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21 janvier 2017 6 21 /01 /janvier /2017 13:30
L'Afrique est en pleine transformation structurelle

En 2000, la revue The Economist qualifiait l’Afrique de « continent sans espoir » : celle-ci connaissait depuis plusieurs décennies une très faible croissance, alors même que les revenus moyens de ses habitants étaient plus faibles que sur les autres continents, notamment l’Asie de l’Est ou l’Amérique latine. Pourtant, les pays africains ont connu par la suite une période de forte croissance économique. Non seulement les taux de croissance moyens ont été positifs pour la première fois depuis plusieurs décennies et certaines des économies africaines ont même connu une croissance supérieure à plus de 6 % par an, mais les taux de croissance ont pu en outre être sous-estimés. Parallèlement, toujours à partir du tournant du siècle, la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté et le taux de mortalité infantile ont fortement diminué, tandis qu’une part croissante de la population accédait à l’éducation. Bref, au cours de ces dernières décennies, nous avons été les témoins d’un véritable « miracle de la croissance africaine » et, pour l’heure, celui-ci se poursuit.

Cette accélération de la croissance économique en Afrique pourrait résulter de la transformation structurelle que connaît le continent. En effet, plusieurs études ont suggéré que l’agriculture constituait le secteur d’activité le moins productif de l'économie ; ce serait d'ailleurs particulièrement le cas en Afrique. Par conséquent, lorsque l’emploi et l’activité productive sont réalloués du secteur agricole vers l’industrie et les services, alors la productivité des travailleurs augmente mécaniquement et la croissance économique tend à s’accélérer. C’est pour cela que Margarita Duarte et Diego Restuccia (2010) ou encore Berthold Herrendorf, Richard Rogerson et Ákos Valentinyi (2014), par exemple, ont pu récemment affirmer que ce changement structurel constituait une caractéristique fondamentale de la croissance économique. Beaucoup jugent toutefois que les niveaux de productivité et les gains de productivité sont plus faibles dans le tertiaire que dans l’industrie, or la part de l’emploi de l’industrie n’augmente pas indéfiniment : à partir d’un certain niveau de développement, elle amorce son déclin. Par conséquent, une économie a beau continuer à se tertiariser, sa croissance risque de ralentir lorsque s’amorce sa désindustrialisation.

Par conséquent, selon Xinshen Diao, Kenneth Harttgen et Margaret McMillan (2017), si des pays à différentes étapes de développement tendent à ne pas présenter la même structurelle sectorielle, l’écart de niveau de vie que les pays africains vis-à-vis des autres pays pourrait s’expliquer par le fait que les premiers ne se situent pas à la même étape de développement que les seconds. Ils ont alors cherché à relier l’accélération de la croissance économique et la baisse de la pauvreté que les pays africains ont récemment connues aux transformations structurelles qui sont à l’œuvre en leur sein. Ils constatent qu’une grande partie de cette croissance et de cette réduction de la pauvreté s’explique effectivement par un fort déclin de la part de la main-d’œuvre employée dans le secteur agricole, donc par la hausse de la part des actifs employés dans l’industrie et le tertiaire.

Dans l’échantillon de neuf pays à bas revenu que Diao et ses coauteurs analysent, ils observent que la part de la population active employée dans l’agriculture (qui était en particulièrement élevée dans les années quatre-vingt-dix) a baissé en moyenne de 9,33 points de pourcentage entre 2000 et 2010, tandis que la part de l’emploi dans l’industrie augmentait de 1,46 point de pourcentage et que la part de l’emploi dans le tertiaire augmentait de 6,13 points de pourcentage. Le déclin de l’emploi agricole a été le plus prononcé parmi les femmes du milieu rural âgées de plus de 25 ans qui ont bénéficié d’un enseignement primaire. Il a été accompagné par une hausse systématique de la productivité du travail, dans la mesure où la réallocation de la main-d’œuvre s’est effectuée d’un secteur à faible productivité (l’agriculture) vers des secteurs à plus forte productivité (l’industrie et le tertiaire). Dans l’échantillon de pays qu’ils étudient, la productivité du travail s’est accrue au rythme moyen de 2,8 % par an entre 2000 et 2010 ; 1,57 point de pourcentage de cette croissance s’explique par le changement structurel. Par contre, entre 1990 et 1999, la croissance de la productivité du travail était proche de zéro et le changement structurel tendait en fait à freiner la croissance économique. Lorsque Diao et ses coauteurs se penchent sur un échantillon de pays africains à plus hauts revenus, ils constatent que ces derniers ont connu la même accélération de la croissance de leur productivité du travail, mais les concernant l’ensemble de cette croissance s’explique par la croissance de la productivité intra-sectorielle.

Diao et alii ont notamment comparé le niveau des parts sectorielles de l’emploi en Afrique avec celui observé dans les autres pays, en prenant en compte le niveau de revenu. Ce faisant, ils remarquent qu’au vu des niveaux de revenu par tête en Afrique, les parts respectives de l’agriculture, de l’industrie et du tertiaire correspondent assez bien à ce que l’on peut s’attendre en observant ce qu'on pu connaître les autres pays par le passé. En outre, bien que la part de l’industrie dans l’emploi ne s’accroisse pas rapidement, cette part n’a pas atteint son pic dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne et elle continue de s’accroître.

La forte croissance que l’Afrique a connue ces dernières décennies n’est donc pas due (seulement) à des facteurs conjoncturels, comme par exemple la hausse des prix des matières premières, mais elle tient (également) à des facteurs structurels. Diao et ses coauteurs se montrent ainsi optimistes quant à la poursuite de la croissance en Afrique : tant que le changement structurel se poursuit et surtout que la part de l’emploi industriel n’a pas encore atteint son pic, la croissance africaine va se poursuivre. Toutefois, certains comme Dani Rodrik (2015) ont pu remarquer qu’à mesure que le temps passe, la part de l’industrie tend à atteindre son maximum de plus en plus tôt, relativement au niveau de vie : les pays en développement feraient aujourd’hui face à une « désindustrialisation précoce » (premature deindustrialization) par rapport aux pays qui ont amorcé leur développement plus tôt. Autrement dit, les pays africains risquent de ne pas profiter autant de l’industrialisation que n’en ont profité les autres pays.

 

Références

Diao, Xinshen, Kenneth Harttgen & Margaret McMillan (2017), « The changing structure of Africa's economies », NBER, working paper, n° 23021, janvier.

DUARTE, Margarita, & Diego Restuccia (2010), « The role of the structural transformation in aggregate productivity », in Quarterly Journal of Economics, vol. 125, n° 1.

Herrendorf, Berthold, Richard Rogerson & Ákos Valentinyi (2014), « Growth and structural transformation », in Aghion & Durlauf (dir.), Handbook of Economic Growth, vol. 2.

RODRIK, Dani (2015), « Premature deindustrialization », NBER, working paper, n° 20935, février.

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8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 13:46

Au cours des deux dernières décennies, les plus pauvres ont connu une forte progression de leur niveau de vie, si bien qu’une large population a pu sortir de la pauvreté. En 1990, deux milliards de personnes étaient dans une situation de pauvreté extrême, c’est-à-dire vivaient avec moins de 1,90 dollars par jour (en parités de pouvoir d’achat de 2011) ; elles représentaient alors 37 % de la population mondiale. Entre 1990 et 2013, le nombre de personne vivant en situation de pauvreté extrême a diminué de 60 %, tandis que la proportion de la population mondiale vivant dans une telle situation est passée sur la période de 37 % à 11 %. En 2013, il restait toutefois 770 millions de personnes situés dans une situation de pauvreté extrême, soit à peu près l’équivalent de la population combinée de l’Union européenne et des Etats-Unis.

Plusieurs études suggèrent que la croissance économique joue un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté. Selon les prévisions que fournissent Francisco Ferreira et ses coauteurs (2015) en se basant sur les estimations de la croissance du PIB entre 2005 et 2015, la part de la population mondiale se trouvant en situation de pauvreté mondiale devrait atteindre 4,2 % en 2030, soit un niveau proche de l’objectif de 3 % que la Banque mondiale s’est fixée pour cette année-là. Toutefois la croissance mondiale a ralenti ces dernières années et rien n’assure que les pays en développement connaissent pendant les 14 prochaines années une aussi forte croissance que celle qu’ils ont pu connaître au cours des années deux mille, ce qui suggère que la réduction de la pauvreté mondiale pourrait être plus lente que prévu. C’est pour cette raison que de nombreuses institutions, notamment la Banque mondiale, appellent à une croissance plus inclusive, c’est-à-dire dont les fruits seraient moins inégalement répartis dans la population.

Les informations à propos des pauvres dans le monde en développement restent toutefois très fragiles, notamment en raison du manque de données d’enquêtes des ménages harmonisées au niveau international ou encore du fait que les pays n’adoptent pas le même seuil de revenu pour définir la pauvreté. Andrés Castañeda, et ses coauteurs (2016) ont récemment cherché à dresser le profil démographique de la pauvreté extrême et modérée en se basant sur les enquêtes réalisées auprès des ménages dans 89 pays en développement. En 2013, dans l’ensemble de ces pays, 1,5 milliard de personnes vivaient dans une situation de pauvreté modérée, c’est-à-dire avec plus de 1,90 dollars, mais moins de 3,10 dollars par jour, ce qui représente 23 % de leur population totale.

Au terme de leur analyse, Castañeda et ses coauteurs constatent que la pauvreté est avant tout jeune et rurale, bien plus que le suggéraient les précédentes études. En effet, 80 % des pauvres extrêmes et 76 % des pauvres modérés vivent dans des espaces ruraux. Les auteurs ne rejettent pas l’idée que ces parts soient quelques peu surestimées, ne serait-ce que du fait que le coût de la vie est moindre en milieu rural que dans les villes, mais une analyse plus approfondie des données de l’Asie du Sud les amène à suggérer que ce biais est très modeste. En outre, leur étude suggère que plus de 45 % des pauvres extrêmes sont des jeunes de moins de 15 ans et près de 60 % des pauvres extrêmes vivent dans des ménages avec trois enfants ou plus. Ensuite, Castañeda et ses coauteurs confirment que la scolarité et la pauvreté sont fortement et négativement corrélées l’une avec l’autre. Toutefois, l’école primaire ne suffit pas pour sortir de la pauvreté. En effet, 40 % des pauvres extrêmes et 50 % des pauvres modérés ont achevé leur école primaire. Enfin, même s’ils partagent des similitudes, notamment en termes d’âge ou de structure familiale, les pauvres extrêmes se distinguent des pauvres modestes à plusieurs niveaux : par exemple, relativement aux pauvres extrêmes, les pauvres modérés ont significativement plus de chances d’achever l’école primaire et sont moins susceptibles de travailler dans l’agriculture.

 

Références

CASTAÑEDA, Andrés, Dung DOAN, David NEWHOUSE, Minh Cong NGUYEN, Hiroki UEMATSU et João Pedro AZEVEDO (2016), « Who are the poor in the developing world? », Banque mondiale, policy research working paper, n° 7844, octobre.

FERREIRA, Francisco H. G., Shaohua CHEN, Andrew L. DABALEN, Yuri M. DIKHANOV, Nada HAMADEH, Dean Mitchell JOLLIFFE, Ambar NARAYAN, Espen Beer PRYDZ, Ana L.REVENGA, Prem SANGRAULA, Umar SERAJUDDIN et Nobuo YOSHIDA (2015), « A global count of the extreme poor in 2012 - Data issues, methodology and initial results », Banque mondiale, policy research working paper, n° 7432.

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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 18:54

L’argent rend-il heureux ? Dans une célèbre étude, Richard Easterlin (1974) montre que, dans un pays, à un moment donné, les plus riches déclarent être plus satisfaits de vivre que les plus pauvres. Par contre, lorsqu’il observe l’évolution à long terme de la satisfaction de vivre moyenne aux Etats-Unis entre 1946 et 1970, il constate que celle-ci est plutôt stable, alors même que le niveau de vie a énormément augmenté. Plus largement, lorsqu’il observe des données transnationales, il échoue à trouver une relation statistiquement significative entre le revenu moyen (mesuré par le PIB par habitant) et le niveau de satisfaction moyen. En observant la croissance économique, il échoue de nouveau à trouver une relation statistiquement significative entre le revenu et le bien-être. Il en conclut donc qu’en un point du temps, le bonheur varie avec le revenu, que ce soit entre les pays ou au sein de chaque pays, mais qu’il n’augmente pas lorsque la croissance se poursuit. Ce paradoxe n’apparaît que lorsque l’on observe les évolutions tendancielles : à court terme, satisfaction de vivre et niveau de vie tendent à varier de concert dans le même sens. Par exemple, lors des expansions, la satisfaction de vivre et le PIB par tête ont tendance à augmenter ; lors des récessions, ils ont tendance à diminuer. A long terme, par contre, il ne semble pas y avoir de relation positive entre niveau de vie et satisfaction moyenne.

Deux hypothèses ont été avancées pour expliquer ce paradoxe. D’une part, les individus feraient certes preuve d’un surcroît de satisfaction lorsque ce revenu augmente, mais ce gain de satisfaction pourrait avoir tendance à disparaître au bout de quelques années : les individus s’adapteraient à chacune des améliorations de leur niveau de vie. D’autre part, les individus pourraient avoir tendance à évaluer leur revenu par rapport à celui d’autrui : ils donneraient davantage d’importance à leur revenu relatif qu’à leur revenu absolu. Un individu ferait ainsi preuve d’une plus grande satisfaction que si son revenu augmente plus rapidement que celui des autres et ces derniers feraient quant à eux preuve d’une moindre satisfaction. Donc, si le revenu relatif prime sur le revenu absolu, alors, lorsque tout le monde s’enrichit, le bien-être de chacun n’augmente pas, car personne ne devient plus riche relativement à la moyenne. Les hypothèses d’habitude et de comparaison sociale pourraient suggérer que la croissance économique est en soi peu importante pour le bien-être, du moins dès lors que les besoins fondamentaux sont satisfaits.

Les résultats obtenus par Easterlin ont bien sûr été contestés. Certains ont suggéré qu’il existait bel et bien une relation positive entre le revenu et le bien-être parmi les populations qui n’ont pas encore satisfait leurs besoins fondamentaux, mais qu’à partir d’un certain niveau de vie (que Layard, par exemple, estime être compris entre 15.000 et 20.000 dollars) cette relation disparaîtrait. Une fois ce seuil franchi, les individus auraient (par exemple) tendance à s’habituer à toute nouvelle hausse de leur revenu et le surcroît de satisfaction procuré par cette dernière disparaîtrait au bout de quelques années. Le paradoxe d’Eaterlin ne serait donc valide que pour les pays relativement développés.

Plusieurs études ont profondément mis en doute l’existence d’un tel paradoxe et d’un quelconque revenu seuil. Par exemple, Angus Deaton (2008) et Betsey Stevenson et Justin Wolfers (2008) constatent une relation log-linéaire entre le PIB par tête et la satisfaction de vivre : un euro supplémentaire de revenu rapporte davantage de satisfaction à un pauvre qu’à un riche, mais il n’y aurait pas de point de satiété. Stevenson et Wolfers (2013) ont testé deux versions de l’hypothèse d’Easterlin : celle selon laquelle le revenu n’est plus corrélé avec le bien-être subjectif au-delà d’un certain niveau de satisfaction des besoins fondamentaux (version forte) ; celle selon laquelle le lien entre revenu et bien-être estimé parmi les pauvres est différente de celle constatée parmi les riches (version faible). En utilisant les données tirées des enquêtes de Gallup, où les sondés devaient indiquer à la fois leur revenu et leur satisfaction, ils montrent que, même si certains pays semblent plus heureux que d’autres, les individus se déclarent être d’autant plus satisfaits de leur vie qu’ils déclarent gagner un revenu élevé et la relation entre revenu et satisfaction ne semble pas changer lorsque le revenu augmente. Non seulement Stevenson et Wolfers échouent à nouveau à mettre en évidence un quelconque point de satiété, mais en outre le lien entre revenu et bien-être qu’ils décèlent en observant seulement les pauvres est le même qu’ils décèlent lorsqu’ils observent seulement les riches. Selon ces divers auteurs, s’il existe effectivement un revenu seuil au-delà duquel toute hausse supplémentaire de revenu n’impacte pas la satisfaction, il se situe à un niveau de vie qu’aucun pays n’a pour l’heure atteint.

GRAPHIQUE  Bien-être et revenu dans les 25 pays les plus peuplés au monde

Le paradoxe d’Easterlin est-il (toujours) valide ?

source The Economist (2013), d’après les données de Stevenson et Wolfers (2013)

Rejetant le paradoxe d’Easterlin au terme de leur propre analyse, Daniel Sacks, Betsey Stevenson et Justin Wolfers (2012) concluent à cinq faits stylisés quant à la relation entre bien-être et revenu. Premièrement, les personnes les plus riches déclarent un niveau de bien-être plus élevé que les plus pauvres. Deuxièmement, les pays riches se caractérisent par un niveau de bien-être par habitant plus élevé que les pays pauvres. Troisièmement, la poursuite de la croissance économique au cours du temps est associée à une augmentation du bien-être. Quatrièmement, il n’y a pas de point de satiété au-delà duquel la relation entre le revenu et le bien-être s’effrite. Et cinquièmement, l'ampleur de ces relations est à peu près égale. Sacks et ses coauteurs en concluent que l’ensemble de ces faits suggèrent que le revenu absolu joue un rôle important que le revenu relatif. 

Dans les divers travaux qu’il a pu réaliser après 1974, notamment en collaboration avec d’autres économistes, Richard Easterlin n’a cessé de défendre son paradoxe. Easterlin (2016) s’est récemment demandé si les données postérieures à 1970 présentent ou non un paradoxe. Selon son analyse des données tirées du General Social Survey, c’est le cas. Par conséquent, entre 1946 et 2014, c’est-à-dire sur une période s’étirant sur près de sept décennies, la satisfaction de vivre aux Etats-Unis a stagné, voire même décliné, malgré le fait que le PIB par tête ait été multiplié par trois.

Les données du World Values Survey relatives à 43 pays à travers le monde soutiennent également selon lui le paradoxe, puisqu’elles suggèrent que dans les pays à travers le monde, il n’y a pas de relation positive qui soit statistiquement significative : un taux de croissance de long terme du PIB plus élevé ne s’accompagne pas d’un taux de croissance significativement plus élevé de la satisfaction de vivre. Cette absence de relation positive statistiquement significative s’observe aussi bien lorsque les pays sont analysés tous ensemble que lorsqu’ils sont classés en trois sous-échantillons distincts : les pays en développement, les pays émergents et les pays développés. 

Pour Easterlin, les études qui ont récemment conclu en l’absence de tout paradoxe incluent des données temporelles de satisfaction qui sont assez courtes, qui n’ont que quelques observations (très souvent deux observations) ou qui échouent à couvrir un cycle entier de PIB. Par conséquent, les taux de croissance de la satisfaction et du revenu que l’on tire de ces séries ne sont pas des taux tendanciels, mais ceux que l’on constate lors d’une expansion ou d’une contraction. Or la combinaison de taux de croissance du revenu et de la satisfaction de court terme pour certains pays avec des taux tendanciels de long terme pour d’autres pays a tendance à donner à la ligne de régression ajustée une pente croissante, suggérant ainsi trompeusement que la poursuite de la croissance du niveau s’accompagne d’une amélioration significative de la satisfaction de vivre.

 

Références

DEATON, Angus (2008), « Income, health and well-being around the world: Evidence from the Gallup word poll », in Journal of Economic Perspective, vol. 22, n° 2.

EASTERLIN, Richard A. (1974), « Does economic growth improve the human lot. Some empirical evidence », in Paul David & Melvin Reder (dir.), Nations and Households in Economic growth: Essays in Honor of Moses Abramovitz.

EASTERLIN, Richard A. (2016), « Paradox lost? », IZA, discussion paper, n° 9676, janvier.

SACKS, Daniel W., Betsey STEVENSON & Justin WOLFERS (2012), « The new stylized facts about income and subjective well-being », IZA, discussion paper, n° 7105, décembre 2012.

SENIK, Claudia (2014)L’Economie du bonheur, Seuil, La République des idées.

STEVENSON, Betsey, & Justin WOLFERS (2008), « Economic growth and subjective well-being: Reassessing the Easterlin paradox », in Brookings Papers on Economic Activity, vol. 2008, n° 1.

STEVENSON, Betsey, & Justin WOLFERS (2013), « Subjective well-being and income: Is there any evidence of satiation? », in American Economic Review, Papers and Proceedings, vol. 103, n° 3.

RENAULT, Thomas (2015), « L'argent fait-il le bonheur ? Le paradoxe d'Easterlin », in Captain €conomics (blog), 13 octobre.

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