALORE, Laura BONZANIGO, Marianne FAY, Ulf NARLOCH, Julie ROZENBERG & Adrien VOGT-SCHILB (2014), « Climate change and poverty. An analytical framework », Banque mondiale, policy research working paper, n° 7126.

KRISHNA, Anirudh (2006), « Pathways out of and into poverty in 36 villages of Andhra Pradesh, India », in World Development, vol. 34, n° 2.

SEN, Binayak (2003), « Drivers of escape and descent: Changing household fortunes in rural Bangladesh », in World Development, vol. 31, n° 3.

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