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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 20:15

Les données agrégées suggèrent qu’au cours des premières années de la Grande Récession, les salaires réels n’ont pas réagi à la contraction de l’activité, tout du moins pas fortement, même dans des pays particulièrement affectés par la crise. Stephanie Schmitt-Grohé et Martín Uribe (2013) estiment par exemple que les données agrégées disponibles n’indiquent qu’une baisse limitée des salaires réels dans la zone euro depuis le début de la crise. Dans une étude de l’INSEE, David Audenaert, José Bardaji, Raphaël Lardeux, Michaël Orand et Michaël Sicsic (2013) ont de leur côté confirmé que, dans le cas français, la baisse des salaires a été moins marquée que le déclin de la productivité. Bref, les salaires moyens semblent acycliques. Puisque certaines théories suggèrent que les salaires doivent varier librement pour que le marché du travail s’équilibre en réponse à un choc externe négatif, cette apparente rigidité salariale pourrait expliquer la forte hausse du chômage dans plusieurs pays et confirmer la validité de ces théories. Elle pourrait en l'occurrence être plus problématique au sein d'une union monétaire, dans la mesure où chaque pays-membre ne peut s'appuyer sur une dévaluation de son taux de change pour accélérer l'ajustement de son économie et contenir l'effondrement de la demande globale.

Les données agrégées pourraient toutefois dissimuler des changements de composition dans la main-d’œuvre au cours du cycle. En effet, le chômage affecte disproportionnellement les travailleurs à faibles salaires. Lorsque le chômage augmente, la part des plus jeunes et des moins qualifiés dans la main-d’œuvre diminue, si bien que l’âge moyen et la qualification moyenne de la main-d’œuvre tendent à augmenter. Ce mécanisme influence le salaire moyen de façon contracyclique. Lorsque ces effets de composition sont importants, ils peuvent dissimuler la réaction des salaires au cycle d’affaires dans les séries agrégées, c'est-à-dire contenir la baisse du salaire moyen. Or les effets de composition n’ont retenu que très peu l’attention des analystes ces dernières années, malgré la forte hausse du chômage dans plusieurs pays européens depuis 2008 : par exemple, entre 2007 et 2012, le taux de chômage a augmenté respectivement de 16, de 7,8 et de 4,6 points de pourcentage en Espagne, au Portugal et en Italie. En l’occurrence, en Espagne, la part des peu éduqués parmi les travailleurs en emploi a diminué de 8 points de pourcentage entre 2007 et 2012, en passant de 44 % à 36 %.

Grégory Verdugo (2015) a récemment étudié l’ajustement des salaires au cours du cycle d’affaires dans huit grandes économies de la zone euro, en l’occurrence en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Finlande, en France, en Italie, aux Pays-Bas et au Portugal, avant et durant la Grande Récession. Il a pris en compte la possible présence d’effets de composition en utilisant les données individuelles harmonisées issues des panels ECHP et SILC. Il a alors obtenu des élasticités de salaires réels au cycle statistiquement significatives : elles sont comprises entre – 1 et – 0,6 pour la période s’étalant entre 1994 et 2011, soit des valeurs proches de celles obtenues par la littérature concernant les Etats-Unis, mais moindres que celles obtenues concernant le Royaume-Uni. Le biais de composition a tout particulièrement contribué à la rigidité apparente des salaires réels moyens dans les données agrégées. Les effets de composition se sont révélés très importants entre 2008 et 2010, ce qui explique la stagnation, voire même l’augmentation, du salaire moyen dans certains pays européens entre 2008 et 2011. Lorsque Verdigo simule une composition de la main-d’œuvre inchangée en termes d’éducation et d’expérience, il met en évidence une forte baisse du salaire moyen au cours de la Grande Récession, en particulier dans les pays les plus affectés par la crise. En outre, certaines preuves empiriques suggèrent que l’ajustement a été hétérogène sur l’ensemble de la répartition des salaires. Verdugo constate que l’élasticité de la croissance des salaires a été plus élevée pour les travailleurs du premier décile que pour le reste des travailleurs. Elle a été deux fois plus importante pour les travailleurs qui ont changé d’emploi que pour les travailleurs qui ont gardé le même emploi.

Ensuite, Verdigo examine plus en détails la répartition des changements salariaux individuels afin d’observer plus finement l’interaction entre l’inflation et les ajustements salariaux. Dans l’ensemble, peu de preuves empiriques suggèrent que les salaires nominaux aient été rigides à la baisse, que ce soit avant la grande Récession ou au cours de celle-ci. Entre 20 % à 40 % des salariés à temps plein qui sont restés au même emploi au connu une baisse de leurs salaires nominaux au bout de deux années et cette proportion s’est fortement accrue avec le récent ralentissement de l’activité. Rien n’indique non plus qu’il y ait eu de plus larges pics à zéro dans la répartition des variations salariales au cours de la Grande Récession. La répartition des variations annuelles de salaires pour les travailleurs qui sont restés au même emploi est devenue plus symétrique ; ce résultat reflète une hausse de la proportion de baisses de salaires dans la répartition salariale. Même si les réductions des salaires nominaux ont été assez fréquentes, l’analyse empirique suggère que la faible inflation en 2009 peut avoir retardé l’ajustement en termes réels. Alors que les baisses nominales furent moins fréquentes en 2010 et en 2011, la part des réductions salariales réelles s’est fortement accrue par rapport à 2009, dans la mesure où le taux d’inflation a augmenté. Les réductions salariales nominales furent plus fréquences dans les pays d’Europe continentale comme la France qu’au Royaume-Uni. Mais comme cette dernière a connu des niveaux d’inflation plus élevés, les réductions salariales réelles furent bien plus importantes au Royaume-Uni.

 

Références

AUDENAERT, David, José BARDAJI, Raphaël LARDEUX, Michaël ORAND & Michaël SICSIC (2015), « La résistance des salaires depuis la grande récession s’explique-t-elle par des rigidités à la baisse ? », in INSEE, L’économie française – édition 2014

SCHMITT-GROHÉ, Stephanie, & Martín URIBE (2013), « Downward nominal wage rigidity and the case for temporary inflation in the eurozone », in Journal of Economic Perspectives, vol. 27, n° 3, été.

VERDUGO, Grégory (2013), « Les salaires réels ont‑ils été affectés par les évolutions du chômage en France avant et pendant la crise ? », in Bulletin de la Banque de France, n° 192.

VERDUGO, Grégory (2015), « Real wage cyclicality in the eurozone before and during the Great Recession: Evidence from micro data », Banque de France, working paper, n° 570, septembre.

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 15:45

Le taux de chômage américain semble présenter une forte volatilité conjoncturelle, en augmentant fortement et rapidement à chaque récession, mais avec une tendance à revenir vers un niveau initial presque invariant (cf. graphique 1). A l’inverse, le taux de chômage de la zone euro semble suivre une tendance haussière. Ses variations sont plus lisses, mais plus persistantes, que celles du chômage américain. A chaque nouvelle récession, il semble atteindre un nouveau plateau, dont il peut certes finir par s’éloigner, mais pas pour revenir vers une valeur d’équilibre qui soit constante à long terme. Ainsi, pour Jordi Galí (2015), le taux de chômage américain semble présenter des fluctuations propres à un processus stochastique stationnaire, tandis que le taux de chômage de la zone euro semble suivre un processus stochastique avec une racine unitaire, c’est un processus non stationnaire avec une composante permanente de type marche aléatoire. Cette composante non stationnaire suggère que certains chocs ont des effets permanents sur le taux de chômage de la zone euro.

GRAPHIQUE 1  Taux de chômage des Etats-Unis et de la zone euro (en %)

Les effets d’hystérèse contribuent-ils au chômage de la zone euro ?

La persistance du chômage à un niveau élevé en Europe depuis les années quatre-vingt a alimenté l’idée qu’il serait de nature structurelle. Beaucoup ont accepté l’idée d’une composante naturelle du chômage, qui resterait par définition insensible aux politiques conjoncturelles. Selon les monétaristes et les nouveaux classiques, le chômage reviendrait mécaniquement à son niveau naturel, si bien que toute politique de relance cherchant à réduire le chômage en-deçà de son niveau naturel serait vaine, du moins à long terme. Dans cette optique, seules des politiques structurelles sont susceptibles de conduire à une baisse durable du chômage, d’où les appels répétés à ce que les pays européens accélèrent les réformes. Pour les (nouveaux) keynésiens, ce n’est pas parce qu’il existe une composante naturelle que le chômage va spontanément revenir à celle-ci : les politiques conjoncturelles ont un rôle à jouer, ne serait-ce que pour éliminer la composante conjoncturelle du chômage. En outre, certains suggèrent que la composante naturelle du chômage n’est pas totalement insensible aux évolutions du taux de chômage courant en raison d’effets d’hystérèse (ou d’hystérésis). Autrement dit, si le taux de chômage demeure durablement au-dessus de son niveau naturel, c’est-à-dire si le taux de chômage conjoncturel reste important, alors le chômage naturel est susceptible de s’aggraver. Par conséquent, plus les autorités publiques tardent à relancer l’activité pour éliminer le chômage conjoncturel, plus ce dernier est susceptible de « s’enkyster » et de devenir structurel. C'est précisément la thèse que développaient Olivier Blanchard et Lawrence Summers (1986) pour expliquer le haut niveau de chômage en Europe au milieu des années quatre-vingt.

Plusieurs raisons ont été avancées pour justifier l’existence d’effets d’hystérèse contribuant à freiner le reflux du chômage lorsqu’une économie sort de récession. Premièrement, plus un travailleur reste longtemps au chômage, plus il perd en compétences et en motivation, plus il devient inemployable. Deuxièmement, les salariés (insiders) profitent de la hausse du chômage pour réclamer des hausses salariales, mais celles-ci réduisent les chances que les chômeurs (outsiders) soient embauchés. Pour être exact, c’est en compliquant l’embauche des outsiders que les insiders se retrouvent en position de force pour réclamer des hausses de salaire. Troisièmement, les entreprises réduisent fortement leurs investissements en période de récession, si bien qu’elles ne peuvent pas rapidement accroître leurs capacités de production lors des phases de reprise, ce qui les désincite à embaucher au cours de ces dernières. Quatrièmement, la générosité du système d’indemnisation du chômage amène les chômeurs à réviser à la hausse leur salaire de réservation, c’est-à-dire les incite à allonger leur période de recherche d’emploi. Les mêmes facteurs qui conduisent à une persistance du chômage peuvent eux-mêmes contribuer à freiner les reprises de l’activité. La contraction de la population active, la détérioration des compétences des travailleurs et l'atonie de l’investissement détériorent les perspectives de croissance à long terme, donc la capacité de l’économie à créer de nouveaux emplois. Ainsi, un chômage élevé et la faiblesse de l’activité sont susceptibles de s’entretenir mutuellement.  

Jordi Galí a désiré davantage éclairer la nature et les sources de la non-stationarité du taux de chômage de la zone euro en analysant le comportement du chômage et de l’inflation salariale dans la zone euro au cours de la période 1970-2014. Il note tout d’abord que l’inflation salariale a eu tendance à fortement ralentir entre 1970 et 1993. Ce ralentissement a été synchrone avec une forte hausse du taux de chômage. L’inflation salariale s’est stabilisée après 1993, tournant en moyenne autour de 2,2 % par an. Sur la même période, le taux de chômage semble avoir persisté dans son comportement non stationnaire, ce qui suggère que les deux variables se sont découplées l’une de l’autre. Ainsi, si la courbe de Phillips salariale avoir une pente décroissante au cours de la première période, elle semble s’être aplatie au cours de la seconde (cf. graphique 2).

GRAPHIQUE 2  La courbe de Phillips de la zone euro

Les effets d’hystérèse contribuent-ils au chômage de la zone euro ?

Galí teste alors trois hypothèses (non exclusives) susceptibles d’expliquer la persistance du chômage en zone euro. Selon l’hypothèse du taux de chômage naturel, la hausse du chômage correspond à la hausse même du taux de chômage naturel. Selon l’hypothèse de l’hystérèse, la hausse du chômage courant a entraîné une détérioration du chômage structurel via les effets d’hystérèse. Enfin, selon l’hypothèse de l’arbitrage à long terme, inspirée de la courbe de Phillips, il existe un arbitrage entre inflation et chômage, si bien qu’une baisse du taux d’inflation coïncide avec une hausse du taux de chômage.

L’analyse de Galí suggère qu’aucune des trois hypothèses ne peut expliquer à elle seule les données du chômage et de l’inflation salariale entre 1970 et 2014. Par contre, l’hypothèse d’arbitrage à long terme et l’hypothèse d’hystérèse, prises conjointement, suffisent à interpréter le comportement du taux de chômage et de l’inflation salariale au cours de la période. L’analyse suggère que les variations exogènes permanentes du taux naturel ne sont pas susceptibles d’être à l’origine de la racine unitaire du chômage de la zone euro, dans la mesure où le comportement de l’écart de chômage impliqué par cette hypothèse est difficilement conciliable avec les dynamiques observées de l’inflation salariale. L’hypothèse d’arbitrage à long terme pourrait en principe expliquer la hausse tendancielle du chômage durant les années soixante-dix et quatre-vingt, dans la mesure où les économies connurent effectivement une désinflation au cours de ces décennies. Les politiques désinflationnistes, contribuant à réduire la demande globale, auraient ainsi directement contribué à accroître le chômage européen au cours de ces deux décennies. Pourtant, le modèle ne peut expliquer simultanément l’ampleur du déclin du chômage qui accompagna cette désinflation et la volatilité observée du chômage. Par contre, l’hypothèse de l’hystérèse ne semble pas vraiment entrer en conflit avec les données. Elle peut expliquer pourquoi l’inflation salariale ait été remarquablement stable après 1994, malgré les variations non stationnaires du taux de chômage. 

Au terme de ses résultats, Galí note que la faible sensibilité de l’inflation salariale au taux de chômage depuis 1994 a plusieurs implications pour la conduite de la politique monétaire au sein de la zone euro. D’une part, elle implique que les chocs de demande globale ont un moindre impact sur l’inflation salariale et par conséquent sur l’inflation des prix que par le passé. Il est donc davantage aisé pour la BCE d’atteindre ses objectifs de stabilité des prix (en l’occurrence, maintenir l’inflation au plus proche de 2 %). D’autre part, la BCE doit davantage se focaliser sur la stabilisation du chômage, puisqu’une politique monétaire qui ne répondrait qu’aux seuls écarts de l’inflation par rapport à sa cible entraînerait des fluctuations excessives du chômage et de l’activité économique en raison de l’aplatissement de la courbe de Phillips. Si la faible sensibilité de l’inflation au chômage trouve son explication dans l’hystérèse, alors deux raisons justifient que la BCE donne plus d’importance à la stabilisation du chômage. Tout d’abord, en l’absence d’une politique contracyclique, il n’y a pas d’ancre qui garantisse que le chômage reviendra à un quelconque niveau que l’on puisse qualifier de naturel, si bien que l’économie pourrait se retrouver avec un faible niveau d’activité économique pendant une période prolongée. En outre, tout resserrement de la politique monétaire en réponse à un écart de l’inflation par rapport à sa cible entraînerait une hausse bien plus large et persistante du chômage. La politique optimale est susceptible d’impliquer une plus grande stabilité du taux de chômage que ne le suggèrent habituellement les modèles.

 

Références

BLANCHARD, Olivier, & Lawrence SUMMERS (1986), « Hysteresis in unemployment », in NBER Macroeconomics Annual, vol. 1.

GALÍ, Jordi (2015)« Hysteresis and the European unemployment problem revisited », NBER, working paper, n° 21430, juillet.

SUMMERS, Lawrence (2015), « Comments from ECB Conference », 22 mai.

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 22:19

Les taux de chômage sont en général négativement corrélés avec la croissance du PIB, si bien qu’ils sont utilisés pour déterminer ou confirmer à quel point du cycle se situent les économies. En effet, plus la croissance est soutenue, plus la création d’emplois s’accélère, plus celle-ci nourrit en retour la croissance. Inversement, lorsque l’activité est déprimée, le chômage est susceptible de s’aggraver, ce qui risque d’affaiblir davantage la demande globale. Le taux de chômage aurait également tendance à être d’autant plus élevé que l’économie est développée : en moyenne, si les pays à haut revenu ont les taux de chômage les plus élevés, les pays à faible revenu ont les taux de chômage les plus faibles, tandis que les pays à revenu intermédiaire se caractérisent par un taux de chômage à un niveau intermédiaire (cf. graphique 1).

La Chine est dans ce cadre une anomalie, puisque son taux de chômage serait à la fois faible et stable d’après les statistiques officielles. La Banque mondiale classe la Chine parmi les pays à revenu intermédiaire supérieur en termes de revenu national brut par tête et pourtant son taux de chômage est inférieur à celui des pays à faible revenu. Malgré les accélérations et ralentissements de la croissance chinoise, notamment lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, le taux de chômage chinois est resté compris entre 4 % et 4,3 %. Cette stabilité (apparente) est d’autant plus remarquable que la Chine a connu de profondes transformations ces dernières décennies avec la restructuration des entreprises publiques, l’intensification des migrations des campagnes vers les villes, l’accession à l’OMC et les progrès en termes de réussite scolaire.

Même si beaucoup d’agrégats relatifs à l’économie chinoise sont pris avec précaution par les analystes, le taux de chômage apparaît comme l’un des moins fiables. Le taux de chômage chinois est calculé en rapportant le nombre de personnes inscrites auprès des agences de l’emploi sur le nombre d’actifs. La sous-estimation du chômage est susceptible d’être particulièrement forte, d’une part, parce qu’une large part de la population n’est par inscrite sur les registres locaux (le fameux système du hukou), si bien que beaucoup de chômeurs ne peuvent s’inscrire dans les agences de l’emploi locales, d’autre part, parce que les chômeurs sont peu incités à s’inscrire auprès des agences pour l’emploi, notamment en raison du faible montant des allocations-chômage, mais aussi pace que les chiffres du chômage sont agrégés au fur et à mesure qu’ils sont transmis vers les niveaux hiérarchiques supérieurs de la bureaucratie publique, si bien qu’ils sont facilement l’objet d’erreurs ou de manipulations volontaires. Enfin, en ce qui concerne le taux d’activité, celui-ci n’est tout simplement pas disponible dans les statistiques officielles.

GRAPHIQUE 1 Taux de chômage par pays (en %)

Quelles sont les tendances à long terme du taux de chômage en Chine ?

source : Feng et alii (2015)

Shuaizhang Feng, Yingyao Hu et Robert Moffitt (2015) ont cherché à déterminer le véritable taux de chômage chinois sur la période s’écoulant entre 1988 et 2009 en utilisant des résultats d’enquêtes réalisées auprès des ménages couvrant l’ensemble des villes chinoises. Le taux de chômage qu’ils obtiennent s’écarte significativement de celui donné par les données officielles (cf. graphique 1). Le taux de chômage atteignit en moyenne 3,9 % entre 1988 et 1995, lorsque le marché du travail était fortement réglementé et dominé par les entreprises publiques. Cette moyenne est légèrement supérieure à celle tirée des statistiques officielles. Par contre, le taux de chômage augmenta fortement entre 1995 et 2002, c’est-à-dire précisément sur la période au cours de laquelle les entreprises publiques ont licencié en masse et les migrations vers la ville se sont multipliées. La hausse du chômage s’est arrêtée en 2002. L’accession à l’OMC a pu stimuler la demande de travail. Entre 2002 et 2009, le taux de chômage atteignit en moyenne 10,9 %, soit un chiffre supérieur à la moyenne des pays à haut revenu.

L’analyse de Fen et alii suggère que certaines catégories sont plus éloignées de la vie active et plus affectées par le chômage que la moyenne, notamment les jeunes, les femmes et les moins éduqués. Les cohortes les plus récentes connaissent les taux de chômage les plus élevés et les taux d’activité les plus faibles, en particulier les plus jeunes. Les régions qui ont connu le plus de licenciements avec la restructuration des entreprises publiques sont également celles qui ont subi les plus fortes hausses du chômage. 

GRAPHIQUE 2 Taux d’activité en Chine (en %)

Quelles sont les tendances à long terme du taux de chômage en Chine ?

source : Feng et alii (2015)

Feng et ses coauteurs déterminent aussi le taux d’activité chinois (cf. graphique 2). Ils constatent qu’ils déclinèrent tout au long de la période, en particulier entre 1995 et 2002, lorsque le taux de chômage grimpa le plus fortement.

 

Référence

FENG, Shuaizhang, Yingyao HU & Robert MOFFITT (2015), « Long run trends in unemployment and labor force participation in China », NBER, working paper, n° 21460, août.

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