Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:19

Les échanges internationaux de biens et services ont explosé dans les années 1990 et 2000, alimentés en particulier par les exportations de produits en provenance de pays à bas coûts, en premier lieu de la Chine. Cela ne s’est pas traduit que par des gains, en termes de pouvoir d’achat et de diversité des produits par exemple, pour les populations [Dorn et Levell, 2021]. La plus forte concurrence à l’importation a significativement contribué au déclin de l’emploi industriel aux Etats-Unis [Autor et alii, 2013]. Même si, dans le sillage de la crise financière mondiale, la vague d’hypermondialisation s’est essoufflée et la part des produits asiatiques, notamment chinois, dans les importations américains a atteint un plateau, les effets du « choc chinois » sur l’emploi américain se sont révélés être particulièrement durables [Autor et alii, 2021]. Si la majorité de la population américaine est restée favorable au libre-échange, ce dernier a suscité des crispations croissantes dans les débats politiques aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie. C'est un candidat au discours protectionniste qui gagne les élections présidentielles en 2016, avec notamment pour programme de « ramener des emplois en Amérique ».

GRAPHIQUE 1  Exposition aux droits de douane sur les importations

Quelles ont été les conséquences de la guerre commerciale de Trump pour les Etats-Unis ?

Début 2018, l’administration Trump a commencé à fortement relever les taxes douanières sur des importations en provenance de Chine et de quelques autres pays. Ces mesures protectionnistes ont déclenché une véritable guerre commerciale : les pays ciblés par l’administration Trump ont relevé en représailles leurs droits de douane sur leurs importations de produits américains, en particulier les produits agricoles, et les Etats-Unis ont réagi en adoptant de nouvelles mesures à l’égard des premiers. En deux ans, les droits de douane américains sur les importations de produits chinoises sont passés en moyenne de 3,1 % à 21,0 %, tandis que les droits de douane chinois sur les importations de produits américains sont passés en moyenne de 8,0 % à 21,8 %. L’administration Trump a fortement accru les subventions publiques au secteur agricole pour atténuer l’effet des représailles étrangères sur celui-ci. Après deux ans, la guerre commerciale a cessé d’escalader avec la signature d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine conclu en janvier 2020.

GRAPHIQUE 2  Exposition aux représailles étrangères

Quelles ont été les conséquences de la guerre commerciale de Trump pour les Etats-Unis ?

Les hausses de droits de douane, en particulier celles adoptées en représailles par les autres pays, n’ont pas ciblé n’importe quels produits (cf. graphiques 1 et 2). Fajgelbaum et alii (2020) estiment que les secteurs les plus exposés aux droits de douane de l’administration Trump et aux représailles étrangères ont eu tendance à se concentrer sur les régions dirigées par des élus républicains. De leur côté, Thiemo Fetzer et Carlo Schwarz (2021) et Sung Eun Kim et Yotam Margalit (2021) estiment que les représailles chinoises ont été conçues de façon à infliger des dommages au parti républicain. Quant aux subventions publiques, ce sont bien les régions les plus agricoles qui en ont le plus bénéficié (cf. graphique 3). 

GRAPHIQUE 3  Subventions agricoles par tête

Quelles ont été les conséquences de la guerre commerciale de Trump pour les Etats-Unis ?

Les analyses empiriques ont suggéré que la guerre commerciale a détérioré la situation économique des Etats-Unis [Amiti et alii, 2019 ; Fajgelbaum et alii, 2020 ; Cavallo et alii, 2021 ; Flaaen et alii, 2021]. Dans une nouvelle étude, David Autor, Anne Beck, David Dorn et Gordon Hanson (2024) concluent que la guerre commerciale n’a pas aidé le « cœur » des Etats-Unis. En effet, les droits de douane sur les importations de biens étrangers n’ont ni augmenté, ni réduit l’emploi dans les secteurs nouvellement protégés. En revanche, les droits de douane adoptés en représailles par les autres pays ont eu un impact clairement négatif sur l’emploi, en particulier dans le secteur agricole. Ces effets négatifs n’ont été qu’en partie atténués par les subventions publiques adoptées par l’administration Trump pour les contrer.

Plusieurs travaux ont également cherché à identifier les répercussions politiques de la guerre commerciale aux Etats-Unis. D’un côté, Olga Chyzh et Robert Urbatsch (2020), Sung Eun Kim et Yotam Margalit (2021) et Emily Blanchard et alii (2024) constatent que celle-ci a fait perdre des voix aux républicains lors des élections de mi-mandat. De l’autre, James Lake et Jun Nie (2022) et Jaerim Choi et Sunghun Lim (2023) estiment qu’elle a fait gagné des voix aux républicains lors de l’élection présidentielle de 2020. 

Autor et ses coauteurs concluent pour leur part que les résidents des régions les plus exposées aux droits de douane ont été moins susceptibles de s’identifier comme démocrates, davantage susceptibles de réélire Donald Trump en 2020 et davantage susceptibles de voter républicain pour le Congrès. Certes, Autor et ses coauteurs vont dans le sens de Kim et Margalit (2021) et Blanchard et alii (2024) en concluant que les mesures de représailles des autres pays ont en soi érodé le soutien en faveur des républicains, mais ils estiment que les droits de douane et les subventions publiques de l’administration Trump (bien que peu efficaces d’un point de vue économique) ont davantage renforcé ce soutien, si bien que l’effet net sur celui-ci a été positif. En outre, ils notent que ces gains électoraux se sont concentrés dans les régions qui ont le plus subi l’intensification de la concurrence chinoise et dont les secteurs ont par la suite été les plus protégés par les mesures protectionnistes de l’administration Trump. 

 

Références

AMITI, Mary, Stephen J. REDDING & David E. WEINSTEIN (2019), « The impact of the 2018 trade war on U.S. prices and welfare », in Journal of Economic Perspectives, vol. 33, n° 4.

AUTOR, David H., Anne BECK, David DORN & Gordon HANSON (2024), « Help for the heartland? The employment and electoral effects of the Trump tariffs in the United States », NBER, working paper.

AUTOR, David H., David DORN & Gordon H. HANSON (2013), « The China syndrome: Local labor market effects of import competition in the United States », in American Economic Review, vol. 103, n° 6.

AUTOR, David H., David DORN & Gordon H. HANSON (2021), « On the persistence of the China shock », in Brookings Papers on Economic Activity, vol. 2021, n° 2.

BLANCHARD, Emily J., Chad P. BOWN & Davin CHOR (2024), « Did Trump's trade war impact the 2018 election? », in Journal of International Economics, vol. 148.

CAVALLO, Alberto, Gita GOPINATH, Brent NEIMAN & Jenny TANG (2021), « Tariff passthrough at the border and at the store: Evidence from US trade policy », in American Economic Review: Insights, vol. 3, n° 1.

CHOI, Jaerim, & Sunghun LIM (2023), « Tariffs, agricultural subsidies, and the 2020 US presidential election », in American Journal of Agricultural Economics, vol. 105, n° 4.

CHYZH, Olga V., & Robert URBATSCH (2020). « Bean counters: The effect of soy tariffs on change in republican vote share between the 2016 and 2018 elections », in Journal of Politics, vol. 83, n° 1.

DORN, David, & Peter LEVELL (2021), « Trade and inequality in Europe and the US », IZA, discussion paper, n° 14914.

FAJGELBAUM, Pablo D., Pinelopi K. GOLDBERG, Patrick J. KENNEDY & Amit K. KHANDELWAL (2020), « The return to protectionism », in The Quarterly Journal of Economics, vol. 135, n° 1.

FETZER, Thiemo, & Carlo SCHWARZ (2021), « Tariffs and politics: Evidence from Trump’s trade wars », in The Economic Journal, vol. 131. 

FLAAEN, Aaron B., Ali HORTAÇSU & Felix TINTELNOT (2019), « The production relocation and price effects of U.S. trade policy: The case of washing machines », in American Economic Review, vol. 110, n° 7.

HANDLEY, Kyle, Fariha KAMAL & Ryan MONARCH (2020), « Rising import tariffs, falling export growth: When modern supply chains meet old-style protectionism », NBER, working paper, n° 26611.

KIM, Sung Eun, & Yotam MARGALIT (2021), « Tariffs as electoral weapons: The political geography of the US-China trade war », in International Organization, vol. 75, n° 1.

LAKE, James, & Jun NIE (2022), « The 2020 Us presidential election and Trump’s trade war », in European Journal of Political Economy, vol. 78.

Partager cet article
Repost0
21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 16:27

Le fait que le salaire tende à être d'autant plus élevé que l'on s'élève dans l'échelle des diplômés a été dûment établi. 

La théorie du capital humain initiée par Gary Becker (1964) propose une interprétation de cette observation. Selon elle, l’éducation est un véritable investissement : elle permet aux individus d’accroître leurs rémunérations futures en devenant plus productifs. En l’occurrence, plus un individu fait d’études, plus il accumule de savoirs et savoir-faire, plus il augmente son efficacité au travail, plus il augmente le salaire qu’il est susceptible de gagner une fois embauché. Cela dit, un individu n’a peut-être pas intérêt à allonger indéfiniment ses études en raison de l’existence de coûts : ces derniers incluent notamment les frais d’inscription, les coûts de logement, les coûts psychologiques du stress occasionné par les examens, mais aussi le coût d’opportunité que représente le fait que l’individu se prive d’un salaire immédiat lorsqu’il étudie. L’agent beckerien, arbitrant entre gains et coûts, allongera ses études tant que le gain (en termes de salaires) d’une année supplémentaire d’études fait plus que compenser les coûts de celle-ci.

Jacob Mincer (1958, 1974) a proposé une équation pour calculer le taux de rendement moyen d’une année d’éducation supplémentaire en reliant le logarithme du salaire à la durée de la formation initiale, mais aussi à l’expérience professionnelle. En effet, les individus accumulent également des compétences en travaillant : c’est l’apprentissage par la pratique (learning-by-doing). Or, il y a une corrélation négative entre niveau d’éducation et d’expérience professionnelle : ceux qui finissent le plus tôt leurs études tendent à être ceux qui ont le plus d’expérience professionnelle.

Une fois celle-ci prise en compte, les estimations tirées de l’équation de Mincer suggèrent d’importants rendements à l’éducation. Ces derniers seraient de l’ordre de 5 à 8 % par année d’études dans les pays développés, mais de 10 à 14 % dans les pays en développement [Behaghel et alii, 2023]. Dans le cas français, Marion Selz et Claude Thélot (2006) obtiennent de telles grandeurs. Ils notent aussi une baisse au fil des décennies du taux de rendement moyen d’une année d’études : celui-ci était de 9 à 9,5 % au milieu des années 1960, mais de 6 à 6,5 % au début des années 2000.

La littérature tend à confirmer la corrélation positive entre durée des études et salaires, mais corrélation n’implique pas forcément causalité. En l’occurrence, elle ne prouve pas qu’un allongement supplémentaire des études entraîne une hausse de la rémunération en rendant les individus plus efficaces au travail. S’il y a causalité, celle-ci peut opérer dans l’autre sens : les individus font peut-être d’autant plus d’études qu’ils sont (initialement) efficaces au travail. En l’occurrence, selon Michael Spence (1973), les compétences transmises par l’institution scolaire ne sont peut-être pas utiles dans le monde du travail, si bien qu’un allongement des études n’augmente pas vraiment l’efficacité au travail. En revanche, l’obtention du diplôme permettrait aux individus les plus efficaces de « signaler » leur efficacité aux potentiels employeurs. En effet, le marché du travail est affecté par une asymétrie d’information : les employeurs ne peuvent clairement distinguer les travailleurs efficaces des travailleurs inefficaces. Les travailleurs efficaces se lancent dans une activité laborieuse pour montrer qu’ils sont capables et déterminés : ils font des études. Ainsi, l’école, agissant tel un « filtre », évaluerait davantage les compétences qu’elle n’en transmet [Arrow, 1973 ; Stiglitz, 1975].

La théorie du signal s’oppose à la théorie du capital humain, mais elles ne s’excluent pas l’une l’autre : il n’est pas impossible que les études offrent des compétences utiles au travail tout en permettant aux plus efficaces de signaler leur efficacité. Plus largement, il est fort probable que ceux qui font le plus d’études ne sont pas n’importe qui : ils sont certainement différents de ceux qui font le moins d’études. Dans tous les cas, si les individus initialement les plus efficaces tendent à faire plus d’études que les autres, alors les rendements de l’éducation obtenus par l’équation de Mincer sont surestimés. 

De nombreux travaux ont ainsi cherché à estimer l’effet causal d’une année supplémentaire d’éducation sur les rémunérations en recourant à divers stratagèmes. Une partie de la littérature a cherché à observer des individus susceptibles d’avoir des capacités similaires, de façon à ce que les éventuelles différences de salaires gagnées lors de la vie active puissent être attribuées aux différences dans la durée des études. Ainsi, certains ont observé les trajectoires scolaires et professionnelles de frères et sœurs, en particulier de jumeaux monozygotes [Ashenfelter et Krueger, 1994 ; Ashenfelter et Rouse, 1998].

Les économistes se sont surtout appuyés sur des expériences naturelles pour déterminer le rendement causal de l’éducation. Par exemple, Joshua Angrist et Alan Krueger (1991) se sont appuyés sur le constat que les individus nés en début d’année tendent à faire moins d’études que ceux nés plus tard dans la même année. Mais ce que les économistes étudient surtout, ce sont des événements qui touchent des cohortes entières. Par exemple, Eric Maurin et Sandra McNally (2008) se sont penchés sur les conséquences de l’année 1968 en France : avec les mouvements sociaux de mai et de juin, une proportion inhabituellement forte d’élèves a obtenu son baccalauréat ou son diplôme du supérieur cette année-là. 

Les changements dans les durées obligatoires de scolarisation constituent l’expérience naturelle privilégiée. Par exemple, Philip Oreopoulos (2006) s’est penché sur l’allongement de la durée de scolarisation obligatoire au Royaume-Uni au sortir de la Seconde Guerre mondiale : alors que l’âge de fin de scolarité obligatoire était jusqu’alors de 14 ans, celle-ci est repoussée à 15 ans en 1947. La première cohorte à être concernée par la nouvelle loi a fait en moyenne un semestre d’études en plus que la dernière cohorte à avoir pu quitter l’école à 14 ans, or il n’est guère vraisemblable que ces deux cohortes successives présentent des capacités différentes. Alors que le salaire tend généralement à augmenter légèrement d’une cohorte à l’autre, Oreopoulos a  observé un bond du salaire entre la dernière cohorte à avoir pu arrêter ses études à 14 ans et la première cohorte qui a dû attendre 15 ans pour arrêter les études. De son côté, Julien Grenet (2013) a observé les effets du passage à 16 ans de l’âge de fin de scolarité en Angleterre et en France. Il observe suite à celui-ci une hausse des salaires horaires dans le cas anglais, mais non dans le cas français. Cela s’explique selon lui par le fait que la réforme a entraîné une baisse de la part d’individus sans diplôme en Angleterre, mais non en France. 

Gregory Clark et Christian Alexander Abildgaard Nielsen (2024) ont réalisé une méta-analyse à partir de 66 estimations tirées de 44 études utilisant une expérience naturelle comme le recul de l’âge de fin de la scolarité obligatoire ou d’âge minimal pour travailler, notamment les travaux d’Oreopoulos (2006) et de Grenet (2013) cités ci-dessus. La majorité de ces études trouvent de substantiels gains à l’éducation : le rendement moyen d’une année supplémentaire d’éducation est de 8,5 %.

GRAPHIQUE 1  Rendement de l’éducation : taille de l’estimation versus erreur-type

Les études rapportent-elles vraiment ?

Mais Clark et Nielsen constatent aussi la présence de larges biais dans la distribution des rendements rapportés. Il apparaît tout d’abord un lien entre la taille des effets estimés et l'ampleur de l'erreur-type (cf. graphique 1). Les études sont plus susceptibles d’être publiées lorsqu’elles rapportent une estimation de rendement significativement différente de zéro ; ce constat fait écho à celui d’une « pénalité du résultat nul » (null result penalty) relevé par Felix Chopra et alii (2024), selon lequel les travaux rapportant des résultats non significatifs sont considérés comme de moindre qualité et moins publiables que les autres.

GRAPHIQUE 2  Fréquences relatives des estimations de rendement

Les études rapportent-elles vraiment ?

En outre, les études rapportant des estimations négatives du rendement n’ont guère de chances d'être publiées. Il apparaît notamment que les estimations de rendement sont fortement biaisées vers le haut (cf. graphique 2). Une fois l’omission de ces études corrigée, Clark et Nielsen concluent que les rendements moyens d’une année supplémentaire d’étude sont proches de zéro. 

 

Références

ANGRIST, Joshua D., & Alan B. KRUEGER (1991), « Does compulsory school attendance affect schooling and earnings? », in Quarterly Journal of Economics, vol. 106, n° 4.

ARROW, Kenneth J. (1973), « Higher education as a filter », in Journal of Public Economics, vol. 3.

ASHENFELTER, Orley, & Alan B. KRUEGER (1994), « Estimates of the economic return to schooling from a new sample of twins », in American Economic Review, vol. 84, n° 5.

ASHENFELTER, Orley, Colm HARMON, & Hessel OOSTERBEEK (1999), « A review of estimates of the schooling earnings relationship, with tests for publication bias », in Labour Economics, vol. 6, n° 4.

ASHENFELTER, Orley, & Cecilia ROUSE (1998), « Income, schooling and ability: Evidence from a new sample of identical twins », in Quarterly Journal of Economics, vol. 113, n° 1.

BECKER, Gary (1964), Human Capital, New York, NBER.

BEHAGHEL, Luc, Julien GRENET & Marc GURGAND (2023), Économie de l'éducation, La Découverte.

CARD, David (1999), « The causal effect of education on earnings », in Ashenfelter, Orley & David Card (dir.), Handbook of labor economics, vol. 3A. Elsevier.

CHOPRA, Felix, Ingar HAALAND, Cristopher ROTH & Andreas STEGMANN (2024), « The null result penalty », in The Economic Journal, vol. 134, n° 657.

CLARK, Gregory, & Christian Alexander Abildgaard NIELSEN (2024), « The returns to education: A meta-study », CEPR, discussion paper, n° 18769.

GRENET, Julien (2013), « Is extending compulsory schooling alone enough to raise earnings? Evidence from French and British compulsory schooling laws », in The Scandinavian Journal of Economics, vol. 115, n° 1. https://www.jstor.org/stable/23356999

MAURIN, Eric, & Sandra MCNALLY (2008), « Vive la révolution! Long‐term educational returns of 1968 to the angry students », in Journal of Labor Economics, vol. 26, n° 1.

MINCER, Jacob A. (1958), « Investment in human capital and personal income distribution », in Journal of Political Economy, vol. 66, n° 4.

MINCER, Jacob A. (1974), Schooling, Experience, and Earnings, NBER.

OREOPOULOS, Philip (2006), « Estimating average and local average treatment effects of education when compulsory schooling laws really matter », in American Economic Review, vol. 96, n° 1.

SELZ, Marion, & Claude THELOT (2006), « L'évolution de la rentabilité salariale de la formation initiale et de l'expérience en France depuis trente-cinq ans », in Population, vol. 59, n° 1.

SPENCE, Michael (1973), « Job market signaling », in Quarterly Journal of Economics, vol. 87, n° 3.

STIGLITZ, Joseph E. (1975), « The theory of screening, education, and the distribution of income », in The American Economic Review, vol. 65, n° 3.

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 17:02

La science économique est née avec des réflexions sur le partage des revenus ; David Ricardo (1817) considérait d’ailleurs que la question de la répartition des richesses était, avec celle de leur création, le principal problème de l’économie politique. Néanmoins, il fallut attendre le début du vingtième siècle, avec les avancées dans la collecte et le traitement des données, pour que les économistes aient des estimations chiffrées de la répartition des revenues à l’échelle du pays (1). Ces premiers travaux empiriques ont surpris, en montrant une certaine constance de la répartition du revenu national entre le travail et le capital à long terme. Notant une telle constance dans la répartition du revenu au Royaume-Uni et aux Etats-Unis des années 1910 aux années 1930, John Maynard Keynes (1939) évoquait un « miracle ». Pendant de nombreuses décennies, les économistes ont considéré que la constance du partage de la valeur ajoutée était immuable ; elle constitue d’ailleurs l’un des six « faits stylisés » de la croissance économique répertoriés par Kaldor (1957). Mais tous les économistes ne croyaient pas en une loi d’airain : par exemple, Robert Solow (1958) se déclarait sceptique, estimant que cette stabilité était « peut-être une illusion optique ».

Le partage du revenu national s’est effectivement révélé instable. Depuis une quarantaine d’années, la plupart des pays développés et plusieurs pays émergents ont connu une baisse de la part du revenu national rémunérant le travail. Selon les estimations privilégiées par Loukas Karabarbounis (2023), au niveau mondial, la part du travail a baissé d’environ 6 points de pourcentage depuis 1980. La déformation du partage de la valeur ajoutée a été particulièrement marquée aux Etats-Unis : toujours selon Karabarbounis, la part du travail a baissé de 7 points depuis la Seconde Guerre mondiale et a atteint en 2022 sont plus faible niveau depuis la Grande Dépression. En outre, le partage de la valeur ajoutée semble se déformer au détriment du travail dans la plupart des secteurs ; autrement dit, la baisse de la part du travail observée au niveau national ne s’explique pas par le fait que certains secteurs (en l’occurrence ceux où la part du travail est la plus faible) prennent plus du poids dans l’économie que les autres secteurs (ceux où la part du travail est la plus élevée). 

Part du travail dans une sélection de pays (en %)

Comment expliquer la baisse de la part du travail ?

Ces déformations du partage de la valeur ajoutée ne sont pas sans conséquences économiques. Elles affectent notamment les inégalités de revenu : dans la mesure où les revenus du travail sont moins concentrés que les revenus du capital, une baisse de la part du travail a tendance à augmenter les inégalités de revenu [Jacobson et Occhino, 2012 ; Bengtsson et Waldenström, 2017 ; Milanovic, 2017 ; Dao et alii, 2017]. Cela dit, si la déformation du partage de la valeur ajoutée a pu contribuer à la hausse des inégalités de revenu observée ces dernières décennies, il semble que cette dernière tienne avant tout à la hausse des inégalités salariales [Askenazy et alii, 2012 ; Francese et Mulas-Granados, 2015].

Les effets sur la croissance économique sont plus ambigus. Les salariés ayant une plus grande propension à consommer que les détenteurs du capital, une baisse de la part du travail a tendance à déprimer la consommation. Il n’est pourtant pas clair que cela déprime la demande globale. En effet, la hausse du taux de marge permet aux entreprises de financer plus facilement leurs projets d’investissement, si bien qu’une baisse de la consommation peut être compensée par une hausse de l’investissement. Reste la question de savoir si les entreprises sont contraintes par leurs débouchées ou par des contraintes financières : si la baisse de la consommation les amène à anticiper de faibles débouchés, les entreprises pourraient être désincitées à investir, même si elles peuvent plus facilement financer leurs investissements. D’autre part, cela dépend du modèle de croissance. Si la croissance économique dépend avant tout de la consommation, alors une baisse de la part du travail devrait déprimer la croissance. Mais si la croissance économique repose avant tout sur la demande extérieure, alors la déformation du partage du revenu au détriment du travail pourrait au contraire stimuler la croissance.

La littérature a évoqué plusieurs facteurs susceptibles d’expliquer la baisse de la part du travail [Piton et Vatan, 2018a ; Grossman et Oberfield, 2022 ; Karabarbounis, 2023]. Sans être exhaustifs, nous pouvons notamment évoquer :

1. Le progrès technique est le facteur le plus communément évoqué, en particulier par les économistes partant d’un cadre théorique d’inspiration néoclassique [Acemoglu et Restrepo, 2018]. Pour Karabarbounis et Neiman (2014), les avancées technologiques auraient poussé à la baisse le prix relatif des biens d’investissement : comme le coût relatif du capital diminue, les entreprises seraient plus incitées à adopter des combinaisons productives intensives en capital. Les économistes mettent particulièrement l’accent sur la robotisation de la production : les robots peuvent certes être complémentaires avec les travailleurs, mais ils peuvent aussi remplacer les travailleurs pour réaliser des tâches que ces derniers réalisaient jusqu’alors. Daron Acemoglu et Pascual Restrepo (2020) et Daron Acemoglu et alii (2020) ont, respectivement dans le cas américain et le cas français, décelé une relation négative entre l’usage des robots par les entreprises et la part du revenu qu’elles versent au travailleurs ; Bonfigliolo et alii (2020) ont abouti à des constats similaires en observant des entreprises françaises importatrices de robots.

2. Plusieurs économistes mettent l’accent sur la mondialisation commerciale. Avec la baisse des barrières à l’échange, les entreprises sont davantage incitées à fragmenter leurs chaînes de valeur et à réaliser des tâches à l’étranger, que ce soit en délocalisant leurs propres sites de production ou en recourant à la sous-traitance étrangère. C’est en particulier le cas des entreprises des pays développés, qui peuvent ainsi réduire leurs coûts de production en profitant du moindre coût du travail dans les pays émergents. Ainsi, dans les pays développés, des tâches qui étaient jusqu’alors réalisées par des résidents sont désormais réalisées à l’étranger. Plusieurs travaux font effectivement le lien entre la mondialisation commerciale et la déformation du partage de la valeur ajoutée [Harrison, 2005 ; Guscina, 2006 ; Jaumotte et Tytell, 2007 ; Sylvain, 2008 ; Elsby et alii, 2013 ; Reshef et Santoni, 2019]. Cela dit, la mondialisation n’est pas la seule coupable, car la baisse de la part s’observe dans la majorité des secteurs, notamment ceux qui ne sont pas exposés à la concurrence étrangère.

3. Les marchés des produits sont devenus de plus en plus concentrés [Gutiérrez et Philippon, 2017 ; Gutiérrez et Philippon, 2023] ; Autor et alii (2017) ont observé le poids croissant de « firmes superstars » aux Etats-Unis. Or, la plus grande concentration des marchés, en réduisant la concurrence, permet aux entreprises de gagner en pouvoir de marché et ainsi d’augmenter leurs marges de profit [Díez, 2018 ; Chen et alii, 2019 ; De Loecker et alii, 2020 ; Covarrubias et alii, 2020].

4. Si le partage de la valeur ajoutée s’est déformé au détriment du travail, c’est peut-être notamment aussi parce que le pouvoir de négociation des travailleurs vis-à-vis des entreprises s’est érodé ces dernières décennies. Olivier Blanchard (1997) et Blanchard et Giavazzi (2003) ont suggéré que les changements dans la réglementation du travail étaient susceptibles d’avoir déformé le partage de la valeur ajoutée dans les pays développés à partir des années 1970 en modifiant le rapport de force entre entreprises et travailleurs dans les négociations salariales. Selon Gabriele Ciminelli et alii (2018), les déréglementations des marchés du travail opérées depuis les années 1980 expliqueraient en moyenne environ 15 % de la baisse de la part du travail observée dans les pays développés. La désyndicalisation, en partie alimentée par les réformes libéralisant le marché du travail, a également dû contribuer à éroder le pouvoir de négociation des travailleurs. Dans le cas américain, Henry Farber et alii (2018) et Anna Stansbury et Larry Summers (2020) décèlent en effet une corrélation positive entre la part du travail et le taux de syndicalisation, notamment au niveau des Etats et des secteurs.

5. La financiarisation des économies a également pu contribuer à déformer le partage de la valeur ajoutée. Les grandes entreprises ont davantage cherché maximiser la valeur actionnariale, c’est-à-dire à accroître les dividendes et à racheter les actions pour en faire augmenter le cours, ce qui, de surcroît, a pu les amener à contenir davantage la masse salariale. L’essor du capitalisme actionnarial n’a pas été évoqué seulement par les économistes hétérodoxes, d’obédience marxiste ou postkeynésienne [Kohler et alii, 2018]. Selon Antonio Falato et alii (2022), le plus grand pouvoir des actionnaires dans la gouvernance d’entreprise expliquerait un quart de la baisse de la part du travail observée aux Etats-Unis ; selon Sophie Piton et Antoine Vatan (2018b), il pourrait expliquer la moitié de la baisse de la part du travail observée aux Etats-Unis et en Europe. 

La littérature a évoqué plusieurs coupables susceptibles d’avoir contribué à la baisse de la part du travail et les analyses empiriques tendent à confirmer l’implication de plusieurs d’entre eux. En fait, la littérature a « trop » expliqué le phénomène : pour reprendre les termes de Gene Grossman et Ezra Oberfield (2022), si l’on fait la somme des montants expliqués par plusieurs mécanismes, le total équivaut à trois ou quatre fois celui de la baisse observée de la part du travail. 

Grossman et Oberfield évoquent deux raisons pour expliquer ce surdénombrement. D’une part, l’essentiel des études se focalisent sur des causes immédiates de la baisse de la part du travail, non sur ses causes fondamentales. Par exemple, les avancées technologiques ont contribué à la mondialisation et notamment à la fragmentation des chaînes de valeur ; réciproquement, la plus forte concurrence étrangère peut pousser les entreprises à davantage automatiser leur production ; si elles bénéficient de façon disproportionnée aux grandes entreprises, l’innovation et la mondialisation augmentent peut-être la concentration des marchés des produits et y essouffle la concurrence ; l’automatisation, la concurrence étrangère, la menace des délocalisations et l’érosion de la concurrence sur le marché des produits contribuent à réduire le pouvoir de négociation des travailleurs, etc. D’autre part, Grossman et Oberfield estiment qu’il pourrait y avoir d’importants biais de recherche et de publication : dans la mesure où le constat d’une baisse de la part du travail est assez largement admis, les économistes pourraient être incités à se focaliser sur les seuls facteurs susceptibles de pousser la part du travail vers le bas et à négliger les facteurs susceptibles de contrer cette baisse en poussant la part du travail vers le haut.

Plusieurs travaux ont essayé de considérer le rôle respectif de plusieurs suspects possibles. Du côté du FMI, Mai Chi Dao et alii (2017) estiment que le progrès technique explique environ la moitié de la baisse de la part du travail dans les pays développés ; en revanche, ce sont l’ouverture commerciale et le développement des chaînes de valeur internationales qui semblent avoir affecté le partage de la valeur ajoutée dans les pays émergents en augmentant l’intensité en capital de la production. 

Dans un nouveau document de travail, Ann Harrison (2024) a utilisé des millions d’enregistrements pour départager le rôle du changement technologique, du pouvoir de marché des entreprises et de la mondialisation commerciale dans la baisse de la part du travail. Son analyse suggère qu’entre 1995 et 2019 le progrès technique a constitué le principal facteur derrière la baisse des parts du travail et, dans une moindre mesure, la hausse du pouvoir de marché. Quant au rôle de la mondialisation, elle arrive à des résultats mitigés : les parts du commerce sont parfois corrélées négativement avec la part du travail, mais dans le cas de la Chine il y a une forte corrélation positive entre les exportations et les parts du travail au niveau de l’entreprise.

 

Notes

(1) Il faut dire qu’il n’y a pas de consensus sur la façon de quantifier la répartition du revenu national. Il y a des débats quant à savoir quel dénominateur utiliser (le PIB ? le RNB ?), comment départager les revenus mixtes (puisque ces derniers rémunèrent indissociablement un travail et un patrimoine), s’il faut ou non exclure le secteur immobilier, etc. Cela contribue à expliquer pourquoi les estimations et conclusions, notamment concernant le signe même de la variation de la part du travail, peuvent fortement différer d’une étude à l’autre. 

 

Références

ACEMOGLU, Daron, Claire LELARGE, Pascual RESTREPO (2020), « Competing with robots: Firm-level evidence from France », in AEA Papers and Proceedings, vol. 110.

ACEMOGLU, Daron, & Pascual RESTREPO (2016), « The race between machine and man: Implications of technology for growth, factor shares and employment », in American Economic Review, vol. 108, n° 6.

ACEMOGLU, Daron, & Pascual RESTREPO (2020), « Robots and jobs: Evidence from US labor markets », in Journal of Political Economy, vol. 128, n° 6.

ASKENAZY, Philippe, Gilbert CETTE & Arnaud SYLVAIN (2012), Le Partage de la valeur ajoutée, La Découverte.

AUTOR, David, David DORN, Lawrence F. KATZ, Christina PATTERSON & John VAN REENEN (2017), « The fall of the labor share and the rise of superstar firms », in Quarterly Journal of Economics, vol. 135, n° 2.

BENGTSSON, Erik, & Daniel WALDENSTRÖM (2017), « Capital shares and income inequality: Evidence from the long run », IZA, discussion paper, n° 9581.

BONFIGLIOLI, Alessandra, Rosario CRINÒ, Harald FADINGER & Gino GANCIA (2020), « Robot imports and firm-level outcomes », CESifo, working paper, n° 8741.

BLANCHARD, Olivier (1997), « The medium run », in Brookings Paper on Economic Activity, vol. 2.

BLANCHARD, Olivier, & Francesco GIAVAZZI (2003), « Macroeconomic effects of regulaton and deregulation in goods and labor markets », in Quarterly Journal of Economics, vol. 118, n° 3.

CHEN, Wenjie, Federico DÍEZ, Romain DUVAL, Callum JONES & Carolina VILLEGAS-SÁNCHEZ (2019), « The rise of corporate market power and its macroeconomic effects », in FMI, World Economic Outlook.

CIMINELLI, Gabriele, Romain DUVAL & Davide FURCERI (2018), « Employment protection deregulation and labor shares in advanced economies », FMI, working paper, n° 18/186.

COVARRUBIAS, Matias, Germán GUTIÉRREZ & Thomas PHILIPPON (2020), « From good to bad concentration? U.S. industries over the past 30 years », in NBER Macroeconomics Annual, vol. 34.

DAO, Mai Chi, Mitali DAS, Zsoka KOCZAN & Weicheng LIAN (2017), « Why is labor receiving a smaller share of global income? Theory and empirical evidence », FMI, working paper, n° 17/169.

DE LOECKER, Jan, Jan EECKHOUT & Gabriel UNGER (2020), « The rise of market power and the macroeconomic implications », in The Quarterly Journal of Economics, vol. 135, n° 2.

DÍEZ, Federico J., Daniel LEIGH & Suchanan TAMBUNLERTCHAI (2018), « Global market power and its macroeconomic implications », FMI, working paper, n° 18/137.

ELSBY, Michael W.L., Bart HOBIJN & Aysegul ŞAHIN (2013), « The decline of the U.S. labor share », Brookings Papers on Economic Activity.

FALATO, Antonio, Hyunseob KIM & Till M. von WACHTER (2022),  « Shareholder power and the decline of labor », NBER, working paper, n° 30203.

FARBER, Henry S., Daniel HERBST, Ilyana KUZIEMKO & Suresh NAIDU (2018), « Unions and inequality over the twentieth century: New evidence from survey data », NBER, working paper, n° 24587.

FRANCESE, Maura, & Carlos MULAS-GRANADOS (2015), « Functional income distribution and its role in explaining inequality », FMI, working paper, n° 15/244.

GROSSMAN, Gene M., & Ezra OBERFIELD (2022), « The elusive explanation for the declining labor share », in Annual Review of Economics, vol. 14.

GUSCINA, Anastasia (2006), « Effects of globalization on labor’s share in national income », FMI, working paper, n° 06/294.

GUTIÉRREZ, Germán, & Thomas PHILIPPON (2017), « Investment-less growth: An empirical investigation », in Brookings Papers on Economic Activity, vol. 48, n° 2.

GUTIÉRREZ, Germán, & Thomas PHILIPPON (2023), « How European markets became free: A study of institutional drift », in Journal of the European Economic Association, vol. 21, n° 1.

HARRISON, Ann (2005), « Has globalization eroded labor’s share? Some cross-country evidence », MPRA, paper, n° 39649.

HARRISON, Ann (2024), « Disentangling various explanations for the declining labor share: Evidence from millions of firm records », NBER, working paper, n° 32015.

JACOBSON, Margaret, & Filippo OCCHINO (2012), « Labor’s declining share of income and rising inequality », Federal Reserve Bank of Cleveland, Economic Commentary.

JAUMOTTE, Florence, & Irina TYTELL (2007), « How has the globalization of labor affected the labor share in advanced countries? », in FMI, working paper, n° 07/298.

KALDOR, Nicholas (1957), « A model of economic growth », in The Economic Journal, vol. 67, n° 268.

KARABARBOUNIS, Loukas (2023), « Perspectives on the labor share », NBER, working paper, n° 31854.

KARABARBOUNIS, Loukas, & Brent NEIMAN (2014), « The global decline of the labor share », in Quarterly Journal of Economics, vol. 129, n° 1.

KEYNES, John Maynard (1939), « Relative movements of real wages and output », in The Economic Journal, vol. 49, n° 193.

KOHLER, Karsten, Alexander GUSCHANSKI & Engelbert STOCKHAMMER (2018), « The impact of financialisation on the wage share: a theoretical clarification and empirical test », Post Keynesian Economics Study Group, working paper, n° 1802.

MILANOVIC, Branko (2017), « Increasing capital income share and its effect on personal income inequality », in Heather Boushey, J. Bradford DeLong & Marshall Steinbaum (dir.), After Piketty: The Agenda for Economics and Inequality, Harvard University Press.

PITON, Sophie, & Antoine VATAN (2018a), « Le partage de la valeur ajoutée : un problème capital », in CEPII, Economie mondiale 2019, La Découverte.

PITON, Sophie, & Antoine VATANY (2018b), « Firm ownership and the labour share », document de travail.

RESHEF, Ariell, & Gianluca SANTONI (2019), « Are your labor shares set in Beijing? The view through the lens of global value chains », CEPII, working paper, n° 2019-16.

SOLOW, Robert M. (1958), « A skeptical note on the constancy of relative shares », in American Economic Review, vol. 48, n° 4.

STANSBURY, Anna, & Lawrence H. SUMMERS (2020), « The declining worker power hypothesis: An explanation for the recent evolution of the American economy », in Brookings Papers on Economic Activity, vol. 2020, n° 1.

SYLVAIN, Arnaud (2008), « Part des salaires et mondialisation : une analyse économétrique pour treize pays de l'OCDE, 1970-2002 », in Économie internationale, n° 114.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : D'un champ l'autre
  • : Méta-manuel en working progress
  • Contact

Twitter

Rechercher