11 mars 2012
7
11
/03
/mars
/2012
23:30
William R. Cline, en se basant sur ses propres simulations, estime dans une contribution sur le portail VoxEU.org que l’endettement public de l’Italie peut tout à fait être soutenable, même si les taux d’intérêt reviennent durablement aux niveaux élevés qu’ils avaient atteints fin 2011. Deux raisons laissent à penser que le ratio de la dette publique ne va pas connaître une incontrôlable spirale haussière. D’une part, l’Italie est susceptible de dégager un excédent primaire suffisamment important pour lui éviter d’avoir à emprunter davantage pour faire face à la charge de la dette. D’autre part, la maturité de la dette est relativement longue, donc seule une faible part de la dette doit être refinancée chaque année.
Par conséquent, non seulement les multiples appels fin 2011 à une restructuration de la dette publique italienne apparaissent peu justifiés puisque la solvabilité semble assurée, mais il est probable qu’une telle restructuration aurait entraîné des ruées bancaires et une nouvelle vague d’instabilité financière, ce qui se serait au final traduit par l’éclatement de la zone euro.
Malgré cette perspective optimiste quant à la soutenabilité de la dette italienne, Cline rappelle toutefois qu’une sévère crise de la liquidité reste probable, ce qui ne dément pas l’urgence de mettre en place un véhicule suffisamment puissant et crédible pour effectivement jouer le rôle de prêteur en dernier ressort. Dans cette optique, démultiplier la capacité financière du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) et procéder à l’émission d’euro-obligations sont aux yeux de Cline deux impérieuses mesures pour renforcer la stabilité macro-financière en Europe.
26 février 2012
7
26
/02
/février
/2012
18:51
Un article récemment publié dans l’American Economic Journal et cosigné par dix-sept économistes (Günter Coenen et alii) questionne l’opportunité de l’instrument budgétaire pour soutenir l’activité. Ses conclusions balaient nombre de jugements hâtivement émis par certains... D’après les auteurs, l’environnement macroéconomique actuel, marqué par une récession persistante et un assouplissement prolongé de la politique monétaire, se révèle particulièrement favorable aux politiques budgétaires de relance ; ces dernières, si elles étaient effectivement mises en place, stimuleraient puissamment l’activité économique.
Selon les différents modèles utilisés dans l’article, l’ensemble des mesures de relance, qu’elles prennent la forme de réductions fiscales ou d’accroissements de la dépense publique, entraîne à court terme une élévation du niveau d’activité. L’ampleur de cette élévation est croissante avec le degré d’assouplissement de la politique monétaire. Parmi l’ensemble des mesures testées, les dépenses publiques et les transferts de revenu vers les ménages les plus contraints financièrement apparaissent comme les plus efficaces, en particulier si les agents anticipent une poursuite de la détente monétaire.
Dans l’hypothèse d’un assouplissement monétaire poursuivi sur deux années, l’impulsion budgétaire se révèle particulièrement puissante environ trois ans ; au-delà, l’ampleur de la stimulation se réduit, les agents anticipant une plus forte inflation malgré le relèvement des taux directeurs. Plus l’impulsion budgétaire est prolongée dans le temps, moins les effets multiplicateurs observés à court terme se révèlent importants, mais ils demeurent toutefois positifs. En outre, cette atténuation de l’effet multiplicateur est davantage marquée dans l’économie étasunienne que dans la zone euro. Les auteurs notent toutefois le risque d’une contraction du PIB que pourraient entraîner à long terme un perpétuel accroissement des dépenses publiques et l’augmentation subséquente de la dette publique. Ils privilégient au final le recours aux transferts de revenu pour neutraliser les pressions récessives et ramener l’économie vers le plein emploi.
Comme le suggère Jérôme Creel, (dont les travaux aboutissent aux mêmes conclusions que celles de Coenen et alii) cet article offre une nouvelle matière de réflexion pour les choix de politique économique de sortie de crise. N’est-il pas optimal d’adopter aujourd’hui au niveau européen une politique budgétaire expansionniste ? Les mesures d’austérité adoptées collectivement et simultanément au sein de la zone euro ne fragilisent pas seulement son activité économique, mais compliquent également la résorption des déséquilibres budgétaires qu’elles prétendent rechercher. Les économies européennes présentant une forte interdépendance, les effets récessifs ne pourront que s’agréger les uns aux autres et retarder tant la reprise de l’activité que la consolidation budgétaire des administrations publiques. Les effets stimulateurs d’une politique budgétaire expansionniste seraient au contraire maximaux au sein de la zone.
Martin Anota