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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 19:14

Aux Etats-Unis, le taux de chômage s’est considérablement élevé depuis 2008 en passant de 4,5 % à un maximum de 10 % et il demeure toujours aujourd’hui au-dessus de 8 %. Le taux de participation à la main-d’œuvre a quant à lui fortement baissé. L’ampleur de la récession et l’incapacité de la reprise économique à générer un flux suffisant d’emplois amène plusieurs économistes à affirmer que le taux de chômage ne reviendra pas à son niveau d’avant-crise. En l’occurrence, certains estiment que le taux « naturel » du chômage s’est fortement élevé au cours de la récession. Plusieurs études cherchent à déterminer si la hausse du taux de chômage ou tout du moins sa persistance à un niveau élevé s’expliquent ou non par des changements structurels, c’est-à-dire permanents ou du moins durables, du marché du travail. Ce débat n’est pas neutre pour la politique économique : une nature éminemment conjoncturelle et non structurelle du chômage plaide pour une action plus agressive de la part des autorités publiques et en particulier de la banque centrale afin de ramener le taux de chômage à son niveau d’avant-crise.

Edward Lazear et James Spletzer (2012) ont évalué tout un ensemble de mutations structurelles qui seraient susceptibles d’empêcher le redémarrage de l’activité économique de générer de l’emploi. Leur analyse ne décèle aucun changement dans la structure du marché du travail qui pourrait expliquer la persistance du chômage à des niveaux élevés. L’observation empirique met plutôt en évidence l’existence de facteurs principalement cycliques : le seul problème expliquant la faiblesse de l’emploi serait tout simplement l’atonie de la croissance économique. En effet, au cours de la Grande Récession, certains secteurs tels que la construction, l’activité manufacturière et la vente au détail, subirent une hausse disproportionnée du chômage. Ces secteurs, qui contribuèrent amplement à la hausse du chômage après 2007, furent justement ceux qui participèrent pour beaucoup à la diminution du chômage au niveau agrégé depuis 2009. Les deux auteurs ont également observé l’indicateur d’inadéquation (mismatch) qui mesure le décalage entre les postes vacants et le nombre de chômeurs dans un secteur, une profession ou un lieu donnés. L’inadéquation sectorielle s’est fortement accentuée au cours de la Grande Récession, mais elle reflue ensuite tout aussi rapidement. Au final, la récession actuelle ne semble pas différer fondamentalement des précédentes, à ceci près qu’elle s’avère d’une plus grande ampleur.

Deux exceptions apparaissent toutefois dans leur étude. Tout d’abord, la part des chômeurs de longue durée dans le nombre total de chômeurs est plus élevée qu’elle ne le fut lors des précédentes récessions, même au cours de celles où le taux de chômage avait atteint des niveaux équivalents. Cependant, cela ne semble dû à aucun changement structurel d’après Lazear et Spletzer, mais plutôt à l’ampleur même de la récession. La Grande Récession se singularise également sur un autre point : il y a plus d’emplois vacants par chômeur que ce ne fut le cas il y a deux ans. Il leur paraît toutefois prématuré d’affirmer que cet apparent déplacement de la courbe de Beveridge constitue un changement permanent tant que le chômage n’a pas retrouvé des niveaux normalisés.

D’autres économistes expliquent au contraire la faiblesse de la reprise de l’emploi par l’existence de tendances de long terme affectant négativement le marché de l’emploi. Nir Jaimovich et Henry E. Siu (2012) ont notamment mis en rapport deux phénomènes majeurs. D’un côté, la structure de l’emploi a considérablement changé aux Etats-Unis au cours des trois dernières décennies. Plusieurs études ont notamment mis en évidence une concentration croissante des emplois aux extrêmes de la distribution des qualifications, c’est-à-dire en d’autres termes une disparition relative des emplois moyennement qualifiés. Puisque la distribution des revenus est étroitement liée à la distribution des qualifications, la polarisation des emplois se traduit par une déformation équivalente dans la distribution des revenus. Cette tendance a été reliée à la disparition des emplois focalisés sur les tâches routinières, c’est-à-dire sur les activités qui peuvent être réalisées en suivant un ensemble bien défini d’instructions et de procédures. Parmi les professions non manuelles de routine s’inscrivent celles de secrétaires, de guichetiers, de caissiers ou encore d’agents de voyage ; les professions manuelles de routine comprennent quant à elles celles d’opérateurs de machine, de mécaniciens, de couturiers, d’assembleurs ou encore de cimentiers. Les professions organisées autour des tâches non routinières, c’est-à-dire celles exigeant de la flexibilité, de la créativité ou des interactions humaines, n’ont pas connu une telle déformation dans la distribution des qualifications. Selon toute une littérature initiée par les travaux de David Autor, Frank Levy et Richard Murnane (2003), cette polarisation de l’emploi serait principalement due au progrès technologique, puisque celui-ci entraîne une substitution du travail par les machines dans la réalisation des tâches routinières.

D’un autre côté, les reprises consécutives aux trois dernières récessions, c’est-à-dire consécutives aux récessions qui ont débuté en 1991, en 2001 et en 2009, se sont avérées fort peu créatrices d’emplois : le redémarrage de l’activité économique s’est accompagné d’une reprise de l’emploi relativement plus lente que lors des précédents épisodes de récessions. L’emploi continua même de décliner dans les années suivant le rebond de l’activité.

Jaimovich et Siu affirment que les phénomènes de polarisation de l’emploi et de reprises sans emplois sont intimement liés l’un à l’autre. En effet, la polarisation de l’emploi n’est pas un phénomène graduel, opérant à un rythme régulier, mais un phénomène consubstantiel aux cycles d’affaires, puisque la perte des emplois routiniers moyennement qualifiés est extrêmement concentrée sur les épisodes de ralentissement conjoncturel. Ensuite, puisque l’emploi dans les professions routinières représente une composante majeure de l’emploi total, sa contraction lors des récessions explique l’essentiel de la chute de l’emploi au niveau agrégé. Troisièmement, le phénomène de reprises sans emplois n’est observable que dans les emplois moyennement qualifiés. Soit les professions à faibles ou hautes qualifications n’expérimentent pas de contractions dans l’emploi, soit elles s’avèrent très rapidement créatrices d’emplois lorsque s’opère la reprise de l’activité économique. Par conséquent, les reprises sans emplois peuvent être attribuées à la disparition d’emplois routiniers au cours des récessions.

Ces tendances lourdes sous-jacentes au marché du travail américain sont selon Jaimovich et Siu indépendantes de l’évolution de la composition de la main-d’œuvre en termes de niveau de diplômes. Plus exactement, la population des travailleurs peu éduqués ne peut être confondue avec celle des travailleurs affectés aux tâches routinières. Certes, le niveau de diplôme est corrélé à la profession, mais il est encore plus intimement lié à la distinction entre professions cognitives et manuelles : les travailleurs faiblement éduqués tendent à se diriger vers les emplois manuels, tandis que les travailleurs très éduqués se tournent quant à eux vers les emplois cognitifs. La polarisation de l’emploi ne peut donc simplement s’expliquer par le changement dans la composition de la main-d’œuvre en termes de niveau d’éducation. De la même façon, les reprises sans emplois ne reflètent pas simplement les évolutions touchant les travailleurs peu diplômés suite au retournement de la conjoncture. En effet, les travailleurs hautement éduqués sont en effet relativement plus affectés par la conjoncture lorsqu’ils travaillent dans des professions routinières ; parmi les travailleurs faiblement éduqués, les reprises sans emplois n’affectent que les professions routinières.

 

Références Martin ANOTA

AUTOR, David H., Frank LEVY & Richard J. MURNANE (2003), « The skill content of recent technological change: An empirical exploration », in Quarterly Journal of Economics, vol. 118, n° 4.

JAIMOVICH, Nir, & Henry E. SIU (2012), « The trend is the cycle: Job polarization and jobless recoveries », NBER working paper, août.

LAZEAR, Edward P., & James R. SPLETZER (2012), « The United States labor market: Status quo or a new normal?  », NBER working paper, septembre.

PITTS, Melinda, Richard ROGERSON & Robert SHIMER (2012), « Examining the recession’s effects on labor markets », in Macroblog, Federal Reserve Bank of Atlanta, 20 septembre.

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 21:01

Les études s’accordent pour une diminution des inégalités dans les pays avancés jusqu’aux années soixante-dix, puis la tendance s’est retournée et les inégalités semblent de nouveau s’accroître en leur sein. Si le choc pétrolier et les politiques de désinflation compétitive se sont par exemple traduits par d’amples fluctuations dans la répartition de la valeur ajoutée entre travail et capital dans plusieurs pays européens tels que la France, les économies anglo-saxonnes semblent ne pas avoir connu une telle déformation.

A partir de trois sources de données mesurant différemment la part des rémunérations du travail dans le revenu total, Margaret Jacobson et Filippo Occhino (2012b) mettent toutefois en évidence que celle-ci a diminué aux Etats-Unis au cours des trois dernières décennies au profit des revenus du capital. Tout d’abord, selon les données du Bureau of Economic Analysis (BEA), la part du travail dans le PIB a fluctué autour de 67 % des années quatre-vingt jusqu’au début des années deux mille, mais elle décline depuis pour atteindre désormais 63,8 % (cf. courbe marron sur le graphique ci-dessous). Ensuite, selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), le ratio du coût du travail sur l’output pour le secteur des entreprises non agricoles a quant à lui fluctué autour de 65 % jusqu’au début des années quatre-vingt, puis décliné jusqu’à atteindre récemment 58,2 % (cf. courbe verte). Enfin, la part du revenu rémunérant le travail est passée de 75 % en 1979 à 67 % en 2007 d’après les données du Congressional Budget Office (CBO). Par conséquence, Jacobson et Occhino affirment, tout d’abord, que la part du revenu du travail a connu une baisse significative, comprise entre 3 et 8 points de pourcentage, lors des trois dernières décennies, mais aussi que cette tendance s’est accélérée au cours des années deux mille.

GRAPHIQUE  La part du revenu rémunérant le travail aux Etats-Unis

labor part

La répartition des revenus s’en est ainsi trouvée profondément affectée. La rémunération du travail constitue en effet la principale source de revenus pour les ménages américains, tandis que les revenus du capital sont fortement concentrés sur les ménages à hauts revenus. Durant les trois dernières décennies, le revenu total s’est donc davantage concentré au sommet de la distribution et les inégalités se sont accrues. Jusqu’aux années soixante-dix, le revenu réel des ménages les plus pauvres tendait à augmenter plus rapidement que le revenu des plus aisés, ce qui se traduisait par une réduction régulière des inégalités, mais la tendance s’inverse dans la décennie suivante et la part du revenu national destinée aux ménages à hauts revenus tend de nouveau à s’élever : à partir de 1980, le revenu moyen réel a en effet augmenté de 0,05 % pour les 20 % des ménages les plus pauvres, alors qu’il augmentait en parallèle de 1,34 % pour les 20 % des ménages les plus aisés et de 1,67 % pour le centile supérieur. Selon les données du bureau du recensement (Census Bureau), l’indice Gini des Etats-Unis est passé de 0,40 en 1967 à 0,48 en 2011 ; selon le CBO, qui utilise quant à lui les données sur l’impôt sur les revenus et une plus large définition du revenu incluant les gains en capital, l’indice Gini est passé de 0,48 en 1979 à 0,59 en 2007.

Le progrès technique, essentiellement économe en main-d’œuvre et biaisé en faveur du travail qualifié, a pu jouer un rôle déterminant dans la déformation du partage de la valeur ajoutée en faveur du capital, mais aussi et peut-être surtout dans l’accroissement des inégalités au sein même de la masse salariale au détriment des travailleurs peu qualifiés. Les nouvelles technologies en information et communication ont pu rendre le capital relativement plus productif que le travail et accroître son rendement relatif. L’ouverture au commerce international et le moindre pouvoir de négociation des travailleurs constituent également des éléments clés pour expliquer le déclin tendanciel de la part du travail.

La question du partage de la valeur ajoutée et plus largement des inégalités de revenus est loin d’être dénuée d’importance pour l’analyse macroéconomique. Plusieurs économistes suggèrent notamment que l’explosion des inégalités a contribué à l’accumulation des déséquilibres financiers qui ont conduit l’économie mondiale en crise en 2008. Selon cette optique, la stabilité macroéconomique ne peut être pleinement assurée tant que l’accroissement des inégalités n’est pas contenu et renversé pour ramener ces derniers vers un niveau plus soutenable. Or pour l’heure, rien ne semble modifier structurellement la dynamique des inégalités.

Jacobson et Occhino ont cherché à déterminer comment évolueront à l’avenir les inégalités si les tendances lourdes qui leur sont sous-jacentes se maintiennent. Pour cela, ils ont utilisé les données du BEA et du BLS afin de distinguer les composantes structurelles et conjoncturelles des dynamiques suivies par les inégalités de revenu. Leur modélisation fait apparaître que le niveau tendanciel de la part du travail a diminué de 1,5 à 2 points de pourcentage entre 1980 et 2000, puis chuté de 2 à 3 points de pourcentage dans la décennie suivante. Elle a donc diminué de 4 à 4,5 points de pourcentage sur l’ensemble de la période. En outre, la part du travail est actuellement de 1 à 1,5 point de pourcentage sous son niveau tendanciel de long terme. Si la reprise se confirme, la part du travail devrait converger vers son niveau tendanciel et une partie de son déclin au cours des cinq dernières années disparaitra, ce qui se traduira par une réduction temporaire des inégalités.

Les inégalités ne sont toutefois pas seulement déterminées par les parts respectives destinées au travail et au capital, mais également par la concentration au sein de chacun d’entre elles. Puisque la concentration des revenus du travail dépend de multiples variables, telles que le progrès technique, la détermination de son évolution future s’avère compliquée. La concentration des revenus du capital est toutefois quant à elle fortement procyclique selon Jacobson et Occhino (2012b) : elle s’accroit durant les périodes d’expansion économique et au contraire diminue lors des ralentissements conjoncturels, ce qui laisse suggérer que la concentration sur les hauts revenus a diminué lors de la Grande Récession et qu’elle s’accentuera à nouveau lors des premières années de l’actuelle reprise si celle-ci se confirme. Au cours des deux derniers cycles d’affaires, cet effet avait dominé la dynamique des inégalités de revenus, ce qui laisse suggérer que l’évolution future des revenus sera essentiellement influencée par l’ampleur de la reprise et par l’accroissement qui en résulte dans la concentration des revenus du capital.

 

Références Martin ANOTA

JACOBSON, Margaret, & Filippo OCCHINO (2012a), « Behind the decline in labor’s share of income », Federal Reserve Bank of Cleveland, Economic Trends, 3 février.

JACOBSON, Margaret, & Filippo OCCHINO (2012b), « Labor’s declining share of income and rising inequality », Federal Reserve Bank of Cleveland, Economic Commentary, 25 septembre.

TAYLOR, Timothy (2012), « Labor’s smaller share », in Conversable Economist, 27 septembre.

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 19:35

Les marchés financiers internationaux ne fonctionnent pas sans frictions ; l’effet taille de marché et les asymétries d’information contribuent à leur segmentation, à leur modelage spatial. Le commerce en actifs financiers entre notamment en étroite interaction avec le commerce en biens et services. L’histoire aussi importe dans la géographie de la finance internationale. En l’occurrence, comme le mettent en avant Livia Chiţu, Barry Eichengreen et Arnaud Mehl (2012) dans leur récent document de travail pour la Banque centrale européenne, l’investissement financier passé peut significativement influencer l’investissement courant en raison de l’existence de coûts fixes. Si les entreprises en entrant sur un marché ont dû supporter des coûts fixes qu’elles ne pourront que difficilement récupérer en en sortant, les chocs transitoires que constituent les pénétrations de marché sont alors propres à influencer à long terme l’agencement des flux commerciaux. Les sociétés financières font notamment face à des coûts fixes lorsqu’elles cherchent à commercialiser des obligations étrangères auprès d’investisseurs domestiques ; les banques, par exemple, peuvent alors créer des filiales à l’étranger de manière à recueillir les informations relatives aux marchés étrangers.

Les coûts fixes ne doivent pas nécessairement être importants pour exercer des effets persistants sur la géographie des détentions en actifs ; il suffit simplement qu’ils diffèrent d’un pays à l’autre. En l’occurrence, s’il y a asymétrie d’information, même un léger avantage informationnel à propos des actifs domestiques suffira à générer un biais domestique significatif. La plus grande information disponible réduira le risque associé aux actifs domestiques tel qu’il est perçu par les participants au marché, si bien que ces derniers seront incités à accroître leur demande pour ces actifs et à acquérir encore davantage d’informations les concernant. Un avantage informationnel initialement faible peut donc tendre à s’amplifier au cours du temps. Des coûts fixes d’investissement initialement plus faibles dans certains pays peuvent de la même manière se traduire au cours du temps par un investissement toujours plus important à destination de ces pays.  

Les détentions passées en obligations d’un pays donné constituent un indicateur indirect des coûts fixes auxquels font face les investisseurs financiers, dans la mesure où ces derniers ont dû subir des coûts pour acquérir les informations relatives à ces titres. Chiţu, Eichengreen et Mehl ont donc utilisé les données relatives aux détentions d’obligations étrangères par les investisseurs américains dans 88 pays en 1943 pour observer les effets de dépendance au sentier qu’impliquent les coûts irrécouvrables dans l’entrée et sortie du marché obligataire. Il apparaît alors que la configuration des dotations américaines en titres d’il y a sept décennies expliquent en partie leur allocation actuelle : une hausse de 1 % dans le volume d’actifs détenus dans un pays donné en 1943 par les investisseurs américains est associée à une hausse de 1% dans le volume d’actifs possédés aujourd’hui dans ce même pays. L’impact de l’histoire sur les détentions américaines en obligations étrangères dépend de la devise en laquelle sont libellés ces titres. L’« effet histoire » est en l’occurrence deux fois plus important pour les obligations libellées en dollars, ce qui s'expliquerait par la relative importance des coûts auxquels sont confrontés les investisseurs américains lorsqu’ils font l’acquisition d’actifs libellés dans une devise autre que le dollar. Le rôle que le dollar joue actuellement en tant que devise de placement international constitue véritablement un héritage de l’époque où il détrôna la livre sterling.

 

Référence Martin ANOTA

CHIŢU, Livia, Barry EICHENGREEN & Arnaud MEHL (2012), « History, gravity, and international finance », ECB working paper, n° 1466, septembre.

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