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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 21:13

La hausse des ratios d’endettement public au cours de la Grande Récession ont conduit de nombreux gouvernements à mener des plans d’austérité budgétaire pour les maintenir sur une trajectoire soutenable et préserver la confiance sur les marchés obligataires. Alors que les gouvernements auraient dû poursuivre une politique expansionniste tant que l’économie n’avait pas retrouvé son potentiel et qu’elle restait éloignée du plein emploi, ils ont au contraire opté pour une politique procyclique en réduisant les dépenses publiques et/ou en relevant les impôts. Non seulement ces mesures d’austérité ont pu retarder la reprise de l’activité économique, voire même entraîner une véritable contraction de l’activité dans certains pays, mais elles ont pu aussi, par là même, conduire à une nouvelle hausse des ratios d’endettement public. Ces tentatives de consolidation budgétaire apparaissent finalement d’autant plus vaines que la stabilisation des marchés obligatoires a finalement davantage reposé sur les engagements de la BCE à jouer pleinement son rôle de prêteur en dernier ressort.

Un peu plus tôt dans l’année, Laurence Ball, Davide Furceri, Daniel Leigh et Prakash Loungani (2013) ont observé comment les épisodes de contraction budgétaire contribuent à aggraver les inégalités de revenu. Leur étude cherchait notamment à préciser les différents canaux par lesquels les plans d’austérité sont susceptibles d’affecter la répartition des revenus. Dans un nouveau document de travail au FMI, Jaejoon Woo, Elva Bova, Tidiane Kinda et Sophia Zhang (2013) analysent les effets des politiques budgétaires sur les inégalités de revenu dans un large ensemble de pays avancés et émergents au cours des trois dernières décennies en se focalisant tout particulièrement sur les épisodes de consolidation budgétaire. Leurs résultats suggèrent que ces derniers sont susceptibles d’accroître les inégalités à travers divers canaux, notamment via leurs effets sur le chômage, confirmant ainsi les résultats obtenus un peu plus tôt par Ball et alii. D’après leur propre analyse, une consolidation budgétaire d’un point de pourcentage du PIB est associée en moyenne à une hausse de 0,4 à 0,7 % du coefficient de Gini au cours des deux années suivantes ; 15 à 20 % de cet accroissement des inégalités s’expliquent par l’aggravation du chômage. En outre, les consolidations budgétaires sont davantage susceptibles de creuser les inégalités lorsqu’elles sont basées sur la réduction des dépenses publiques que lorsqu’elles sont fondées sur la hausse de la fiscalité.

Woo et alii constatent ensuite que la progressivité de l’impôt et les prestations sociales sont associées à de plus faibles inégalités du revenu disponible. De plus, la politique budgétaire peut favorablement influencer la répartition des revenus et la croissance en promouvant l’éducation et la formation des travailleurs à revenu faible et intermédiaire. Une hausse du niveau de scolarité est associée à une diminution des inégalités, tandis que le progrès technique biaisé en faveur du travail qualifié conduit au contraire à les renforcer. Tous ces résultats soutiennent la thèse selon laquelle, les réformes menées depuis les années quatre-vingt dans les pays avancés, en réduisant la générosité de la protection sociale et en réduisant la progressivité de l’impôt sur les revenus, ont joué un rôle significatif dans la hausse des inégalités que l’on observe depuis lors.

En ce qui concerne la récente crise mondiale, cette étude du FMI (tout comme la précédente) suggère que le resserrement budgétaire auquel procèdent les Etats des pays avancés depuis 2010, alors même que leur économie n’a pas renoué avec une croissance soutenue, a eu des répercussions particulièrement nocives sur la répartition des revenus. Les auteurs sont toutefois limités par la disponibilité des données pour évaluer ces effets, puisque les données les plus récentes relatives aux inégalités remontent au mieux à l’année 2010 pour la plupart des économies. Les plus récentes données suggèrent toutefois que les inégalités se sont le plus fortement accentuées dans les pays qui ont connu les plus fortes hausses du chômage et, dans une moindre mesure, dans les pays qui ont fourni le moins de relance discrétionnaire (cf. graphique). Les auteurs se focalisent plus particulièrement sur l’économie irlandaise, puisqu’ils disposent, en ce qui la concerne, de données allant jusqu’à 2011. En l’occurrence, en Irlande, la crise a dans un premier temps réduit les inégalités en raison d’une chute des revenus du capital (et par conséquent d’une chute des plus hauts revenus), d’une hausse des impôts et d’une augmentation des transferts ; mais avec l’approfondissement de la récession et le resserrement ultérieur de la politique budgétaire, les inégalités se sont par la suite creusées. Cette hausse des inégalités est d’autant plus inopportune qu’elle pèse sur la croissance économique en déprimant la demande globale, ce qui complique la stabilisation des ratios d’endettement public. Ces deux documents de travail du FMI rejoignent ainsi les conclusions de l'ONG Oxfam ; cette dernière a suggéré il y a quelques jours que les diverses mesures d'austérité menées en Europe pourraient faire basculer jusqu'à 25 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2015.

GRAPHIQUE Evolution du chômage et du coefficient de Gini dans les pays européens (2007-2010)

IMF-austerity-inequality2.png

source : Woo et alii (2013)

A défaut de les retarder, les auteurs plaident pour que les gouvernements ajustent leurs efforts de consolidation budgétaire de manière à en minimiser l’impact social. En l’occurrence, renforcer la progressivité des impôts et le système de redistribution peut contribuer à atténuer les répercussions des réductions des dépenses publiques sur la répartition des revenus. Leur étude insiste, tout comme celle de Santiago Acosta-Ormaechea et Atsuyoshi Morozumi (2013), sur le fait que les gouvernements ne doivent pas sacrifier les dépenses d'éducation lorsqu'ils sont contraints d'assainir leurs finances publiques.

 

Références

ACOSTA-ORMAECHEA, Santiago, & Atsuyoshi MOROZUMI (2013), « Can a government enhance long-run growth by changing the composition of public expenditure? », IMF working paper, n° 13/162, juillet.

BALL, Laurence, Davide FURCERI, Daniel LEIGH & Prakash LOUNGANI (2013), « The distributional effects of fiscal austerity », IMF working paper, n° 13/51, 21 juin.

WOO, Jaejoon, Elva BOVA, Tidiane KINDA & Y. Sophia ZHANG (2013), « Distributional consequences of fiscal consolidation and the role of fiscal policy: What do the data say? », IMF working paper, n° 13/195, 17 septembre. 

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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 09:17

Thomas Piketty et Gabriel Zucman (2013) ont observé l’évolution en longue période des ratios patrimoine sur revenu et en ont offert des éléments d’explications. Ils utilisent les bilans nationaux des huit principales économies industrialisées, en l’occurrence les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada et l’Australie. Les données remontent pour certaines d’entre elles (l’Allemagne et la France) jusqu’au dix-huitième siècle. Les auteurs constatent dans tous les pays une augmentation progressive des ratios richesse sur revenu au cours des dernières décennies : ils tournaient autour de 200 à 300 % en 1970 et sont compris entre 400 et 600 % en 2010. Les ratios semblent ainsi peu à peu retrouver en Europe leurs valeurs au dix-neuvième siècle, c’est-à-dire entre 600 et 700 %. Aux Etats-Unis, le ratio a également connu une courbe en U, mais beaucoup moins prononcée.

GRAPHIQUE Ratios patrimoine privé sur revenu national (1970-2010)

Piketty-Ratio.png

source : Piketty et Zucman (2013)

La dynamique à long terme des prix d’actifs contribue à expliquer l’évolution en U des ratios en Europe. Les marchés financiers se développaient sans entraves jusqu’à la Première Guerre mondiale. En revanche, plusieurs politiques que Piketty qualifie d’« anti-capital » ont été par la suite mises en place, contribuant à faire baisser les prix d’actifs. Outre les guerres mondiales, ces mesures se sont révélées être de puissants chocs pour le patrimoine au cours du vingtième siècle. Inversement, le retrait progressif de ces politiques à partir des années soixante-dix a été suivi par une nouvelle hausse des prix d’actifs. D’autre part, l’évolution du ratio trouve également une explication dans le ralentissement de la croissance de la productivité et de la population. Selon la formule Harrod-Domar-Solow, le ratio patrimoine sur revenu de long terme (β) est égal à long terme au taux d’épargne net (s) divisé par le taux d’accroissement du revenu (g), soit :

β = S / g

Ainsi, pour s = 10 %, β est égal à environ 300 % si g = 3 % et à environ 600 % si g = 1,5 %. Ou, pour reprendre les termes de Piketty et Zucman, le capital est de retour car les économies renouent avec une faible croissance. Puisque la croissance de la productivité et de la population a fortement ralenti en Europe et au Japon, la formule permet d’expliquer une large part de la remontée des ratios richesse que l’on a pu observer en leur sain. Elle explique également pourquoi les ratios patrimoine sur revenu sont plus faibles aux Etats-Unis qui se sont certes caractérisés par une plus forte croissance démographique, mais pas par des taux d’épargne plus élevés.

La formule Harrod-Domar-Solow semble assez bien expliquer la dynamique à très long terme de l’accumulation de patrimoine. Tant qu’elles génèreront des flux importants d’épargne (selon des motifs de succession, de cycle de vie et de précaution), les économies présentant un faible g seront caractérisées par un β élevé. Certes, les effets de valorisation et les destructions de richesse associées aux guerres jouent un rôle à l’échelle de quelques années, voire de quelques décennies. Mais dans les principaux pays développés, les niveaux de patrimoine que l’on observe aujourd’hui sont plutôt bien expliqués par les taux d’épargne et les taux de croissance du revenu observés entre 1970 et 2010, et ce en ligne avec les modèles fondateurs d’accumulation du capital à un bien.

La formule β = s/g a tout d’abord été dérivée par Henry Harrod (1939) et Evsey Domar (1947) en utilisant des fonctions de production à coefficient fixe. Cette hypothèse d’une complémentarité du travail et du capital permettait aux deux auteurs postkeynésiens d’observer que la croissance était « sur le fil du rasoir ». Dans leur modèle, le β et l’idée d’une croissance déséquilibrée dépendent donc étroitement de la technologie. Robert Solow (1956) est le premier à avoir déduit cette formule d’un modèle néoclassique en utilisant une fonction de production où travail et capital sont substituables. Cette hypothèse de substituabilité des facteurs, couplée à celle d’une flexibilité des prix, permet au modèle de générer une croissance équilibrée. Pour Piketty et Zucman, il est évident qu’il y a une forte substitution entre capital et travail à long terme. Pourtant, cela ne signifie pas nécessairement que la croissance soit stable. 

En effet, la stabilité financière peut être remise en cause lorsque les ratios patrimoine sur revenu atteignent des niveaux élevés, puisque ceux-ci sont alors susceptibles d’alimenter des bulles sur les marchés d’actifs domestiques. Piketty et Zucman notent que les bulles immobilières et financières risquent d’être particulièrement dévastatrices lorsque le stock total de la richesse représente 6 à 8 années du revenu. Par exemple, selon leurs calculs, le ratio patrimoine sur revenu s’élevait à 700 % lorsque la bulle japonaise atteignait sa taille maximale à la fin des années quatre-vingt ; il s’élevait à 800 % en Espagne en 2008-2009 lorsque l’économie basculait dans la Grande Récession. Puisqu’il est difficile de juger du caractère excessif des hausses de prix d’actifs, la surveillance des ratios de richesse sur revenu se révèle essentielle pour orienter l’action des banques centrales et des régulateurs financiers.  

L’étude vient éclairer les récentes évolutions de la répartition du revenu. Jusqu’au début du dix-huitième siècle, le capital se composait principalement de la terre, si bien qu’il n’y avait que de faibles possibilités de substitution entre le capital et le travail. Avec la multitude de formes que le capital est désormais susceptible de prendre, l’élasticité de substitution entre le travail et le capital pourrait aujourd’hui être supérieure à 1. Or, même avec une élasticité à peine supérieure à 1, les hausses du ratio capital-production sont susceptibles d’entraîner une augmentation de la part du revenu rémunérant le capital semblable à celle qui est observée dans les pays avancés depuis les années soixante-dix. Ainsi, tant que la croissance économique demeure faible et les ratios richesse sur revenu importants, la déformation du revenu au profit du capital est susceptible de se poursuivre.

Le niveau élevé des ratios patrimoine sur revenu amène enfin Piketty et Zucman à s’interroger sur l’imposition du patrimoine. En raison des processus cumulatifs à l’œuvre dans les inégalités de richesse, le patrimoine est fortement concentré. Avec le retour des ratios patrimoine sur revenu à des niveaux élevés, les inégalités de patrimoine vont donc jouer un rôle de plus en plus important dans la dynamique des inégalités ces prochaines décennies, ce qui rend plus impérieux une fiscalité progressive du capital et des successions. Si la concurrence fiscale au niveau international empêche un tel changement politique, les auteurs n’excluent pas une nouvelle vague d’antimondialisation et de politiques anti-capital.

 

Références

DOMAR, Evsey (1947), « Expansion and employment », in American Economic Review, vol. 37, n° 1.

HARROD, Henry (1939), « An essay in dynamic theory », in Economic Journal, vol. 49, n° 193.

PIKETTY, Thomas, & Gabriel ZUCMAN (2013), « Capital is back: Wealth-income ratios in rich countries 1700-2010 », Paris School of Economics, 26 juillet. 

SOLOW, Robert M. (1956), « A contribution to the theory of economic growth », in Quarterly Journal of Economics, vol. 70, n° 1.

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 12:26

Dans les pays avancés, la politique budgétaire a joué un rôle significatif dans la réduction des inégalités de revenu à long terme. Entre 1985 et 2005, la politique budgétaire (à travers les impôts sur le revenu direct et les transferts) diminue annuellement le Gini moyen d’environ 15 points de pourcentage (soit environ d’un tiers) dans les pays de l’OCDE [Bastagli et alii, 2012]. Toutefois, de nombreuses dynamiques (parmi lesquelles figurent la mondialisation, le progrès technique ou l’essor de la finance) tendent depuis quelques décennies à accroître les inégalités avant transferts. Plus récemment, la mise en place de réformes réduisant la progressivité du système fiscal a diminué l’impact redistributif de la politique budgétaire. 

La Grande Récession a exacerbé les pressions pesant sur les finances publiques et incité les Etats à entreprendre de nouvelles réformes. En effet, les faibles conditions économiques se traduisent par de moindres prélèvements obligatoires ; parallèlement, le jeu des stabilisateurs automatiques, les plans de relance et le renflouement des banques en difficulté entraînent une hausse des dépenses publiques. Depuis 2010, de nombreux Etats ont alors pris plusieurs mesures visant à réduire les déficits publics et à stabiliser la trajectoire de l’endettement public en combinant hausses des prélèvements obligatoires et baisses des dépenses publiques. Or, si ces mesures sont prises trop tôt, elles peuvent retarder la reprise de l’économie et au final de se traduire, non pas par une stabilisation de l’endettement public, mais par une nouvelle détérioration des finances publiques. Elles sont en outre susceptibles de conduire à un creusement des inégalités de revenus. En effet, les couches les plus populaires de la société sont les plus exposées à la crise. Comme elles sont en outre les plus dépendantes de l’action publique, elles sont également les plus susceptibles d’être fragilisées par les plans d’austérité. 

Si les répercussions des plans d'austérité sur l’activité économique et sur l’endettement public ont fait l’objet d’une multitude d’analyses, leur impact proprement dit sur les inégalités de revenu a été beaucoup moins exploré. Laurence Ball, Davide Furceri, Daniel Leigh et Prakash Loungani (2013) viennent de creuser cette question dans un document de travail préparé pour le Fonds monétaire international. Ils ont ainsi observé les différents épisodes de consolidation budgétaire qui ont été entrepris dans 17 pays de l’OCDE entre 1978 et 2009.

Ball et alii constatent que les épisodes de consolidation budgétaire ont effectivement pour conséquence d’accroître les inégalités : en moyenne, les plans d’austérité se traduisent par une hausse de l’indice de Gini de 0,1 point de pourcentage un an après leur mise en place (soit environ 0,4 %), mais de 0,9 point de pourcentage (soit environ 3,4 %) huit ans après. Lorsque les auteurs distinguent les consolidations selon qu’elles se basent sur une réduction des dépenses ou bien sur une hausse des impôts, ils constatent que les ajustements opérés via les dépenses ont eu, en moyenne, les répercussions les plus larges sur la répartition : les inégalités de revenu s’accroissent d’environ 1 point de pourcentage lorsque la consolidation passe par un ajustement des dépenses et de 0,6 point de pourcentage lorsque les mesures concernent les impôts. Ce résultat ne surprend pas les auteurs, puisque selon eux, dans les économies avancées, l’impact direct de la politique budgétaire sur les inégalités s’opère du côté des dépenses. Lorsque l’activité ralentit, la hausse des dépenses qui est associée au versement d’allocations et d’aides contribue à contenir les inégalités de revenu en compensant les pertes du revenu du travail et en soutenant la demande.

Ensuite, Ball et alii constatent que les plans de consolidation budgétaire réduisent en général la part des revenus rémunérant les travailleurs. Cet effet passe déjà par un canal direct : certains plans d’austérité comprennent une réduction des rémunérations dans le secteur public. Il peut également y avoir des canaux plus indirects. Les consolidations accroissent par exemple le chômage et notamment le chômage à long terme. La perte d’emploi affecte les gains futurs du travailleur, dégrade sa santé et bouleverse la trajectoire socioprofessionnelle de ses enfants en dégradant leurs performances scolaires, donc leurs propres perspectives de rémunération. Plus la durée de chômage est longue, plus ces impacts sont importants. Or, les populations les plus exposées au chômage sont précisément celles disposant des plus faibles qualifications, si bien qu’elles risquent de s’enfermer dans une trappe à inactivité et dans la pauvreté. Plus le travailleur passe de temps au chômage, moins il aura de chances d’être embauché, puisqu’il perd peu à peu de ses compétences et tend à s’exclure de la population active. Au niveau agrégé, il existe un effet d’hystérèse (ou d’hystérésis) : le chômage risque de s’enkyster et de devenir un problème structurel. Ball et alii constatent que les consolidations budgétaires conduisent effectivement à une hausse durable du chômage à long terme, ce qui les amène à valider ce canal de transmission.

Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, les inégalités de revenu disponible se sont accrues plus rapidement que les inégalités du revenu de marché en raison de la moindre générosité de la protection sociale et de la moindre progressivité des impôts [Bastagli et alii, 2012]. Les plans d’austérité qui ont été menés dans le sillage de la Grande Récession vont accroître cette tendance, or celle-ci n’est pas sans avoir de multiples répercussions macroéconomiques. La consolidation tend déjà par elle-même à directement réduire la demande globale ; la hausse des inégalités va également peser sur l’activité et retarder la reprise, ce qui compromet le retour de l'endettement public sur une trajectoire plus soutenable. En poursuivant leur hausse, les inégalités de revenu demeurent en outre un facteur d’instabilité financière.

 

Références 

AGNELLO, Luca, & Ricardo M. SOUSA (2012), « How does fiscal consolidation impact on income inequality? », Banque de France, document de travail, n° 382, mai.

BALL, Laurence, Davide FURCERI, Daniel LEIGH & Prakash LOUNGANI (2013), « The distributional effects of fiscal austerity », IMF working paper, n° 13/51, 21 juin.

BASTAGLI, Francesca, David COADY & Sanjeev GUPTA (2012), « Income inequality and fiscal policy », IMF staff discussion note, n° SDN/12/08, 27 septembre.

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