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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 22:21

Au cours des trois dernières décennies, la financiarisation des pays avancés a pris une ampleur inédite : les activités financières représentent une part sans précédents de leur économie. Cette dynamique s’est traduite par la captation d’une plus grande part du revenu national par la finance, par la croissance du bilan des intermédiaires financiers et par un accroissement substantiel de la dette des ménages. La croissance du secteur financier et de son endettement pourrait avoir joué un rôle dans le creusement des inégalités dans les pays riches. Comme elle suggère une prise de risque excessive (et incite les ménages pauvres à s’endetter en raison du creusement des inégalités), elle pourrait s’accompagner d’un regain d’instabilité financière. En outre, elle conforte l’influence politique du secteur bancaire et celle-ci la nourrit en retour : les banques plaident pour une poursuite de la dérégulation et de l’intégration financières, or ces deux dynamiques sont non seulement susceptible d’accroître le risque d’instabilité financière, mais aussi d’en accroître la dimension systémique.

Òscar Jordà, Moritz Schularick et Alan Taylor (2014) ont cherché à mettre davantage en évidence les forces sous-jacentes à la financiarisation et les effets que celle-ci génère sur l’ensemble de l’économie. Pour cela, ils ont constitué une base de données de long terme décrivant au niveau désagrégé le comportement du crédit bancaire pour 17 pays avancés depuis 1870.

GRAPHIQUE 1  Crédit hypothécaire et crédit non hypothécaire (en % du PIB)

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Ils constatent qu’entre 1960 et 2010, le ratio prêt au secteur privé sur PIB s’est accru en moyenne de 80 points de pourcentage dans les 17 pays observés. A un extrême, le ratio s’est accru de 135 points de pourcentage en Espagne ; à l’autre extrême, le Japon, la Suisse et l’Allemagne ont connu les plus faibles hausses du ratio. Ces hausses s’expliquent essentiellement par l’essor du prêt aux ménages. En effet, les deux tiers de la croissance du crédit bancaire depuis 1960 concernent le crédit aux ménages. En l’occurrence, la forte hausse des ratios crédit sur PIB que l’on a pu observer au cours du vingtième siècle dans les pays avancés résulte principalement de la croissance rapide du crédit hypothécaire. Sur une période de 140 ans, le ratio prêt non hypothécaire rapporté sur PIB a été multiplié par 3, alors que le ratio prêt hypothécaire sur PIB a été multiplié par 8 (cf. graphique 1). En l’occurrence, ce dernier s’est surtout accru au cours des quatre dernières décennies. La part des prêts hypothécaires dans les portefeuilles de prêts des banques a pratiquement doublée au cours du dernier siècle, puisqu’elle est passée de 30 % en 1900 à environ 60 % aujourd’hui (cf. graphique 2). Le cœur de métier des banques dans les pays avancés aujourd’hui ressemble à celui de fonds immobiliers : les banques empruntent (à court terme) auprès des agents non financiers et des marchés des capitaux pour investir (à long terme) dans des actifs liés à l’immobilier.

GRAPHIQUE 2  Part des prêts au logement dans le crédit bancaire total (en %)

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Une observation plus fine de la composition du crédit bancaire confirme que la croissance rapide des prêts hypothécaires aux ménages a été la force dominante derrière ces profondes modifications dans la composition des bilans bancaires. L’intermédiation de l’épargne des ménages pour l’investissement productif dans le secteur des entreprises non financières constituait une part centrale des activités bancaires au cours des dix-neuvième et vingtième siècle. Aujourd’hui, elle ne constitue plus qu’une part mineure de celles-ci. En effet, au début du vingtième siècle, le prêt hypothécaire représentait moins d’un tiers des activités d’une banque ; aujourd’hui, environ les deux tiers des activités bancaires consistent finalement à canaliser l’épargner des ménages vers l’achat de logements. 

La dette hypothécaire des ménages s’est accrue plus rapidement que les valeurs d’actifs dans plusieurs pays. En l’occurrence, au cours des trois dernières décennies, le ratio rapportant la dette hypothécaire des ménages sur la valeur des logements a fortement augmenté aux Etats-Unis et au Royaume. En 1980 et 2010, le ratio est passé de 28 % à 40 % aux Etats-Unis et de 10 % à 28 % au Royaume-Uni (cf. graphique 3). Ces dynamiques sont également visibles dans les autres pays avancés. Avec elles, les ratios d’endettement ont atteint des niveaux sans précédents, fragilisant non seulement le bilan des ménages, mais aussi par là même l’ensemble du système financier. Par conséquent, Jordà et ses coauteurs complètent les travaux qu’Atif Mian et Amir Sufi (2014) ont réalisés pour les Etats-Unis lorsqu’ils montrent que les booms et effondrements du crédit bancaire basés sur l’expansion agressive du crédit hypothécaire reflètent des tendances lourdes qui sont à l’œuvre dans tous les pays avancés. Par conséquent, les modifications dans la composition des bilans des banques nous amènent à revoir ce que nous savons des sources de l’instabilité financière. Les booms du crédit hypothécaire n’étaient que faiblement associés au risque de crise financière avant la Première guerre. En revanche, après la Seconde Guerre mondiale, le crédit hypothécaire est devenu un indicateur avancé d’instabilité financière de plus en plus pertinent.

GRAPHIQUE 3  Ratio dette hypothécaire des ménages sur valeurs immobilières (en %)

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Jordà et ses coauteurs utilisent ensuite leurs nouvelles données désagrégées du crédit pour préciser quelles sont les répercussions exactes des booms du crédit sur la dynamique des cycles d’affaires selon leur magnitude et leu structure. Ils rappellent que Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (2009) avaient par exemple constaté que les récessions associées à un retournement du cycle financier tendaient à être plus sévères et plus longues que les récessions « normales », dues au seul retournement du cycle économique, tandis que les reprises tendraient à être plus longues et plus faible lentes lorsqu’elles suivent une crise financière. Pour cela, ils avaient observé 18 crises financières qui ont éclaté dans les pays avancés après la Seconde Guerre mondiale. Jordà et ses coauteurs disposent d’une plus large base de données qui leur permet d’étudier 200 récessions qui ont éclaté depuis 1870. Le quart des récessions qu’ils observent sont associées à une crise financière, tandis que les trois quarts restants sont des récessions normales.

Ils confirment que la production est davantage pénalisée lorsque la récession est synchrone à une crise financière : les pertes cumulatives s’élèvent à 20 % de la production annuelle au cours de cinq ans. Tout au long de l’histoire, le crédit a joué un rôle déterminant dans le cycle d’affaires : il peut accroître le risque d’instabilité financière, donc le risque d’un retournement de l’activité économique, mais il tend également à amplifier l’effondrement de l’activité. Ils retrouvent ici les conclusions d’une de leurs précédentes études [Jordà et alii, 2013]. Ils constatent ensuite que les récents cycles d’affaires ont été particulièrement influencés par l’évolution du crédit hypothécaire. En effet, depuis la Seconde Guerre mondiale, seuls les booms aliments par le crédit hypothécaire sont suivis par de plus sévères récessions et de plus lentes reprises. En l’occurrence, qu’importe si la récession est synchrone ou non avec une crise financière : ses coûts sont amplifiés lorsqu’elle est précédée par une expansion alimentée par le crédit hypothécaire. Les auteurs en concluent que le suivi du risque d’instabilité financière ne peut se ramener à la seule observation du comportement du crédit agrégé : une telle analyse doit également chercher à déterminer à quelle fin le crédit est utilisé.

 

Références

JORDÀ, Òscar, Moritz SCHULARICK & Alan M. TAYLOR (2013), « When credit bites back », in Journal of Money, Credit and Banking, vol. 45, n° 2.

JORDÀ, Òscar, Moritz SCHULARICK & Alan M. TAYLOR (2014), « The Great Mortgaging: Housing finance, crises, and business cycles », National Bureau of Economic Research, working paper, n° 20501, septembre.

MIAN, Atif, & Amir SUFI (2014), House of Debt.

REINHART, Carmen M., & Kenneth S. ROGOFF (2009), This Time is Different: Eight Centuries of Financial Folly. Traduction française, Cette fois c’est différent. Huit siècles de folie financière.

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 21:51

Selon Claudio Borio (2014), l'économiste en chef de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), les régimes de politiques domestiques sont incapables de contenir l’accumulation de déséquilibres financiers et d’atténuer. Ils se caractérisent par ce que Borio qualifie d’une « élasticité financière excessive ». Or le système monétaire et financier international tendrait à amplifier cette dernière, entraînant de graves crises financières et une forte instabilité de la croissance.

Les perceptions des valeurs d’actifs et des risques sont faiblement ancrées et fortement procycliques : elles sont révisées à la baisse lors des booms et à la hausse lors des effondrements financiers. En l’occurrence, la révision des perceptions des risques à la baisse valide la hausse des prix d’actifs, ce qui encourage les agents à prendre davantage de risques, et réciproquement. Les agents ne sont pas incités à limiter leurs prises de risques lors des booms. Ils ont tendance à extrapoler les conditions actuelles pour les horizons de court terme. Il existe en outre de puissants effets rétroactifs entre les perceptions faiblement ancrées, les incitations à prendre des risques et les contraintes de liquidité. Par exemple, comme les agents révisent à la baisse leur perception du risque, les prix d’actifs s’élèvent et les contraintes de financement s’affaiblissent : le financement externe devient moins coûteux et plus abondant, tandis qu’il devient plus facile et moins cher de vendre des actifs. Le boom a alors tendance à s’alimenter lui-même, puisque la hausse des prix incite les agents à prendre davantage de risques. 

Borio note ensuite l’importance du régime des politiques. La libéralisation financière affaiblit les contraintes de financement, ce qui facilite les prises de risque. En outre, les déséquilibres financiers sont plus susceptibles de s’accumuler lorsque les autorités monétaires se focalisent sur la seule stabilité des prix : une banque centrale n’est pas incitée à resserrer sa politique monétaire tant que l’inflation reste faible et stable, laissant les bulles se gonfler. En l’occurrence, les déséquilibres financiers ont tendance à s’accumuler suite à de profondes améliorations du côté de l’offre, puisque celles-ci génèrent des pressions à la baisse sur les prix, tout en justifiant les anticipations optimistes des agents.

Au final, l’ensemble de ces forces amplifient les cycles financiers. Les booms financiers que la prise de risque alimente conduisent à un accroissement des bilans des agents et du risque d’effondrements, tout en dissimulant la fragilisation du système financier et de l’économie réelle. Les cycles financiers se caractérisent par une évolution conjointe du crédit privé et des prix immobiliers. Leur durée est plus longue que celle des cycles d’affaires. Surtout les effondrements du cycle financier sont associés à des récessions de bilans, or celles-ci sont plus sévères que les récessions habituelles, les pertes de production qui leur sont associées sont permanentes et les reprises qui les suivent sont particulièrement lentes.

Borio montre ensuite que le système monétaire et financier international amplifie lui-même ces faiblesses domestiques. Par exemple, l’interaction des régimes financiers accroît la mobilité des capitaux internationaux, si bien qu’elle fournit une source de financement externe qui alimente davantage les booms financiers : d’une part, les banques localisées dans le reste du monde accordent davantage de prêts aux résidents ; d’autre part, les banques domestiques empruntent davantage à l’étranger, ce qui les incite également à davantage prêter aux résidents. En outre, avec l’interaction des régimes financiers, les taux de change sont davantage sujets à la surréaction. Par exemple, l’appréciation de la devise génère des effets de richesse qui encouragent les emprunteurs domestiques à prendre davantage de risque lors que leurs dettes sont libellées en devise étrangère. 

Le système monétaire et financier international amplifie également les faiblesses domestiques à travers l’interaction des régimes de politiques monétaires et les effets de débordement qu’il génère : les conditions monétaires prévalant dans les économies du cœur se transmettent plus facilement au reste du monde, ce qui accroît le risque d’accumulation de déséquilibres financiers. D’une part, les  autorités monétaires peuvent chercher à contenir l’appréciation du taux de change, notamment par peur de perdre en compétitivité ou de subir une fuite des capitaux. Elles maintiennent des taux d’intérêt inférieurs à ce qu’ils auraient été sinon, elles interviennent sur les marchés des changes et elles accumulent des actifs libellés en devise étrangère, poussant à la baisse les rendements des titres étrangers. D’autre part, avec l’usage des monnaies (en particulier du dollar) au-delà de leur juridiction, les changements de politique monétaire dans leur pays émetteur (en particulier celle de la Fed) influencent les conditions financières dans le reste du monde. 

GRAPHIQUE 1  États-Unis : cycles financier et économique

BRI, États-Unis, cycles financier et économique

source : Borio (2014)

Selon Borio, l’histoire tend à confirmer l’hypothèse d’élasticité financière excessive. Il l'illustre avec quatre exemples. Premièrement, l’amplitude et la durée des cycles financiers se sont fortement accrues depuis le début des années quatre-vingt en raison de la libéralisation financière et de l’introduction de politiques monétaires anti-inflationnistes crédibles, notamment aux Etats-Unis (cf. graphique 1). Cela coïncide avec l’intégration de la Chine et des anciens pays du régime communiste dans le système commercial mondial. Alors que la durée du cycle d’affaires est d’environ 8 ans, celle du cycle financier est depuis le début des années quatre-vingt comprise entre 16 et 20 ans. 

Deuxièmement, les déséquilibres financiers mondiaux ont prédominé avant et après la crise financière mondiale. Si avant la crise les déséquilibres s’accumulaient principalement aux Etats-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs pays de la zone euro, ils tendent aujourd’hui à s’accumuler dans plusieurs pays émergents et dans les pays avancés qui ont été les moins affectés par la crise. Dans l’un et l’autre cas, il y a (eu) une forte expansion du crédit et un boom des prix immobiliers, le crédit externe jouant un rôle important dans l’accumulation des déséquilibres.

GRAPHIQUE 2  Le taux directeur appliqué par les banques centrales et celui que suggère une règle de Taylor (en %)

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source : Borio (2014)

Troisièmement, la politique monétaire mondiale s’est révélée excessivement accommodante au niveau mondial, que ce soit avant ou après la Grande Récession. Les taux d’intérêt ont été inférieurs  à ceux impliquées par une règle de Taylor (cf. graphique 2). La politique monétaire pourrait être encore bien plus accommodante que ne le suggère l’observation de la règle de Taylor, d’une part, parce que les banques centrales ont également adopté la pratique du forward guidance et des achats d’actifs à grande échelle et, d’autre part, parce que l’écart entre la production courante et la production soutenable tend à être sous-estimé lorsque des déséquilibres financiers s’accumulent [Borio et al., 2013].

Quatrièmement, la politique monétaire américaine influence les conditions monétaires et financières dans le reste du monde, ce qui suggère que les taux de change ne protègent pas efficacement les pays. Par exemple, les taux directeurs de la Fed influencent fortement la fixation des taux directeurs des autres banques centrales [Rey, 2013].

 

Références

BORIO, Claudio (2014), « The international monetary and financial system: its Achilles heel and what to do about it », Banque des Règlements Internationaux, working paper, n° , septembre. 

BORIO, Claudio, Piti DISYATAT & Mikael JUSELIUS (2013), « Rethinking potential output: Embedding information about the financial cycle », Banque des Règlements Internationaux, working paper, n° 404, février.

REY, Hélène (2013), « Dilemma not trilemma: The global financial cycle and monetary policy independence », document de travail présenté à Jackson Hole, 24 août.

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 17:45

La crise financière mondiale s’est traduite par une chute de l’offre et de la demande de crédit : avec l’effondrement de la demande globale, les entreprises se sont montrées moins enclines à emprunter, tandis que les banques se sont montrées de leur côté moins désireuses de prêter, si bien que si certaines entreprises ont cherché à contracter un emprunt, les banques ont pu tout de même refuser de le leur accorder. Ce resserrement du crédit a notamment pris la forme d’une hausse des coûts d’emprunt et d’un resserrement des critères de crédit.

Cette dégradation des conditions de financement a aggravé les conditions macroéconomiques à court terme. Face à un effondrement de la demande globale, les entreprises réduisent mécaniquement leur production et leurs dépenses d’investissement, accentuant ainsi la chute initiale de la demande. Puisque la récession fut synchrone à une crise financière, l’effondrement du crédit a contribué à accentuer la contraction de l’activité. Aujourd’hui, la faiblesse du crédit bancaire contraint la reprise de l’activité. Cela explique notamment pourquoi les récessions tendent à être plus sévères suite à une crise financière et pourquoi celles-ci tendent à être suivies par de plus lentes reprises de l’activité. La dégradation des conditions de financement a également des répercussions sur la croissance à long terme via les effets d’hystérèse : puisque les entreprises réduisent leurs dépenses d’investissement lors des récessions, les capacités de production se dégradent et le potentiel d’innovation se détériore, réduisant par là même le niveau de production potentielle. Bref, la fragilité du secteur bancaire contribue à ce que la production ne revienne pas sur sa trajectoire d’avant-crise et à ce que l’économie ne parvienne à effacer les pertes associées à la crise. 

Le resserrement des conditions de financement est susceptible d’avoir un plus grand impact sur les entreprises les plus dépendantes du financement externe, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), alors que les grandes entreprises ont plus de facilité à se financer sur les marchés et à conserver la confiance des banquiers. En l’occurrence, la crise financière mondiale est susceptible d’avoir particulièrement affecté les PME de l’Union européenne, puisque les turbulences bancaires ont été particulièrement vives dans les pays-membres et que les gouvernements européens ont très rapidement opté pour l’austérité budgétaire, faisant de nouveau basculer les économies dans la récession en 2011 en dégradant la demande globale. C’est notamment à cause de la fragilité persistante des banques que la zone euro est susceptible de connaître la même « décennie perdue » que le Japon.

Nir Klein (2014) a cherché à déterminer comment le resserrement des conditions financières auquel les PME européennes ont fait face a pu affecter la reprise subséquente de l’activité économique. Il rappelle que les PME représentent 99 % du nombre total d’entreprises dans l’Union européenne. Elles représentent respectivement 58 % et 66 % de la valeur ajoutée et de l’emploi dans le secteur des entreprises non financières. Même si l’emploi des PME a mieux résisté à la crise entre 2009 et 2011 que l’emploi des grandes entreprises, la valeur ajoutée des premières s’est davantage contractée que celle des secondes. En 2012, l’emploi et la valeur ajoutée des PME étaient respectivement inférieurs de 2 % et de 10 % à leurs valeurs d’avant-crise. Mis à part en Allemagne, où les PME ont vu une hausse de leurs niveaux de valeur ajoutée et d’emploi par rapport à 2008, les PME du reste de l’Union européenne font toujours face à de fortes turbulences. Les comparaisons entre pays européens suggèrent une forte corrélation entre les variations de la valeur ajoutée et de l’emploi. Cependant, la perte en valeur ajoutée semble plus importante que les destructions d’emplois, ce qui est cohérent avec l’idée d’une baisse de la productivité du travail et suggère un déclin du stock de capital détenu par les PME en raison du sous-investissement.

Klein met en évidence une corrélation négative entre le rythme de la reprise et l’importance relative des PME parmi l’ensemble des entreprises. En moyenne, les pays ayant une part importante de PME ont connu une plus faible croissance de la production entre 2009 et 2012 que les pays ayant une faible part de PME. L’effondrement du crédit auquel firent face les PME a un effet négatif sur l’activité économique et cet impact est plus important dans les pays ayant un plus grand secteur des PME. Non seulement cette étude rappelle que les PME contribuent fortement à l’activité économique en Europe, mais elle suggère également que l’allègement des contraintes de crédit pesant sur les PME est susceptible d’accélérer la reprise de l’activité économique. 

 

Référence

KLEIN, Nir (2014), « Small and medium size enterprises, credit supply shocks, and economic recovery in Europe », FMI, working paper, n° 14/98, juin.

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