Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 12:36

Beaucoup considèrent la recherche-développement et l’innovation comme les principaux moteurs de la croissance de la productivité et par là du niveau de vie à long terme, en particulier pour les pays avancés. Par conséquent, certains ont suggéré que les mauvaises performances en termes de croissance que les pays européens ont accusées vis-à-vis des Etats-Unis ces dernières décennies s’expliquaient (notamment) par la faiblesse des dépenses en recherche-développement des premiers relativement à celles des seconds. Une telle situation a amené les autorités européennes à chercher à porter les dépenses privées et totales de R&D respectivement à 2 et à 3 % du PIB d’ici 2020, mais ces objectifs sont encore loin d’être atteints, notamment en France.

La théorie économique suggère que les entreprises tendent à sous-investir en R&D par rapport à ce qui est socialement optimal. En effet, les bénéfices de l’innovation sont peut-être élevés pour l’économie dans son ensemble, mais les coûts de l’innovation que supporte l’entreprise sont élevés, alors que les bénéfices qu’elle en retire sont incertains. D’une part, ce n’est pas parce que les entreprises cherchent à innover qu’elles vont effectivement parvenir à innover. D’autre part, une entreprise innovatrice se retrouve dans une situation de monopole temporaire, ne serait-ce car ses rivales sont susceptibles d’imiter son produit (en le commercialisant sans avoir eu à en supporter les dépenses de R&D) ou bien d’innover elles-mêmes et d’offrir ainsi des produits encore plus performants que l’innovation initiale. Dans tous les cas, les entreprises ne sont pas certaines de générer suffisamment de profits pour compenser les dépenses qu’elles ont à réaliser pour innover, ce qui les désincite finalement à se lancer dans l’innovation.

Une telle défaillance de marché justifie alors l’intervention des autorités publiques. Celles-ci agissent soit directement en accroissant par elles-mêmes les dépenses de R&D (c’est-à-dire en augmentant les dépenses publiques en R&D), soit indirectement en accroissant le rendement privé de l’innovation pour inciter les entreprises privées à innover (par exemple en accordant des subventions ou des crédits d’impôts, en modifiant le système de brevets, etc.). Les mesures financières visent précisément à réduire les coûts de recherche-développement. Elles sont généralement préférées aux dépenses publiques de R&D, car les administrations publiques sont souvent jugées moins à même d’identifier les opportunités d’innovation que le secteur privé. Les crédits d’impôt sont quant à eux considérés comme plus efficaces que les subventions, parce qu’ils peuvent être ouverts à tous et que le gouvernement n’a alors pas à sélectionner quelles entreprises et secteurs en seront les bénéficiaires. Ce sont notamment pour ces diverses raisons que le crédit d’impôt est l’un des instruments les plus utilisés en Europe et plus largement dans l’OCDE pour stimuler l’innovation. 

De nombreuses études ont déjà cherché à analyser l’impact des politiques publiques visant à stimuler la R&D et notamment les crédits d’impôts. Par exemple, Nick Bloom, Rachel Griffith et John Van Reenen (2002) ont examiné l’impact des incitations fiscales sur le niveau d’investissement en R&D. Ils ont estimé un modèle économétrique en observant les évolutions fiscales et la réaction des dépenses de R&D dans neuf pays de l’OCDE au cours d’une période de 19 ans, en l’occurrence la période s’étalant entre 1979 et 1997. Ils ont constaté que les incitations fiscales sont efficaces pour accroître l’intensité en R&D. En effet, ils estiment qu’une chute de 10 % du coût de R&D entraîne une hausse à peine supérieure à 1 % des dépenses de R&D à court terme et une hausse de quasiment 10 % de celles-ci à long terme.

Les études qui ont cherché à déterminer l’impact des réductions d’impôts sur l’innovation en France se sont cristallisées autour du Crédit Impôt Recherche (CIR). Ce dernier a été créé en 1983 et il était initialement entièrement incrémental, c’est-à-dire accordé en fonction de la seule croissance des dépenses de R&D. Il constituait initialement une mesure limitée, comparée aux autres mesures pour soutenir la R&D comme les subventions directes, mais il a par la suite été significativement réformé à plusieurs reprises, ce qui lui a donné un rôle de plus en plus important. A partir de 2004, une partie du crédit d’impôt est désormais en proportion du volume de R&D. Une seconde grande réforme est mise en œuvre en 2008 : dorénavant, le crédit d’impôt est purement en volume. Le nombre d’entreprises déclarantes et le coût du système se sont alors fortement accrus. Le CIR est ainsi devenu le principal levier à travers lequel les autorités publiques soutiennent la R&D privée. En 2011, le système bénéficia à 17.000 entreprises et son coût s’élevait à 3,07 milliards d’euros en termes de dépenses fiscales. 

Emmanuel Duguet (2012) a cherché à évaluer le CIR au cours de la période s’étalant entre 1993 et 2003, à une période où était entièrement incrémental, c’est-à-dire basé sur la seule croissance des dépenses de R&D. Ses résultats montrent que le crédit impôt recherche en France a un impact positif sur les dépenses de R&D privées : un euro additionnel accroît les dépenses de R&D d’un peu plus d’un euro. 

Plus récemment Antoine Bozio, Delphine Irac and Loriane Py (2014) ont cherché à évaluer empiriquement l’impact que le mécanisme français de crédit impôt recherche peut avoir ex post sur la R&D et l’innovation des entreprises, mais ils se sont focalisés sur la réforme du système de crédit impôt recherche qui a été mise en œuvre en 2008. Ils utilisent les données de l'enquête R&D, des données de brevets, la base de gestion du CIR, et des données sur les caractéristiques des entreprises. Leur échantillon final inclut 48.111 entreprises, desquelles 51,3 % ont bénéficié du crédit impôt recherche. En l’occurrence, ils comparent la R&D et l’innovation mises en œuvre par les entreprises qui ont bénéficié du crédit impôt avec celles mises en œuvre par les entreprises qui n’en ont pas bénéficié. 

D’après les résultats obtenus par Bozio et ses coauteurs, les entreprises qui bénéficièrent du crédit impôt recherche ont significativement accru leurs dépenses de R&D après la réforme de 2008 par rapport aux entreprises qui n’en ont pas bénéficié. L’élasticité estimée diffère lorsque les auteurs se focalisent sur la marge intensive (c’est-à-dire lorsque l’échantillon est limité aux entreprises qui demandèrent déjà un crédit impôt recherche avant la réforme) ou sur la marge extensive (c’est-à-dire sur les entreprises qui entrèrent dans le schéma de crédit d’impôt au cours de la période 2004-2010). Toutefois, les données ne suggèrent pas clairement un impact significatif sur l’innovation, si celui-ci est mesuré par le nombre de brevets au niveau des entreprises. 

 

Références

BLOOM, Nick, Rachel GRIFFITH & John Van REENEN (2002), « Do R&D tax credits work? Evidence from a panel of countries 1979-1997 », in Journal of Public Economics, vol. 85, n° 1.

BOZIO, Antoine, Delphine IRAC & Loriane PY (2014), « Impact of research tax credit on R&D and innovation: evidence from the 2008 French reform », décembre.

DUGUET, Emmanuel (2012), « The effect of the incremental R&D tax credit on the private funding of R&D an econometric evaluation on french firm level data », in Revue d'économie politique, vol. 122, n° 3.

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 21:43

La littérature économique tend à considérer que le progrès technique améliore le bien-être collectif en accroissant les possibilités de production. Il y a pourtant des « gagnants » et des « perdants » au cours du processus. En effet, les innovations tendent à réduire la demande en main-d’œuvre peu qualifiée, tout en accroissant éventuellement la demande en main-d’œuvre qualifiée. Comme les salaires des travailleurs peu qualifiés sont poussés à la baisse, tandis que les salaires des travailleurs qualifiés sont poussés à la hausse, les inégalités de revenu sont alors susceptibles de se creuser. Puisque le progrès technique est biaisé en défaveur des travailleurs peu qualifiés, ces derniers sont surexposés au chômage. C’est précisément pour cette raison que beaucoup ont cherché au cours de l'Histoire à résister à la diffusion des nouvelles technologies, notamment les fameux luddites dans le secteur anglais du textile au début du dix-neuvième siècle. 

Pour Joseph Stiglitz (2014), l’innovation requiert une restructuration, mais les marchés échouent souvent à l’opérer. Et l'Histoire le démontre à nouveau. Dans les années vingt, les gains de productivité furent si importants dans le secteur agricole que les revenus des agriculteurs chutèrent. L’excédent en main-d’œuvre agricole ne put toutefois se déverser facilement dans d’autres secteurs. Il existe en effet des coûts associés à la mobilité du travail, notamment en termes de formation. Avec la baisse des salaires et des prix d'actifs ruraux, beaucoup d’agriculteurs n’avaient pas les moyens de s’installer en ville ou d’acquérir de nouvelles compétences. Ils réduisirent leurs dépenses, ce qui contribua peut-être à aggraver la Grande Dépression. Aujourd’hui, il se pourrait que les gains de productivité dans le secteur manufacturier aient généré une pression à la baisse sur les salaires et entraîné une hausse du chômage en son sein, contribuant par là au récent ralentissement de l’activité économique.

Dès lors qu’il existe des imperfections de marché, notamment une imperfection dans l’information, il existe un décalage entre les rendements privés et les rendements sociaux ; or, comme l’ont montré Bruce Greenwald et Joseph Stiglitz (1986), les marchés sont précisément imparfaits. Chaque entreprise ne prend en compte les externalités qu’elle génère en prenant des décisions relativement à l’innovation. Chacune considère les salaires et le chômage comme donnés, mais au niveau agrégé les décisions prises par l'ensemble des entreprises vont affecter ces variables. Or, pour Stiglitz, le processus d’innovation pousse les inégalités et le chômage au-delà de leurs niveaux socialement optimaux. 

Dans les modèles néoclassiques les plus rustres qui considèrent les marchés comme parfaits, les offres de facteurs de production déterminent directement la répartition du revenu, mais celle-ci n’affecte aucunement le taux de croissance à long terme. C’est le cas du modèle de Robert Solow (1956), qui suppose également que l’économie est au plein emploi. Le chômage ne peut en effet apparaître dans ce type de modélisation que s’il existe des rigidités empêchant les salaires d’atteindre leur niveau d’équilibre. Ces rigidités s’expliquent soit par l’intervention excessive de l’Etat (par exemple à travers l’instauration d’un salaire minimum), soit par l'insuffisance de son intervention (il devrait par exemple mettre un terme aux syndicats).

Pour Stiglitz, la répartition des revenus joue un rôle important, ne serait-ce que parce qu’elle détermine la dynamique de l’innovation. Les rigidités des salaires sont une conséquence des défaillances de marché et non de l’action publique. Etant donnée la nature imparfaite et asymétrique de l’information, les entreprises sont amenées à verser des salaires supérieurs au salaire d’équilibre pour attirer les meilleurs candidats à l’embauche et inciter ses salariés à l’effort : c’est la théorie des salaires d’efficience à laquelle Stiglitz a lui-même contribué [Shapiro et Stiglitz, 1984]. Mais ces hauts salaires incitent alors les entreprises à réduire leur demande de travail en innovant, ce qui conduit à une hausse permanente du chômage. Le marché est inefficace, que ce soit en termes de chômage ou en ce qui concerne la dynamique de l’innovation. En outre, si l’élasticité de substitution est faible, alors atteindre le plein emploi pourrait requérir une forte réduction des salaires, au point que le plein emploi soit en définitive impossible à atteindre. 

Les modèles de salaire d’efficience peuvent ainsi montrer comment les défaillances de marché et le processus d’innovation sont susceptibles d’accroître les inégalités et le chômage. De telles dynamiques peuvent également apparaître lorsque l’on prend en compte le rôle de la « rareté du travail » (labor scarcity), un concept développé en histoire économique par Salter (1962) et Habbakuk (1962). Stiglitz l’interprète ainsi : si un travailleur quitte l'entreprisse, il peut falloir du temps et des ressources pour recruter un travailleur susceptible de le remplacer. Le progrès technique, en économisant le travail, réduit non seulement les coûts du travail directs, mais aussi ces coûts indirects associés à la rotation du personnel. Or, dans une économie où la recherche d’information est coûteuse, l’adoption d’innovations économes en main-d’œuvre génère des externalités sur les autres participants de marché, notamment sur les chômeurs qui doivent désormais chercher plus longtemps avant de trouver un emploi.

 

Références

ACEMOGLU, Daron (2010), « When does labor scarcity encourage innovation? », in Journal of Political Economy, vol. 118, n° 6.

GREENWALD, Bruce, & Joseph E. STIGLITZ (1986), « Externalities in economies with imperfect information and incomplete markets », in Quarterly Journal of Economics, vol. 101, n° 2.

HABAKKUK, H.J. (1962), American and British Technology in the Nineteenth Century.

SALTER, W.E.G. (1962), Productivity and Technical Change.

SHAPIRO, Carl, & Joseph E. STIGLITZ (1984), « Equilibrium unemployment as a worker discipline device », in American Economic Review, vol. 74, n° 3.

SOLOW, Robert M. (1956), « A contribution to the theory of economic growth », in Quarterly Journal of Economics, vol. 70, n° 1.

STIGLITZ, Joseph E. (2014), « Unemployment and innovation », National Bureau of Economic Research, working paper, n° 20670, novembre.

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 21:34

Le secteur manufacturier américain a connu une chute séculaire de sa part dans le PIB, en particulier au cours des trois dernières décennies (cf. graphique). Ce déclin s’explique notamment par la substitution de la production domestique par des importations en provenance de pays en développement à bas coûts comme la Chine. A ce titre, la baisse de l’emploi manufacturier dans l’emploi total aux Etats-Unis est relativement similaire à celle observée dans les autres pays avancés.

GRAPHIQUE  Part de l'activité manufacturière dans le PIB américain (en %)

D-ez--Gopinath--part-industrie-manufacturiere-dans-PIB-E.png

source : Dίez et Gopinath (2014)

Certains ont suggéré que l’activité manufacturière américaine connaissait depuis peu une véritable « renaissance », comme le suggèrent la hausse de sa part dans le PIB entre 2010 et 2012 ou encore l’accroissement de la part des exportations américaines dans l’ensemble des exportations mondiales de biens manufacturés. Alors que la part de la production manufacturière mondiale réalisée par les Etats-Unis avait baissé entre 2000 et 2007, elle semble s’être stabilisée ces cinq dernières années à environ 20 %. La part de la la production manufacturière mondiale réalisée par la Chine, après avoir longtemps augmenté, semble également s’être stabilisée depuis la Grande Récession à 20 %. Certains ont ainsi suggéré que les Etats-Unis connaissaient depuis peu une vague de relocalisations mettant un terme à la vague de délocalisations qui a caractérisé les précédentes décennies. A titre d’exemple, Apple a ouvert des établissements au Texas et en Arizona.

La Grande Récession est la première récession parmi toutes celles qui sont survenues depuis le début des années quatre-vingt à avoir été suivie par un accroissement de la part de l’activité manufacturière dans le PIB. Oya Celasun, Gabriel Di Bella, Tim Mahedy et Chris Papageorgiou (2014) suggèrent que cette reprise s’explique essentiellement par les performances des secteurs produisant des biens durables. En l’occurrence, par rapport aux reprises qui ont suivi les récessions de 1990 et de 2001, la hausse de la production de biens durables a été bien plus forte durant la reprise actuelle, alors que la reprise de la production de biens non durables a été plus faible. Ce sont essentiellement les secteurs produisant des ordinateurs, de l’électronique, des véhicules motorisés et d’autres machines qui ont profité de ce rebond. Par contre, l’emploi manufacturier ne semble pas avoir connu un rebond aussi important que la production manufacturière : il avait diminué de 19 % entre 2001 et fin 2007, puis de 15 % durant la Grande Récession, avant de s’accroître de 2 % lors de la reprise subséquente. Là aussi, au cours des dernières années, la croissance des emplois a été forte dans les secteurs produisant des biens durables, alors qu’elle a stagné dans les secteurs produisant des biens non durables. 

Cette rupture, voire cette inversion, dans le déclin de l’activité manufacturière américaine s’expliquerait notamment par l’accroissement de la demande mondiale pour les biens manufacturés émanant des pays émergents à forte croissance [Dίez et Gopinath, 2014]. Elle pourrait également s’expliquer par une modification de la demande mondiale en faveur des biens américains en raison d’une baisse de leur prix relatifs. En effet, le coût du travail est resté relativement stable aux Etats-Unis au cours des dernières années. La délocalisation d’une partie importante de la production manufacturière vers les pays émergents d’Asie au cours des années quatre-vingt-dix et deux mille, puis l'accroissement du chômage avec la Grande Récession ont fait pression à la baisse sur les salaires américains. Par contre, comme les coûts du travail ont tendance à augmenter dans les pays émergents au fur et à mesure qu’ils se développent, l’avantage qu’ils détenaient en termes de coût à tendance à s’éroder et les entreprises manufacturières américaines ont pu au final gagner en compétitivité-prix vis-à-vis de leurs concurrentes étrangères. La dépréciation réelle du dollar due à la faiblesse de la demande et au chômage élevé a pu également contribuer à renforcer la compétitivité des entreprises américaines.

Enfin, certains suggèrent que l’exploitation du gaz de schiste a permis de rendre plus compétitif le secteur manufacturé américain en réduisant les coûts énergétiques.  Dans la théorie standard, un choc d’offre positif associé à un intrant déterminant tel que l’énergie va pousser les entreprises manufacturières à accroître leur production, stimulant l’offre globale du secteur et réduisant ainsi ses prix [Melick, 2014]. Si le choc d’offre d’énergie positif est localisé, ce qui est le cas pour le gaz naturel, les exportations de produits manufacturés doivent aussi s’accroître tandis que les importations de ces mêmes produits doivent chuter. En outre, comme les entreprises en place se développent et réorientent leur processus de production, tandis que de nouvelles entreprises entrent dans le secteur, l’investissement dans le secteur manufacturé devrait s’accroître.

Oya Celasun et ses coauteurs doutent que le regain de l’activité manufacturière suffira à faire d’elle le moteur de la croissance américaine, mais il peut significativement améliorer les performances commerciales des Etats-Unis. De leur côté, Federico Dίez et Gita Gopinath (2014) ont cherché à déterminer si le secteur industriel des Etats-Unis a effectivement vu sa compétitivité s’améliorer. L’analyse empirique qu’ils opèrent sur la période 1999-2012 ne suggère pas qu’il y ait une inversion significative dans les flux de délocalisations. La part de la demande domestique qui est satisfaite par les importations et les termes de l’échange ne semble pas avoir connu d’inversion significative, même dans les secteurs où dominent les importations en provenance de Chine. En revanche, certaines données empiriques suggèrent que l’exploitation américaine du gaz de schiste élève effectivement la compétitivité des secteurs américains intensifs en énergie.

Ces résultats tendent à confirmer ceux obtenus par William Melick (2014). Selon ce dernier, la baisse du prix du gaz naturel aux Etats-Unis par rapport au prix du gaz naturel en Europe (proche des deux tiers) a stimulé l’activité dans le secteur manufacturier américain dans son ensemble de 2 %, voire même de 3 %. Pour les quelques secteurs qui s’avèrent être de très grands utilisateurs de gaz naturel, les effets estimés sont bien plus larges, puisque leur activité a pu s’accroître de plus de 30 %. En outre, comme les entreprises ne réajustent habituellement leurs processus de production que graduellement, il se pourrait que les répercussions du boom énergétique ne soient pleinement visibles avant encore plusieurs années.

 

Références

CELASUN, Oya, Gabriel DI BELLA, Tim MAHEDY & Chris PAPAGEORGIOU (2014), « The U.S. manufacturing recovery: Uptick or renaissance? », FMI, working paper, n° 14/28, février.

DίEZ, Federico J., & Gita GOPINATH (2014), « The competitiveness of U.S. manufacturing », Federal Reserve Bank of Boston, working paper, n° 14-3.

MELICK, William R. (2014), « The energy boom and manufacturing in the United States », Board of Governors of the Federal Reserve System, international finance discussion paper, n° 1108, juin.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : D'un champ l'autre
  • : Méta-manuel en working progress
  • Contact

Twitter

Rechercher