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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 15:28

La crise de 2008 s’est traduite par un relèvement massif des propensions à épargner des agents privés. La menace d’une dépression majeure a incité de nombreux gouvernement à mettre en œuvre en 2009 des politiques budgétaires expansionnistes pour compenser la chute de la demande globale. Le niveau de la dette publique dans les pays avancés est passé d’environ 75 % du PIB à la veille de la crise à plus de 100 % du PIB en 2011, atteignant ainsi un niveau inégalé depuis la Seconde Guerre mondiale. La relance budgétaire n’est à l’origine que d’une fraction des déficits ; la chute des revenus, l’accroissement du chômage et la hausse résultante des allocations sociales ont contribué pour une part majeure à l’accroissement de la dette. Le creusement des déficits a toutefois eu lieu dans un contexte où les comptes publics étaient déjà fortement déséquilibrés. En outre, indépendamment de la Grande Récession, le vieillissement de la population et la hausse des coûts de santé exercent une pression à la hausse sur l’endettement public. Face aux craintes des marchés financiers suscitées par l’hypothétique insoutenabilité des finances publiques, les gouvernements ont collectivement, mais sans aucune coordination, adopté des plans d’austérités pour ramener leur endettement sur une trajectoire soutenable [Brender et alii, 2012]. Aujourd’hui, l’économie mondiale fait face à un nouveau ralentissement de l'activité sans pour autant que l’endettement souverain ait été stabilisé, mais les Etats sont réticents à changer leur stratégie.

Dans l’optique keynésienne, les consolidations budgétaires réalisées en période de ralentissement économique sont immanquablement vouées à l’échec. Dans la mesure où les multiplicateurs sont en théorie plus larges lors d’une récession, une contraction des dépenses publiques déprime davantage la demande globale : non seulement les déséquilibres macroéconomiques sont alors accentués, mais les comptes publiques se dégradent avec la réduction des rentrées fiscales et la hausse des revenus de transferts engendrées par l’aggravation de la crise économique. Les dépenses publiques doivent au contraire s’accroître pour compenser le déficit de demande privée et elles seront partiellement financées (voire totalement dans certains cas selon DeLong et Summers [2012]) par le surcroît d’activité qu’elles généreront.

Selon les modèles néoclassiques, la consolidation budgétaire peut au contraire générer une hausse de la consommation et de l’investissement privés dans le court terme, un phénomène qualifié d’« austérité expansionniste » [Alesina et alii, 2012]. Une réduction des dépenses publiques abaisse le niveau attendu d’imposition, ce qui génère un effet de richesse positif pour les agents privés, stimule par conséquent la consommation, mais élève aussi également l’offre de travail. Les effets de richesse seront plus importants si les réductions de dépenses publiques sont attendues à être permanentes. L’annonce d’une diminution permanente des dépenses publiques réduit l’incertitude des investisseurs et relève leur propension à investir. La réduction même de l’emploi public s’avère bénéfique à l’activité puisqu’elle entraîne une baisse des salaires réels et la hausse résultante des profits va stimuler l’investissement.

De nombreuses études empiriques ont cherché, d’une part, à évaluer la taille des multiplicateurs budgétaires et, d’autre part, à déterminer l’impact des consolidations budgétaires sur l’activité économique et sur les finances publiques. Plusieurs de leurs auteurs, notamment les économistes du FMI, doutent de la réussite des ajustements budgétaires réalisés lors des récessions et a fortiori de leurs effets expansionnistes sur l’activité. Jaime Guajardo, Daniel Leigh et Andrea Pescatori (2011), dans leur lecture des expériences passées d’ajustement budgétaire, montrent par exemple qu’aucune d’entre elles ne s’est traduite en soi par une stimulation de la dépense privée. Plus récemment, Nicoletta Batini, Giovanni Callegari et Giovanni Melina (2012) ont affiné ces résultats en montrant que la mise en place d’un plan d’austérité dans une économie où l’activité est déjà contractante tend à prolonger la récession sans pour autant ramener l’endettement public sur une trajectoire stable. Les multiplicateurs budgétaires sont effectivement plus larges lors des ralentissements que dans les phases d’expansions économiques, tandis que les multiplicateurs associés aux variations de dépenses sont plus larges que ceux associés aux variations de recettes fiscales. La variation des dépenses publiques exerce en effet de puissants effets sur la consommation des agents économiques les plus contraints financièrement. La probabilité qu’une consolidation budgétaire intensifie le ralentissement conjoncturel lorsque l’économie se trouve déjà en récession est deux fois plus élevée que la probabilité qu’une consolidation budgétaire déclenche un ralentissement de l’activité. Au cours des ralentissements, la politique monétaire n’amortit que faiblement les coûts macroéconomiques des consolidations budgétaires. De plus, l’effet récessif d’une consolidation budgétaire est maximal lors de sa première année. Pour cette raison notamment, un ajustement budgétaire est moins récessif s’il est étalé dans le temps. Les consolidations abruptes tendent à contracter davantage l’activité, par conséquent à réduire les recettes fiscales, et donc retardent la réduction, voire même la simple stabilisation, du ratio dette publique sur PIB. Le sentiment de défiance des marchés vis-à-vis de l’endettement souverain peut alors s’en retrouver renforcé et participer à dégrader davantage les comptes publics.

Reda Cherif et Fuad Hasanov (2012) ont analysé les effets respectifs des consolidations budgétaires, de l’inflation et de la croissance sur la dynamique de la dette publique en se focalisant sur les seuls Etats-Unis. Le ratio de la dette publique sur le PIB chute en réponse aux hausses d’excédents primaires, puis retourne à sa trajectoire initiale, voire à une trajectoire explosive : il y a 25 % de chances pour que le ratio dépasse son niveau initial. L’impact négatif sur la croissance économique neutralise en définitive les efforts d’austérité. Dans l’environnement économique actuel, c’est-à-dire marqué par une faible activité, de faibles taux d’intérêt et d’inflation, de larges déficits publics et de dettes souveraines croissantes, la probabilité que les plans d’austérités échouent est bien plus élevée que sous des conditions normales.

L'observation plus fine des épisodes historiques d'austérité considérés jusqu'à présent comme « expansionnistes » met en doute le rôle de ces consolidations budgétaires dans la stimulation de l'activité. Roberto Perotti (2011) a étudié les ajustements budgétaires réalisés par le Danemark entre 1982 et 1986, par la Finlande entre 1992 et 1998, par l’Irlande entre 1987 et 1990 et enfin la Suède entre 1993 et 1998. Ces quatre épisodes de consolidation budgétaire ont été associés à une expansion de l’activité, mais seul au Danemark le moteur de la croissance fut la demande domestique. Dans les trois autres épisodes, les exportations constituèrent le principal vecteur d’expansion de l’activité. La croissance fut stimulée en Irlande par l’appréciation de la livre sterling, tandis qu’elle fut stimulée en Finlande et Suède par la forte dépréciation de leurs devises respectives. Dans l’ensemble des épisodes, le taux d’intérêt diminua rapidement et la modération joua un rôle dans la création de gains de compétitivité et la baisse des taux d’intérêt. Perotti doute au final de la pertinence de l’hypothèse des « austérités expansionnistes » et la considère comme inapplicable dans les conditions économiques auxquelles sont aujourd’hui soumises l’économie mondiale et plus particulièrement la zone euro.

Historiquement, c’est avant tout la croissance économique qui a généré des excédents primaires et contribué à la réduction de la dette. En temps de crise, stimuler la croissance économique via une détente budgétaire permet d’améliorer à moyen terme les dynamiques de dette publique et contribue à stabiliser l’équilibre budgétaire en engendrant plus de revenus publics. Il n’est opportun de réduire la dette publique par des mesures d'austérité que lorsqu’une reprise robuste de l’activité économique est en cours : procéder à une consolidation budgétaire lors des phases d'expansion conjoncturelle réduit significativement l’impact négatif sur la production. Si l’Etat doit tout de même procéder à une consolidation budgétaire lors d’un ralentissement de l'activité, par exemple pour regagner la confiance des marchés financiers, l’ajustement doit prioritairement se traduire par une hausse des taux d’imposition. Enfin, si les consolidations doivent être opérées durant les ralentissements de l’activité et se concentrer en priorité sur la diminution des dépenses publiques, elles doivent être lisses, graduelles et tout de même accompagnées par des hausses des taux d’imposition. La politique monétaire peut faciliter l’ajustement budgétaire en réduisant plus rapidement et proactivement ses taux directeurs, voire en adoptant des mesures non conventionnelles.

La majorité des pays avancés est aujourd’hui confrontée à une explosion du chômage de masse. La production fonctionne sous son potentiel et ce dernier se détériore avec la persistance de la récession. La destruction des emplois et des entreprises est propre à avoir des effets persistants sur la production potentielle dans le futur. Ces effets d’hystérèse se traduisent par une chute du revenu permanent et donc de la demande globale dans la période courante, ce qui génère et entretient un cercle vicieux, la hausse du chômage et la chute de la demande s’alimentant l’une l’autre. Les taux d’intérêt nominaux sont proches de leur niveau plancher, donc les banques centrales ont largement perdu leur pouvoir de stimulation de l’activité. Les politiques non conventionnelles peuvent être davantage utilisées, mais leur effet sur le crédit privé reste incertain. La crise financière a réduit la propension à prêter des intermédiaires financiers, en raison notamment de l’insuffisance de leur propre capital. Dans cette configuration précise, les multiplicateurs budgétaires sont particulièrement larges. Une politique budgétaire expansionniste est ici susceptible d'accélérer l’activité économique à court terme, voire également à long terme selon la nature des dépenses. Réciproquement, les contractions budgétaires ne peuvent avoir qu’un impact particulièrement négatif sur l’activité en amplifiant la chute de la demande et ce d’autant plus que la politique monétaire peut difficilement le compenser.

La situation de la zone euro se singularise toutefois par les vicieuses interactions entre risque souverain et risque bancaire compliquant l'usage du Budget comme instrument de stabilisation conjoncturelle. La corrélation entre coûts d’emprunt public et privé tend à devenir plus forte durant les crises. Cette corrélation élevée aurait pu être le seul sous-produit des chocs récessifs affectant simultanément mais indépendamment les bilans souverains et privés, mais elle résulte aussi d’une causalité à double sens : le renflouement des banques a contribué aux problèmes de dette souveraine, mais les banques elles-mêmes sont fragilisées en raison de leur détention de titres publics ; une faible activité pèse sur le secteur bancaire, tandis qu’une activité bancaire atone pèse en retour sur la croissance. Selon Giancarlo Corsetti, Keith Kuester, Andre Meier et Gernot J. Mueller (2012) toutefois, la causalité va principalement du public au privé : les intermédiaires financiers subissent des pertes sur leur portefeuille d’obligations publiques et restreignent par conséquent leur offre de prêts. La hausse du risque souverain détériore les conditions de financement du secteur privé, à moins que la hausse des primes de risque soit compensée par un assouplissement de la politique monétaire. Si les taux directeurs sont à leur niveau plancher zéro, le risque souverain est propre à devenir un vecteur essentiel des turbulences macroéconomiques.

Le canal du risque souverain étudié par Corsetti et alii (2012) a deux implications majeures pour la stabilité macroéconomique. D’une part, la transmission de la politique budgétaire s’en trouve affectée. Si le risque souverain est élevé, on peut s’attendre à ce que les multiplicateurs budgétaires soient plus faibles qu’en temps normal. D’autre part, les économies particulièrement endettées deviennent plus vulnérables aux enchaînements autoréalisateurs. En particulier, si les agents économiques s’attendent à une chute de l’activité, ils anticiperont immédiatement une détérioration des comptes publics. Les marchés financiers exigeront une plus haute prime de risque sur la dette publique. Cela tend à élever les coûts d’emprunt, déprime la production et donc valide le pessimisme initial. Le risque souverain exacerbe donc les répercussions des chocs négatifs ; les récessions tendent alors à s’aggraver et à se prolonger. Si les taux d’intérêt nominaux sont à leur niveau plancher, la sortie de la trappe à liquidité s’en trouve retardée.

Corsetti et alii en concluent que lorsque la dette publique est d’un large montant et le marché obligataire volatile, le déploiement d’une politique budgétaire contracyclique ne peut assurer la stabilité macroéconomique. Dans de telles conditions, mettre en œuvre au contraire une politique budgétaire procyclique, en l’occurrence un resserrement budgétaire lors des ralentissements conjoncturels, peut réduire le risque d’instabilité macroéconomique. Puisque la présence d’un risque souverain significatif réduit les multiplicateurs budgétaires, une consolidation budgétaire s’avère moins dommageable pour l’activité économique. Les effets récessifs générés par la contraction des dépenses publiques sont en effet partiellement compensés par son impact positif sur les primes de risque souverain et donc sur les conditions de financement du secteur privé. Dans certains cas particuliers où les déséquilibres budgétaires sont extrêmes et la politique monétaire durablement contrainte, le resserrement budgétaire pourrait même exercer un effet expansionniste sur l’activité. Toutefois, dans la majorité des configurations possibles étudiées par Corsetti et alii, la consolidation budgétaire n’est pas une cure miracle, puisque la contraction des dépenses publiques amplifie les coûts macroéconomiques du ralentissement conjoncturel initial.

Comme le montrent notamment les travaux de Paul De Grauwe ou des néochartalistes, le risque souverain existe effectivement pour les Etats-membres d’une union monétaire empruntant dans la devise de cette union, mais cela n'est pas forcément le cas pour les autres pays. En outre, les développements à court terme sur le marché de la dette souveraine apparaissent comme relativement indépendants des changements de court terme dans l'orientation de la politique budgétaire. Les marchés financiers se focalisent également sur les développements à court terme de la croissance : s’ils pensent qu'un resserrement budgétaire va mener à un déclin de l’activité économique, les primes de risque sur la dette souveraine ne vont pas diminuer, mais au contraire s’élever. Selon Jonathan Portes (2012), poursuivre des cibles de déficit public à court terme, telles que celles imposées par la commission européenne à l’Espagne et à l’Italie, contrarie l’objectif de soutenabilité à long terme, alors qu’une accélération de la croissance suffirait à stabiliser les finances publiques dans les cas espagnol et italien. La situation de la zone euro ou du Royaume-Uni montre bien que l’austérité budgétaire enferme les économies dans un cercle vicieux où l’instabilité macroéconomique, le risque bancaire et le risque souverain se renforcent mutuellement : la faible croissance économique participe à l’insolvabilité potentielle des finances publiques, mais l’austérité budgétaire inspirée par la crise de la dette contraint fortement la croissance. La zone euro étant une économie relativement fermée sur elle-même, la multiplication des plans d’austérité renforce leurs effets dépressifs sur l’activité. Sortir de ce cercle vicieux implique pour la zone euro un assouplissement de la politique monétaire, une recapitalisation des banques et une coordination des politiques budgétaires : les pays les moins vulnérables sur le marché de la dette souveraine doivent reporter leur ajustement budgétaire et assouplir massivement leur politique budgétaire, tandis que les pays en détresse doivent graduer dans le temps leur consolidation budgétaire. Dans l’économie fermée que constitue la zone euro, une relance coordonnée aurait un effet stimulateur maximal sur l’activité économique et, au-delà, éliminerait enfin la puissante contrainte que fait peser la stagnation européenne sur la croissance mondiale.

 

Références Martin ANOTA

ALESINA, Alberto, Carlo FAVERO & Francesco GIAVAZZI (2012), « The output effect of fiscal consolidations », CEPR discussion paper, septembre.

BATINI, Nicoletta, Giovanni CALLEGARI & Giovanni MELINA (2012), « Successful austerity in the United States, Europe and Japan », IMF working paper, n° 190, juillet.

BRENDER, Anton, Emile GAGNA & Florence PISANI (2012), « How euro economies are being choked by an accounting identity », in VoxEU.org, 21 juin.

CHERIF, Reda, & Fuad HASANOV, (2012), « Public debt dynamics: the effects of austerity, inflation, and growth shocks », IMF working paper, n° 250, septembre.

COTTARELLI, Carlo (2012), « The austerity debate: Festina lente! », in VoxEU.org, 20 avril.

CORSETTI, Giancarlo (2012), « Has austerity gone too far? A new Vox debate », in VoxEU.org, 2 avril.

CORSETTI, Giancarlo, Keith KUESTER, Andre MEIER, & Gernot J. MUELLER (2012), « Sovereign risk, fiscal policy, and macroeconomic stability », IMF working paper, n° 33, janvier.

DELONG, Brad, & Laurence SUMMERS (2012), « Fiscal policy in depressed economy », Brookings, 20 mars.

GUAJARDO, Jaime, Daniel LEIGH & Andrea PESCATORI (2011), « Expansionary austerity: new international evidence », IMF working paper, n° 158, juillet.

PEROTTI, Roberto (2011), « The “austerity myth”: gain without pain? », BIS working paper, n° 362, décembre.

PORTES, Jonathan (2012), « Is austerity self-defeating? Of course it is », in VoxEU.org, 10 avril.

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 10:45

La monnaie et le crédit influencent de manière déterminante les dynamiques financières et les variables « réelles ». Ils jouent en l’occurrence un rôle majeur dans l’émergence, la propagation et l’amplification des chocs que subit l’économie. La Grande Dépression des années trente et de nombreuses turbulences macroéconomiques observées depuis 2007 correspondent aux dénouements dramatiques d’expansions excessives du crédit.

Tel que le résument Barry Eichengreen et Kris Mitchener (2003), un scénario typique de boom du crédit débute tout d’abord par une expansion de l’activité économique qui incite les banques et marchés financiers à étendre leur volume de prêts pour financer la croissance de la consommation et de l’investissement. L’expansion du crédit est alors d’autant plus stimulée que la régulation financière est laxiste et la concurrence entre banques et intermédiaires non bancaires est intense. Si la monnaie domestique est ancrée à une devise étrangère ou si survient un choc positif d’offre, les tensions sur les prix sont contenues, auquel cas la banque centrale n’a aucune raison de resserrer sa politique monétaire et de réfréner l’expansion de la monnaie et du crédit. La stimulation de l’activité économique qui en résulte mène à une nouvelle hausse du crédit. L’investissement, notamment immobilier, est encouragé par la hausse des prix immobiliers et du cours des titres. Des projets d’investissement toujours plus risqués sont entrepris avec l’extension des prêts. Dans cet environnement marqué par la stabilité des prix, les taux d’intérêts nominaux et les rendements sur actifs sans risque sont particulièrement faibles, si bien que la demande pour les investissements risqués augmente avec leur offre. Peu à peu, l’activité de construction immobilière et plus largement celle de l’investissement vont se traduire par des pressions inflationnistes, notamment en stimulant la consommation des ménages via les effets de richesse. Les tensions sur les prix ne pourront qu’amener la banque centrale à relever ses taux directeurs. Les bulles spéculatives éclatent alors et la chute subséquente des prix d’actifs déprime l’activité économique.

Cette vision des choses largement partagée et étudiée par les économistes de la Banque des règlements internationaux (BRI), notamment Claudio Borio et William White (2003), s’appuie sur les intuitions de l’économie autrichienne. Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek s'étaient focalisés sur la divergence entre le taux d’intérêt effectif et sa valeur naturelle pour expliquer les épisodes d'instabilité financière. Lorsque le taux de marché est inférieur au taux naturel, les prix tendent à augmenter et l’investissement s’en trouve stimulé. Une création excessive de crédit encourage l’inflation des prix d’actifs en alimentant la consommation et l’investissement. Plus l’inflation des prix d’actifs perdure, plus l’élimination subséquente des projets d’investissement et des excès financiers devra être importante, plus le ralentissement de l’activité économique qui en résulte sera sévère. Le boom du crédit porte en lui les germes de la crise. Le ralentissement conjoncturel est nécessaire pour obtenir une reprise soutenable, puisqu’il permet de purger l’économie des entreprises et projets d’investissement non viables. La banque centrale doit donc se garder d’intervenir, tout assouplissement monétaire ne pouvant que retarder la reprise et provoquer de nouvelles bulles sur les marchés d’actifs.

Les économistes de la BRI se sont aussi activement inspirés de l’hypothèse d’instabilité financière développée par Hyman Minsky (1986, 1992) et reprise par Charles Kindleberger (1978). Selon celle-ci, en raison des comportements adoptés par les agents économiques dans leur quête de rentabilité, l’économie présente une tendance endogène à se muer en un système instable. Que ce soit en période d’expansion ou de ralentissement économique, les agents réagissent aux déséquilibres en adoptant des comportements les amplifiant davantage. En l’occurrence, au cours d’une période prolongée de prospérité, les banques acceptent de financer un endettement accru des agents économiques et accroissent elles-mêmes leur propre levier. La diffusion des innovations financières participe également à relever le volume de financements disponible pour l’économie. Ainsi, les agents font un usage croissant du levier d’endettement se tournent peu à peu vers des modes de financement spéculatifs. L’expansion économique, qui se trouve rétroactivement alimentée par ces comportements spéculatifs, dissimule les risques tant aux intermédiaires et marchés financiers qu’à leurs régulateurs. Le boom du crédit subsiste tant que les anticipations de rendements demeurent optimistes. Dans cet environnement instable, tout événement est susceptible de pousser les agents vers une course à la liquidité et au nettoyage de leurs bilans. Une fois la crise amorcée, la multiplication des ventes d’actifs alimente le déclin de leurs prix, ce qui amorce une nouvelle vague de ventes en catastrophe. Le système ne retourne donc pas vers un nouvel équilibre stable ; les forces déstabilisatrices se révèlent au contraire cumulatives. Aucun mécanisme de marché ne peut alors soustraire l’économie du chômage et de la dépression. Selon Minsky et les post-keynésiens, la banque centrale doit donc pleinement jouer son rôle de prêteur en dernier ressort pour contenir les pressions déflationnistes.

Jusqu’à la Grande Récession, les travaux sur les crises financiers et le rôle du crédit dans leurs dynamiques ont donc ont essentiellement été menés par les analystes de la BRI et les économistes hétérodoxes. La crise de 2008 a stimulé le développement de méthodes empiriques permettant d’identifier les booms de crédit et de caractériser les fluctuations économiques qui les accompagnent. Dans un article initiant cette nouvelle vague de travaux, Moritz Schularick et Alan Taylor (2009) ont compilé les données relatives aux évolutions de la monnaie, du crédit et de divers autres indicateurs macroéconomiques observées entre 1870 et 2008 dans 12 économies développées. L’analyse de ces données fait apparaître « deux ères du capitalisme financier ». Au cours de la première période, s’étalant de 1870 à 1939 et correspondant peu ou prou au régime d’étalon-or, le volume de crédit au niveau agrégé s’avère étroitement lié à la masse monétaire. Agrégat monétaire et crédit sont volatiles, mais ils maintiennent l’un avec l’autre une relation des plus stables à long terme. L’agrégat monétaire large et le volume de prêts représentent sur la période 50 à 60 % du PIB, tandis que les actifs bancaires représentaient 80 à 90 % du PIB. Toutefois, avec la Grande Dépression, les agrégats monétaire et de crédit s’effondrent relativement au PIB tout au long des années trente et leur relation devint instable. Au cours de la seconde ère du capitalisme financier, monnaie et crédit vont croître très rapidement, le processus se poursuivant même après que le système financier ait recouvert la totalité des pertes qu'il réalisa lors des années trente. Avec la hausse du levier d’endettement se combinant avec le financement croissant via les passifs non monétaires des banques, le crédit se découple de l’agrégat monétaire large et connait une croissance rapide. En 2007, l’agrégat monétaire représentait 70 % du PIB, les prêts bancaires plus de 100 % et les actifs bancaires plu de 200 %. Le crédit joua ces dernières décennies un rôle croissant au niveau macroéconomique, notamment en raison des innovations financières et du relâchement du cadre régulateur.

Schularick et Taylor ont ensuite observé le comportement des agrégats monétaire et de crédit dans les années suivant une crise financière. Les données font à nouveau apparaître une mutation des dynamiques de crise avec la Seconde Guerre mondiale. Au cours des crises survenues après 1945, les banques centrales ont soutenu la croissance monétaire par des actions plus agressives et les crises ne se sont pas soldées par un effondrement de l’agrégat monétaire large. Les interventions publiques ont ainsi évité que se reproduisent les épisodes désastreux de désendettement et de déflation qui ponctuaient régulièrement l’histoire économique d’avant-guerre. Les répercussions « réelles » des crises financières n’ont toutefois pas été atténuées : malgré l’activisme des autorités monétaires pour contenir la transmission des crises, la profonde financiarisation de l’économie au cours de ces dernières décennies a rendu celle-ci plus vulnérable aux dynamiques financières.

L’analyse empirique menée par Schularick et Taylor tend selon eux à accréditer l’explication minskyenne du cycle conjoncturel. Leurs propres travaux rejoignent les conclusions de la BRI en mettant en évidence que la croissance passée du crédit constitue un indicateur des plus pertinents de la survenue de crises bancaires et financières. Le pouvoir prédictif du crédit est supérieur à celui des autres variables macroéconomiques et notamment de l’agrégat monétaire large, ce qui n’est pas étonnant au regard des évolutions du système financier.

Enrique Mendoza et Marco Terrones (2012) ont proposé une nouvelle méthodologie pour mesurer et identifier les booms de crédit. Leur méthode consiste à départager les composantes cycliques et tendancielles de l’évolution du crédit réel par tête dans chaque pays. Ils définissent alors le boom du crédit comme un épisode au cours duquel le crédit du secteur privé excède d'un certain seuil sa tendance de long terme. Les deux auteurs ont appliqué leur méthode sur un échantillon de 21 pays avancés et de 40 pays en développement. Ils recensent 70 booms du crédit pour la période s’étalant de 1960 à 2010, dont la moitié des occurrences s’est déroulée dans les pays avancés. Les phases haussières de ces booms sont associées à des expansions économiques, une hausse des prix boursiers et immobiliers, une appréciation réelle de la devise et un creusement des déficits externes. Les phases de contraction du crédit sont associées aux dynamiques inverses. De plus, les booms du crédit tendent à être synchronisés au niveau mondial. Ils sont notamment centrés sur des événements majeurs tels que la crise de la dette des années quatre-vingt, la crise du système monétaire européen (SME) en 1992, les fuites des capitaux dans les économies émergentes tout au long des années quatre-vingt-dix et enfin la crise mondiale de 2008.

Les booms du crédit, qu’ils surviennent parmi les économies avancées ou bien les économies émergentes, possèdent trois similitudes. Premièrement, ils sont similaires en magnitude. Deuxièmement, même s’ils n’aboutissent pas tous à des crises, leur pic est souvent suivi par des crises bancaires, des crises de devise ou des fuites de capitaux. Troisièmement, les booms de crédit sont reliés aux expansions économiques, puisqu’ils suivent souvent des épisodes d’afflux en capitaux, de forts gains de productivité et de profondes réformes financières. Plus exactement, les afflux de capitaux et les réformes financières jouent relativement plus souvent le rôle de déclencheur dans un boom du crédit parmi les pays en développement, tandis que ce sont les gains de productivité qui amorcent relativement plus souvent une expansion excessive du crédit dans les pays avancés. Les deux auteurs notent que les booms du crédit sont en outre plus fréquents en régime de change administré qu’en régime flexible.

 

Références Martin ANOTA

BORIO, Claudio, & William R. WHITE (2003), « Whither Monetary and Financial Stability: The Implications of Evolving Policy Regimes », Federal Reserve Bank of Kansas City.

EICHENGREEN, Barry, & Kris J. MITCHENER (2003), « The great depression as a credit boom gone wrong », BIS working paper, n° 137, septembre.

KINDLEBERGER, Charles P. (1978), Manias, Panics, and Crashes: A History of Financial Crises.

MENDOZA, Enrique G., & Marco E. TERRONES (2012), « An anatomy of credit booms and their demise », Banque centrale du Chili, working paper, juillet.

MINSKY, Hyman P. (1986), Stabilizing an Unstable Economy.

MINSKY, Hyman P. (1992), « The Financial Instability Hypothesis », Levy Institute, working paper, n° 74.

SCHULARICK, Moritz, & Alan TAYLOR (2009), « Credit booms go wrong », in VoxEU.org, 8 décembre.

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 20:26

Robert Gordon (2012a, b) explore les dynamiques de croissance à long terme des Etats-Unis en revenant tout d’abord sur les tendances lourdes observées jusqu’en 2007, puis en conjecturant le sentier de croissance que l’économie américaine devrait suivre ces prochaines décennies. Son analyse fait explicitement abstraction de la Grande Récession, même si la crise a pu avoir de profonds effets structurels sur le potentiel de croissance. Elle se focalise sur l’économie américaine, car c’est bien celle-ci qui n’a cessé de repousser la frontière technologique et le niveau de vie depuis la fin du dix-neuvième siècle en prenant la place de la Grande-Bretagne comme centre névralgique de l’économie-monde et ainsi comme moteur de la croissance mondiale. Si à l’avenir les Etats-Unis ne parvenaient plus à repousser la frontière technologique, soit les autres pays prendraient le relais et contribueraient eux-mêmes à la repousser, soit ils s’en montreraient incapables et verraient leurs propres perspectives de croissance en être sensiblement altérées.

Gordon met en avant un certain nombre de faits saillants :

1. La période s’étalant entre 1750 et 2007 pourrait s’avérer exceptionnelle dans l’histoire économique. La croissance du PIB réel par tête avait été quasiment nulle avant 1700, date à partir de laquelle elle commença à accélérer. Rien ne garantit que la croissance se poursuivra à l’avenir au même rythme que celui poursuivi au cours de ces 250 dernières années.

2. La croissance de la production par tête pour le pays à la frontière technologique a accéléré de 1750 jusqu’au milieu du vingtième siècle. Elle a culminé aux Etats-Unis entre 1928 et 1950. Elle ralentit constamment depuis et pourrait atteindre 0,2 % en 2100. Avant 1700, plusieurs siècles devaient s’écouler pour que le revenu par habitant double. Celui-ci a été multiplié par deux aux Etats-Unis en seulement 28 ans sur la période s’étalant entre 1929 et 1957, puis en 31 ans entre 1957 et 1988. Mais il pourrait ne progresser que très lentement au cours du vingt-et-unième siècle, au point de n’atteindre le double de son niveau de 2007 qu’en 2100. Cette convergence vers un état semi-stationnaire ne dépendrait fondamentalement pas des fluctuations conjoncturelles, mais constituerait bien une tendance structurelle. Comme plusieurs secteurs innovateurs le montrent déjà, le processus d’innovation, qui s’avère si essentiel aux gains de productivité et partant à la croissance, bute sur les rendements décroissants.

3. L’histoire économique a été marquée par trois révolutions industrielles. La première s’est déroulée entre 1750 et 1830. Ses principales innovations ont été les machines à vapeur, le filage du coton et les voies ferrées. La deuxième s’est déroulée entre 1870 et 1900. Ses innovations majeures ont été les centrales électriques, le moteur à combustion interne et l’eau courante avec la plomberie intérieure. Ces deux révolutions ont chacune nécessité un siècle pour entièrement déployer leurs effets sur l'économie. Les innovations générées par la deuxième révolution transformaient encore profondément l’économie au cours des années soixante. Le ralentissement de la productivité observé dès les années soixante-dix pourrait s’expliquer par le fait que l’ensemble des potentialités attachées à ces innovations avaient alors été pleinement exploitées.

4. La troisième révolution industrielle a débuté dans les années soixante et atteint son apogée à la fin des années quatre-vingt-dix avec la bulle internet et l’euphorie de la nouvelle économie. Les ordinateurs, internet et les téléphones portables constituent ses principales innovations. Son impact sur la productivité s’est largement dilué dans la dernière décennie. En ce qui concerne les tâches répétitives, l'essentiel de la substitution du travail par les ordinateurs s’est opéré lors des décennies soixante-dix et quatre-vingt. Par rapport aux innovations des précédentes révolutions industrielles, les innovations mises au point depuis 2000 ont eu un impact relativement négligeable sur la productivité ou le niveau de vie.

5. Le processus d’innovation doit être pensé comme une série d’inventions discrètes suivies par des améliorations incrémentales qui vont permettre la pleine exploitation du potentiel de l’innovation initiale. Si ce processus s’est à chaque fois étalé sur une centaine d’année au cours des deux premières révolutions industrielles, il s’est en revanche avéré très rapide lors de la troisième.

6. Les innovations en cours vont toujours contribuer à faire progresser le niveau de vie, mais moins rapidement qu’auparavant. Non seulement les innovations n’auront plus la même capacité à catalyser l’activité économique que par le passé, mais l’économie américaine est en outre confrontée à six macrodynamiques qui réduiront fortement son potentiel de croissance. Les taux de croissance américains seront largement inférieurs à ceux observés lors des deux derniers siècles. La croissance de la consommation réelle par habitant sera en outre encore plus faible pour les 99 % des ménages les mois aisés.

Gordon identifie ainsi six contraintes majeures pesant sur la croissance américaine, des contraintes déjà manifestes en 2007, mais qui prendront une plus grande acuité ces prochaines décennies. Certaines sont partagées avec le reste des pays avancés, d’autres sont propres aux Etats-Unis.

1. Le dividende démographique a constitué un événement unique qui, après avoir contribué positivement au développement économique, joue désormais en sens inverse. Aujourd’hui, les baby boomers se retirent massivement de la vie active. Les heures travaillées par tête déclinent, donc la production par tête doit croître plus lentement que la productivité. L’allongement de l’espérance de vie va maintenir l’effet dépressif sur l’activité.

2. L’évolution du niveau de scolarité a atteint un plateau aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’années. L’inflation des coûts dans l’enseignement supérieur entraîne un gonflement de la dette étudiante qui perturbe les projets professionnels et désincite les populations à faibles revenus à poursuivre leurs études à l’université. Les Etats-Unis voient leur place rétrograder dans les classements internationaux des performances des systèmes éducatifs, notamment l’enquête PISA. Il y a une divergence croissante dans les rendements scolaires entre les groupes ethniques. Puisque la population hispanique présente une faible performance scolaire, sa place croissante dans la population scolarisée entraîne une détérioration de la performance nationale. L’écart dans les résultats s’accroît également entre filles et garçons.

3. La montée des inégalités prive une majorité de la population des fruits de la croissance. Si la croissance annuelle du revenu réel des ménages a été en moyenne de 1,3 % entre 1993 à 2008, les ménages du centile supérieur se sont accaparés plus de la moitié des gains générés sur la période. Rien ne semble pouvoir à moyen terme contenir ou renverser l’élargissement des écarts de revenus.

4. La mondialisation interagit pernicieusement avec le développement des technologies de l'information et de la communication pour accélérer le rattrapage des pays émergents et accroître la pression à la baisse sur les salaires et revenus réels dans les pays avancés. L’externalisation et l’importation mettent directement les travailleurs américains en concurrence avec la main-d’œuvre étrangère. L’économie mondiale est le théâtre d'une puissante égalisation des prix des facteurs qui ne peut s'opérer qu'au détriment des pays aux salaires les plus élevés, et ce en conformité avec le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson.

5. La croissance américaine sera affectée par les mesures mises en place pour lutter contre le réchauffement climatique. L’instauration d’une taxe carbone au Etats-Unis, en accroissant notamment le prix des carburants, réduira le budget que les ménages consacrent aux autres postes de dépenses. En revanche, de leur côté, la Chine et l’Inde émettent en des quantités toujours plus massives, mais toutes les deux sont réticentes à contraindre leur croissance par une fiscalité environnementale dans la mesure où les pays avancés d’aujourd’hui ne se sont pas imposés de telles contraintes lors de leur propre industrialisation.

6. La stabilisation des dettes publiques et privées pose une ultime contrainte sur la croissance américaine. Le désendettement des ménages atténue aujourd’hui la force de la reprise. Le retour de l’endettement public sur une trajectoire soutenable pèsera également sur le taux de croissance du PIB.

GRAPHIQUE  Taux de croissance du PIB réel par tête du meneur technologique (en %)

Robert-Gordon--croissance-americaine.png

Quel sera l’impact quantitatif de ces six tendances lourdes ? Pour répondre à cette question, Gordon va faire l’hypothèse que les innovations maintiendront la croissance du PIB réel par tête au même taux que celui observé au cours des deux décennies précédant 2007, c’est-à-dire annuellement 1,8 %, ce qui amène finalement l’auteur à supposer qu’une innovation devrait prochainement apparaître et avoir le même impact qu’internet sur la productivité. Malgré cette hypothèse optimiste, le retrait des baby boomers de la vie active ramène le taux de croissance à 1,6 %, puis l’échec de la scolarisation à 1,4 %. Si les inégalités poursuivent leur ascension, les 99 % des ménages les moins aisés verraient leur revenu s’accroître au taux de 0,9 % par an. La poursuite de la globalisation et la plus forte taxation des énergies amputeraient chacune d’entre elles ce chiffre de 0,2 points de croissance. Enfin, le désendettement des ménages, le relèvement des prélèvements obligatoires et la réduction des transferts de revenus ramèneraient le taux de croissance annuel du PIB réel par tête à 0,2 % (cf. graphique). Les 99 % des ménages les moins aisés verraient leur consommation réelle augmenter moins rapidement que le remboursement de leur dette.

 

Références Martin ANOTA

GORDON, Robert (2012a), « Is US economic growth over? Faltering innovation confronts the six headwinds », CEPR Policy Insight, n° 63.

GORDON, Robert (2012b), « Is US economic growth over? Faltering innovation confronts the six headwinds », in VoxEU.org, 11 septembre.

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