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25 août 2017 5 25 /08 /août /2017 17:18
L’exubérant pouvoir de marché des firmes américaines

Tout un ensemble de mauvaises dynamiques affectent l’économie américaine depuis plusieurs décennies : une stagnation des salaires des travailleurs peu qualifiés, une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail, une hausse des inégalités, un moindre dynamisme du marché du travail, une baisse du taux d’activité, une faible croissance en l’absence de bulles, une faiblesse de l’investissement, etc.

Pour Jan De Loecker et Jan Eeckhout (2017), ces tendances lourdes seraient liées d’une façon ou d’une autre à l’évolution du taux de marge (mark-up) des entreprises, c’est-à-dire l’écart entre le prix et le coût marginal. Lorsqu’ils étudient les données relatives aux firmes américaines entre 1950 et 2014, ils constatent que le taux de marge était initialement stable (en fluctuant autour de 20 %), voire même avait tendance à décliner, avant de s’accroître entre 1980 et aujourd’hui, en passant de 18 % à 67 %. Le taux de marge médian a très peu augmenté, c’est-à-dire bien moins que le taux de marge moyen. C’est la distribution des taux de marge qui s’est modifiée au cours du temps : ceux-ci ont surtout augmenté dans les entreprises qui présentent les taux de marge les plus élevés, tandis qu’ils ont eu tendance à stagner, voire à décliner, dans les entreprises présentant les taux de marge les plus faibles. Ce constat de De Loecker et Eeckhout n’est pas sans faire écho aux conclusions établies il y a peu par David Autor, David Dorn, Lawrence Katz, Christina Patterson et John Van Reenen (2017a, b) ; ceux-ci ont noté que les marchés aux Etats-Unis sont de plus en plus dominés par des “entreprises superstars”, concentrant une part croissante des ventes et des profits. 

Une hausse du taux de marge ne signifie pas forcément que les entreprises disposent d’un plus grand pouvoir de marché ; elle pourrait par exemple être synchrone avec des coûts fixes élevés, ce qui signifierait que les profits sont faibles. Or De Loecker et Eeckhout notent que les profits ont également fortement augmenté au cours des dernières décennies, ce qui suggère que le pouvoir de marché des firmes a effectivement augmenté.

GRAPHIQUE  Evolution du taux de marge moyen aux Etats-Unis (en %)

L’exubérant pouvoir de marché des firmes américaines

De Loecker et Eeckhout se sont donc tournés vers les implications macroéconomiques de l’accroissement du pouvoir de marché des entreprises. La hausse du taux de marge ces dernières décennies a été synchrone avec une inflation extrêmement base, ce qui suggère que les entreprises n’ont pas profité de leur plus grand pouvoir de marché pour accroître leurs prix, mais plutôt pour réduire leurs coûts sans répercuter la baisse de coûts sur les prix. Cette baisse des dépenses des entreprises a pu non seulement alimenter les inégalités, mais également la faiblesse de la demande globale. Cela se traduit directement au niveau agrégé par une baisse des besoins en main-d’œuvre, par une pression à la baisse sur les salaires et par un recul de l’investissement [Gutiérrez et Philippon, 2017].

En effet, la pression à la baisse sur les salaires a pu contribuer à la baisse de la part du revenu national rémunérant le travail. Aux Etats-Unis, cette part est passée de 62 % à 56 % depuis 1980, alors qu’elle était relativement stable au cours des précédentes décennies. Alors que de nombreuses études tendent à expliquer cette déformation du partage de la valeur ajoutée au progrès technique et à la mondialisation, David Autor et ses coauteurs (2017a, b) ont récemment relié la baisse de la  part du revenu rémunérant le travail à la hausse de la concentration des marchés et à l’apparition d’« entreprises superstars » : comme ces dernières sont plus profitables que les autres, mais aussi marquées par une faible part de la valeur ajoutée rémunérant le travail, alors la part du revenu national rémunérant le travail tend mécaniquement à décliner à mesure que ces entreprises superstars représentent une part croissante de l’économie. De Loecker et Eeckhout tendent à confirmer cette hypothèse « postkeynésienne » : l’étude des données empiriques montre que la part du travail a bien suivi l’évolution (inverse) du mark-up. Or, une déformation du partage du revenu national au détriment du travail est susceptible d’alimenter les inégalités de revenu.

De plus, la hausse des inégalités et le recul de l’investissement ont pu durablement déprimer la demande globale et par là contribuer à plonger l’économie américaine dans une stagnation séculaire [Summers, 2014]. Dans le même ordre d’idée, l’accroissement du pouvoir de marché des firmes peut expliquer pourquoi l’épargne de ces dernières a explosé, aussi bien relativement au PIB que relativement aux dépenses d’investissement, au point que les entreprises endossent le rôle d'agents à capacité de financement qu'assuraient traditionnellement les ménages [Chen et alii, 2017]. Ce comportement des firmes nuit à la croissance à long terme, ne serait-ce qu'en déprimant l'accumulation du capital. Autrement dit, les entreprises ont beau chercher individuellement à accroître leurs profits, elles pourraient ce faisant déprimer le profit au niveau agrégé en réduisant la capacité de l'économie à créer des richesses.

Enfin, la hausse du pouvoir de marché, associée à un moindre besoin en travail pour les entreprises, peut contribuer à expliquer la baisse du taux d’activité qui  connaît l’économie américaine depuis quelques décennies. Certes, celui-ci n’a vraiment commencé à décliner qu’à partir des années quatre-vingt-dix, alors que le taux de marge a amorcé sa hausse au début des années quatre-vingt. Mais l’économie américaine a connu entre les années soixante et quatre-vingt-dix une hausse du taux d’activité des femmes, ce qui a pu contenir initialement la pression à la baisse que la hausse du taux de marge exerce sur le taux d’activité global.

 

Références

AUTOR, David, David DORN, Lawrence F. KATZ, Christina PATTERSON & John VAN REENEN (2017a), « The fall of the labor share and the rise of superstar firms », MIT, working paper

AUTOR, David, David DORN, Lawrence F. KATZ, Christina PATTERSON & John VAN REENEN (2017b), « Concentrating on the fall of the labor share », NBER, working paper, n° 23108.

BARKAI, Simcha (2016), « Declining labor and capital shares », Université de Chicago, document de travail.

CHEN, Peter, Loukas KARABARBOUNIS & Brent NEIMAN (2017), « The global rise of corporate saving », NBER, working paper, n° 23133, février

DE LOECKER, Jan, & Jan EECKHOUT (2017), « The rise of market power and the macroeconomic implications », NBER, working paper, n° 23687, août.

GUTIÉRREZ, Germán, & Thomas PHILIPPON (2016), « Investment-less growth: An empirical investigation », NBER, working paper, n° 22897, décembre.

SUMMERS, Lawrence (2014), « U.S. economic prospects: Secular stagnation, hysteresis, and the zero lower bound », in Business Economics, vol. 49, n° 2.

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 10:00
Et si la chute de la part du travail s'expliquait par la plus forte concentration des entreprises ?

Pendant très longtemps, les économistes ont considéré que le revenu national avait tendance à se répartir dans les mêmes proportions entre le travail et le capital à long terme, au point que, dans les années cinquante, Kaldor qualifiait cette constance de véritable « fait stylisé ». Ces proportions n’étaient pas forcément les mêmes d’un pays à l’autre, mais cette constance se retrouvait pourtant dans la majorité des pays. Les parts respectives du travail et du capital semblait varier, mais temporairement, puisqu’elles finissaient par revenir à leur tendance à long terme. Or, ces dernières décennies ont remis en cause cette idée d’invariance : la part de la valeur ajoutée rémunérant le travail a baissé aux Etats-Unis, comme dans d’autres pays développés, depuis le début des années quatre-vingt. Loukas Karabarbunis et Brent Neiman (2013) ont non seulement confirmé cette tendance à travers le monde développé, mais ils ont également montré qu’elle était à l’œuvre dans chaque secteur plutôt que dans des secteurs en particulier. 

Plusieurs études se sont focalisées sur la baisse de la part du revenu rémunérant le travail que l’on a pu observer aux Etats-Unis et qui semble s’être tout particulièrement accélérée au début des années deux mille. Si elles confirment généralement cette déformation du partage de la valeur ajoutée, elles n’aboutissent toutefois pas sur un consensus sur les causes de cette tendance. Par exemple, Michael Elsby, Bart Hobijn et Ayşegül Şahin (2013) mettent en avant le rôle du commerce international, dans la mesure où ils constatent que la part du travail a le plus amplement décliné dans les secteurs les plus affectés par la concurrence étrangère. Pourtant, la part du travail a également décliné dans la plupart des secteurs produisant des biens non échangeables, notamment dans la distribution. 

Karabarbounis et Neiman (2013) ont de leur côté mis l’accent sur la baisse du coût du capital relativement au coût du travail, notamment la baisse des prix des équipements en information et communication (à qualité constante). Dans les modèles néoclassiques, une baisse du prix relatif du capital entraîne une baisse de la part du revenu rémunérant le travail si l’élasticité de substitution entre le travail et le capital est supérieure à l’unité. Or, de nombreuses analyses empiriques, notamment celle de Robert Lawrence (2015), suggèrent que l’élasticité est bien inférieure à l’unité. Dans la mesure où les variations des prix relatifs des facteurs tendent à être les mêmes d’une entreprise à l’autre, la baisse du prix relatif des équipements devrait se traduire par une plus grande accumulation du capital et un chute de la part du travail dans l’ensemble des entreprises. Or, David Autor, David Dorn, Lawrence Katz, Christina Patterson et John Van Reenen (2017a) ont constaté que c’est plutôt l’inverse, dans la mesure où la part du revenu du travail moyenne non pondérée n’a pas beaucoup varié depuis 1982.

Partant de l’idée qu’il faut prendre en compte l’hétérogénéité des entreprises et expliquer la déformation du partage de la valeur ajoutée par la réallocation de l’activité vers des entreprises présentant les plus faibles part du travail, Autor et alii (2017b) proposent l’interprétation de l’« entreprise superstar » (superstar firm). Ils supposent que les conditions de marché et les conditions technologiques ont évolué de telle manière ces dernières décennies qu’elles ont entraîné une plus forte concentration des ventes au sein d’une poignée d’entreprises : ces dernières ont pu contrôler une plus large part de leur marché en proposant des produits supérieurs ou en affichant une plus forte productivité. Or, puisque ces entreprises superstars sont plus profitables, la part de leurs ventes totales ou de leur valeur ajoutée risque d’être plus faible que chez leurs concurrentes. Par conséquent, la part du travail diminue au niveau agrégé à mesure que les entreprises superstars représentent une part croissante de l’économie.

Cette explication n’est valable que si les ventes sont de plus en plus concentrées dans un nombre restreint d’entreprises dans un large éventail de secteurs. Or, Autor et ses coauteurs constatent que la concentration des ventes et de l’emploi a effectivement augmenté aux Etats-Unis entre 1982 et 2012 dans chacun des six secteurs majeurs couverts par l’Economic Census. Autor et alii (2017a) montrent en outre que les secteurs où le degré de concentration a le plus augmenté ont connu les plus fortes chutes de la part du travail, mais aussi que la chute de la part du travail s’explique avant tout par la réallocation de la main-d’œuvre vers les entreprises présentant les plus faibles parts du travail plutôt que par la réduction des parts du travail dans la plupart des entreprises. 

Simcha Barkai (2016) aboutit à une conclusion similaire, mais en remettant en cause l’idée que la baisse de la part du travail au cours des trois dernières décennies se soit traduite par une hausse de la part du capital. Il note que si la part du capital s’était fortement accrue, le taux de rendement sur le capital aurait dû augmenter, or les taux d’intérêt ont au contraire en tendance à décliner aux Etats-Unis. Il développe alors l’idée que le revenu se partage non pas entre le travail et le capital, mais entre ces deux facteurs de production et le profit : si les salaires sont le prix auquel les entreprises embauchent de la main-d’œuvre et si les taux d’intérêt sont le prix auquel les entreprises empruntent du capital, alors il reste un revenu résiduel après les versements au travail et au capital [Bunker, 2016]. Barkai montre alors que le secteur des entreprises non financières aux Etats-Unis a connu ces trois dernières décennies une forte baisse de la part du capital et une ample hausse de la part du profit. Il montre que seule une baisse du taux de marge, donc du pouvoir de marché, peut générer à la fois une baisse des parts du revenu rémunérant le travail et le capital. Sa propre analyse montre que ce sont en l’occurrence les secteurs qui se sont le plus concentrés qui ont connu la plus forte baisse de la part du travail et que la hausse de la concentration peut expliquer l’essentiel de la baisse de la part du travail au niveau agrégé.

 

Références

AUTOR, David, David DORN, Lawrence F. KATZ, Christina PATTERSON & John VAN REENEN (2017a), « The fall of the labor share and the rise of superstar firms », MIT, working paper

AUTOR, David, David DORN, Lawrence F. KATZ, Christina PATTERSON & John VAN REENEN (2017b), « Concentrating on the fall of the labor share », CEPR, discussion paper, n° 11810.

BARKAI, Simcha (2016), « Declining labor and capital shares », Université de Chicago, document de travail.

BUNKER, Nick (2016), « Lack of market competition, rising profits, and a new way to look at the division of income in the United States », in Washington Center for Equitable Growth, 22 novembre.

ELSBY, Michael W.L., Bart HOBIJN & Aysegul ŞAHIN (2013), « The decline of the U.S. labor share », Federal Reserve Bank of San Francisco, working paper, n° 2013-27, septembre.

KARABARBOUNIS, Loukas, & Brent NEIMAN (2014a), « The global decline of the labor share », in Quarterly Journal of Economics, vol. 129, n° 1.

LAWRENCE, Robert Z. (2015), « Recent declines in labour’s share in US income: A neoclassical account », NBER, working paper, n° 21296.

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7 décembre 2016 3 07 /12 /décembre /2016 16:29
Pourquoi les entreprises américaines sous-investissent-elles ?

Germán Gutiérrez et Thomas Philippon (2016) ont analysé le comportement de l’investissement privé en capital fixe aux Etats-Unis au cours des trente dernières décennies. Les données empiriques suggèrent que, depuis le début des années deux mille, l’investissement privé a été plus faible qu’attendu.

Suite à une hausse séculaire, la dépréciation est restée stable depuis 2000 ; par conséquent, la récente baisse de l’investissement net ne résulte pas d’une modification du taux de dépréciation, mais bien de l’investissement brut. Gutiérrez et Philippon se tournent alors vers deux grandes catégories d’explications. La première regroupe les théories qui prédisent un faible investissement en raison d’un faible Q. Elles mettent par exemple l’accent sur une possible hausse de l’aversion face au risque ou sur les révisions à la baisse de la croissance attendue. La seconde catégorie d’explications regroupe les théories qui prédisent un faible investissement malgré un Q élevé. Elles mettent par exemple l’accent sur les contraintes de crédit et la concurrence oligopolistique. Or les données suggèrent que l’investissement est faible relativement au ratio Q de Tobin : les entreprises non financières sont marquées par une forte profitabilité, mais elles n’investissent pourtant pas. Cela amène les auteurs à rejeter la première catégorie d’explications pour privilégier la seconde.

Les deux auteurs ont alors utilisé des données obtenues au niveau des secteurs et des entreprises prises individuellement pour tester huit hypothèses ; en l’occurrence, ils ont cherché à déterminer si le sous-investissement relativement au Q s’explique par des frictions financières, par une erreur de mesure, par une baisse de la concurrence ou encore par une mauvaise gouvernance des entreprises.

En effet, des frictions sur les marchés financiers pourraient contraindre les décisions d’investissement et forcer les entreprises à s’appuyer sur les fonds internes pour les financer ; certaines entreprises (par exemple les plus grandes) pourraient avoir un accès plus facile au crédit bancaire, grâce à leur réputation par exemple ; une éventuelle rareté des actifs sûrs est susceptible d’affecter les coûts en capital des entreprises. La hausse des actifs incorporels pourrait conduire à des erreurs de mesure, dans la mesure où l’investissement dans ces difficiles est difficile à mesurer, si bien que le capital total est peut-être sous-estimé et le Q surévalué ; la mondialisation pourrait conduire à sous-estimer le volume des investissements physiques qui sont entreprises aux Etats-Unis. La réglementation est susceptible d’introduire ou de renforcer les barrières à l’entrée ou à la sortie des marchés ; une hausse de l’incertitude entourant la future réglementation est susceptible de freiner les décisions d’investissement. Sur les marchés concentrés ou vieillissants qui sont caractérisés par des barrières à l’entrée ou à la sortie, les entreprises en place sont susceptibles d’être peu incitées à investir. Les récents changements dans la gouvernance des entreprises, notamment l’essor des stock-options dans la rémunération des dirigeants, ont pu également freiner l’investissement de plusieurs façons : les dirigeants peuvent être incités à accroître la part de la valeur ajoutée consacrée au profit et à accroître excessivement la part du profit versée aux actionnaires sous forme de dividendes, mais pour cela ils risquent de réduire les autres dépenses, notamment dans l’investissement ; les entreprises peuvent également utiliser leurs liquidités, non pas pour investir, mais pour racheter leurs propres actions afin de faire grimper leurs cours et de nouveau accroître la valeur actionnariale ; les actionnaires pourraient en l’occurrence faire preuve d’un court-termisme excessif en exigeant une hausse de la rentabilité à court terme, ce qui amène les entreprises à réduire les investissements qui ne sont rentables qu’à long terme.

L’analyse des données amène Gutiérrez et Philippon à rejeter l’idée que le sous-investissement puisse s’expliquer par des contraintes financières ou par une rareté des actifs sûrs. Les preuves empiriques suggérant un rôle pour la réglementation dans la faiblesse de l’investissement sont peu robustes. En revanche, le déclin de la concurrence et les changements dans la  gouvernance des entreprises pourraient expliquer ensemble 80 % du sous-investissement total relativement au ratio Q. En effet, les secteurs les plus concentrés tendent à moins investir, et ce indépendamment des conditions en vigueur sur le marché. Les changements dans la gouvernance des entreprises semblent effectivement avoir encouragé le court-termisme et incité par là même les entreprises à dépenser un montant disproportionné de leurs liquidités pour racheter leurs propres actions au lieu de les utiliser pour investir. L’essor des actifs incorporels pourrait expliquer le reste du sous-investissement ; pour autant, il ne réduit pas le pouvoir explicatif de la concurrence et de la gouvernance.

Ces résultats rejoignent ceux obtenus par Dong Lee, Han Shin et René Stulz (2016). Ces derniers ont constaté que les secteurs qui recevaient le plus de fonds étaient ceux qui présentaient le Q de Tobin le plus élevé, du moins jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix ; la relation n’est plus vérifiée après. Dans la mesure où les secteurs qui présentent un taux de financement plus élevé connaissent une croissance plus importante, il existe une corrélation négative non seulement entre le taux de financement d’un secteur et le ratio Q de ce même secteur, mais aussi entre les dépenses en capital et le Q de Tobin depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Les capitaux n’affluent plus à destination des secteurs présentant les plus grandes opportunités de croissance parce que, depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, les entreprises présentes dans les secteurs caractérisés par les Q de Tobin les plus élevés rachètent de plus en plus leurs actions au lieu d’en profiter pour lever des fonds sur les marchés financiers.

 

Référence

GUTIÉRREZ, Germán, & Thomas PHILIPPON (2016), « Investment-less growth: An empirical investigation », NBER, working paper, n° 22897, décembre.

LEE, Dong, Han SHIN & René M. STULZ (2016), « Why does capital no longer flow more to the industries with the best growth opportunities », NBER, working paper, n° 22924, décembre.

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